Terres de Nauze

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SIORAC-en-PÉRIGORD

 

René Selves, un Sioracois authentique

 

 Photo Pierre Fabre

 

René Selves habite sa maison natale depuis le 22 mars 1931. Il ne l'a jamais quittée car il fut dispensé de servitudes militaires. Dans les années 50, il devait rejoindre le 5éme Chasseurs d'Afrique, à l'époque basé en Allemagne. Il fut renvoyé dans ses foyers par la commission de réforme. Il dut cependant se présenter à nouveau et quand ses conditions physiques ont fait qu'il pouvait être incorporé et apte au service armé, la Guerre d'Algérie venait enfin de se clore. Il fut alors définitivement dispensé et renvoyé dans ses foyers.

 

Revenons sur l'enfance de René. Il prit, comme il se doit, le chemin de l'école de Siorac. Là il eut pour instituteur Élie Delcellier, un pédagogue qui, pendant longtemps, fut cité en référence et qui lui inculqua bien des notions pratiques qui, aujourd'hui, sont perdues de vue par les manuels scolaires et les programmes des professeurs des écoles.

 

 

René est un des derniers exploitants agricoles dont la ferme se situe dans le périmètre du village. Sa demeure au foirail lui a permis de connaître parfaitement les foires d'antan, celles où l'on parlait peu le français mais beaucoup plus l'occitan qu'il maîtrise parfaitement mais il ne l'a jamais vraiment parlé comme ses aînés de quelques années. Il connaît bien des anecdotes de cette vie sioracoise dont il est certainement, aujourd'hui, le plus sérieux passeur d'histoire.

 

 

Par un pur hasard, il est tombé sur une carte postale qui a un siècle où sa mère Eugénie Autefort, encore jeune fille, fut prise en photographie.

 

Photo 1920

 

Cette photographie a été prise devant une baraque de forain pour les fêtes de Pâques de 1920. Cette année-là, le jour de Pâques tombait le 4 avril. De gauche à droite : une personne inconnue, Eugénie Autefort-Selves, la mère de René Selves, Berthe Alicot-Gibert, Malvina Andrieux-Fabre et Louise Raynaud-Boursaud.

 

Eugénie et Berthe ont passé leur vie à Siorac, Malvina, ma mère, (en médaillon) fut sagelacoise pendant une vingtaine d'années avant de redevenir monplaisanaise à Fongauffier. Louise Raynaud, fille de cheminot du P.O, qui était garde-barrière à Siorac, a épousé un vigneron girondin.

 

Mis à part Louise, la garde-barrière, ces jeunes filles étaient les employées permanentes ou ponctuelles de l'Hôtel Bodin. Elles ont connu l'ère où les voyageurs arrivaient soit par le train, soit en calèche, soit à bord des premières voitures automobiles qui épataient le public. L'Hôtel Bodin, maison très sérieuse, plutôt huppée, reçut bien des personnes dont celle qui impressionna le plus ces jeunes filles, fut Joséphine Baker. J'ai la souvenance que ma mère disait qu'une fois, pour le personnel, elle avait chanté, certainement a capella, mais ma mère ne certifia pas de quelle chanson il s'agissait. Je me plais de croire qu'il s'agissait de "J'ai deux amours". dont les paroles sont de Géo Koger et d'Henri Varna sur une musique de Vincent Scotto. Le personnel fut, alors, fort ému de cette délicate attention. Il est permis de supposer qu'il ne situait pas, à sa juste mesure, à quelle femme d'exception il devait cette gentillesse.

D'autres hôtes ponctuels illustres ont déjeuné là, parmi eux un enfant du pays, ou presque, Yvon Delbos. Ma mère se souvenait que lors d'un repas républicain, il envoûta son cercle de convives jusqu'à ce qu'un propos, lequel elle ne l'a pas mémorisé, c'était une affaire d'hommes, tempéra l'unanimité.

 

Les Bodin ont été pour leur personnel non de simples employeurs mais presque des tuteurs. Il n'y avait pas de distance sociale entre les employés et les deux fils et la fille de la maison et qui, leur vie durant, ont gardé ces liens hétérarchiques distendus avec le personnel.

 



21/07/2020
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