Lydie a exhumé une bien vieille histoire
SAGELAT
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Lydie, généalogiste sagelacoise, s'est émue d'une délibération du Conseil municipal de Sagelat du jeudi 6 août 1903.
X. Gorce, colon*, demeurant à Pinsac, commune de Sagelat, a été mordu par un chien hydrophobe**… Le dit Gorce s'est rendu à l'Institut Pasteur, à Bordeaux, où pendant 22 jours, il a été soumis au traitement antirabique.
La commune doit-elle payer :
Premièrement, la somme de soixante dix-sept francs représentant les frais de nourriture et de logement à l'Hôtel Biret, près de l'Institut Pasteur à Bordeaux, …
Deuxièmement, une autre somme de vingt trois francs représentant les frais de voyage, aller et retour de X. Gorce, de Belvès à Bordeaux.
Le document précise que X. Gorce, colon cultivateur est père de sept enfants et est peu fortuné.
L'assemblée [c'est-à-dire le conseil municipal] est invitée à se prononcer sur cette affaire.
Le conseil après avoir entendu le maire considérant que la commune de Sagelat est obérée*** qu'elle ne possède aucune ressource, mais sachant que X Gorce a de nombreuses charges et qu'il est pauvre [le terme a été écrit sans guillemets] prie le préfet d'autoriser la municipalité de Sagelat à payer à X Gorce la somme de trente francs, laquelle somme à prendre sur les fonds de 1904, et l'autoriser en même temps à formuler une demande de secours de soixante dix francs, auprès de l'autorité supérieure, [il paraît permis de supposer qu'il s'agit du conseil général] en février 1904, ces deux sommes formant ensemble la somme totale de cent francs, qui sera remboursée au susnommé Gorce."
La somme de 100 frs, en 1903, correspond aujourd'hui à la somme de 397,24 €.
On notera que le voyage ferroviaire Belvès-Bordeaux, A-R, à l'époque, pour une personne, auxquels il fallait ajouter ceux du chien dont on peut supposer qu'il était mort et dans un contenant, représentait 91,37 € . Aujourd'hui, un A.R Belvès-Bordeaux coûte 63,80 €
Cette somme de 100 frs correspond au séjour hôtelier, au prix du voyage, ainsi qu'aux frais de traitement du cadavre du chien.
Quelques remarques.
Le vocabulaire de l'époque empruntait, sans égard particulier, le mot pauvre pour parler d'un indigent. Aujourd'hui, cette terminologie, exacte mais brute, dans un P.V. ferait humiliant. On dirait plutôt sans revenus ou de faibles revenus.
Attardons-nous sur trois mots de ce document.
* colon. Exploitant agricole payant la location avec une partie des récoltes.
** hydrophobe. Adjectif du domaine de la chimie signifiant : que l'eau ne mouille pas. Pour le nom, c'est "qui a une peur morbide de l'eau". On considérait que les chiens hydrophobes, [peut-être un peu expéditivement], présentaient une potentialité de transmission de la rage.
*** obérer. terminologie littéraire d'un verbe transitif. Faire peser une lourde charge financière sur. Ou compromettre le développement de... nuire à.
Chien hydrophobe
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