Les chênes qu'on abat. Malraux, de Gaulle.
Nous sommes le 29 août 2002. Notre ami Patrick Baconnier manipule les leviers des installations de la gare. Dans le passé, indépendamment de leur position hiérarchique, on désignait ces agents, chefs de gare. Le vent des réformes du vocabulaire en a fait des "agents-circulation". On notera que les prérogatives majeures de ces agents de la filière dite du "mouvement & sécurité" s'articulent sur deux missions essentielles. La sécurité, au premier chef, est la veille permanente de la progression des circulations, en écartant les "prises en écharpe" et le cantonnement est le suivi de l'espacement des circulations. La gare de Belvès, depuis plus de 10 ans, lors de la prise de cette image, avait déjà perdu son rang de gare permanente pour devenir une gare temporaire. Ce siècle l'aura ramenée au niveau d'un "banal" point de vente avant de clore, dans ce site bien plus que séculaire, la présence commerciale humaine qui, manifestement, était un lien que beaucoup d'anciens regrettent. Photo Pierre Fabre.
Non, aujourd'hui, je ne vais pas vous parler des arbres que nos décideurs, pour saccager le site de Beynac, veulent détruire, ni de la montagne, où de vénérables arbres de cinq siècles, ont été sacrifiés par les Coréens pour sacraliser "Les jeux olympiques d'hiver" mais de ces arbres métaphoriques que l'on abat.
La société libérale, douce terminologie inventée dès le XIXème siècle, pour qualifier la société élitiste et mondaine, admise et validée par une confortable majorité de nos contemporains [elle établit son socle des "laboratoires d'idées" de la social-démocratie aux sanctuaires des fortunes du monde] qui apprécie, avec discernement, la notion de solidarité, ne souhaite pas particulièrement s'attarder sur les ramures de nos arbres qui résistent çà et là. Ces pousses peuvent être des bureaux de poste ruraux que la clientèle, signe des temps, fréquente moins, des écoles de campagne en recul, des perceptions dont le rôle est de moins en moins connu chez les citoyens, des gendarmeries de modestes localités où les problèmes sociétaux, heureusement, sont moindres par rapport aux agressivités urbaines et, aussi, des lignes de chemin de fer délaissées tant par les pouvoirs publics que par la clientèle virtuelle.
Pour maintenir ces présences de proximité, il faut savoir faire peu de cas d'un critère redoutable… celui de l'examen des recettes et des dépenses.
Dans bien des cas, "on" ferme les yeux sur des dépenses disproportionnées de certaines activités, voire de certains sites. Si l'on s'en tenait à la rigueur des recettes, il y a des lustres que Versailles serait à l'abandon ; mais, ce fleuron de notre patrimoine n'apporte-t-il pas à notre pays, un rayonnement qu'il paraît impossible de sacrifier !
Pour le chemin de fer, la problématique est différente. L'équation tient du fait qu'il y a, malheureusement, une clientèle insuffisante pour assurer sa pérennité, une politique commerciale de moins en moins compréhensible par cette clientèle ; et, enfin, -et ce n'est pas moindre-, une vétusté de nombreuses installations qui n'est pas réductible par un simple claquement de doigts .
Pour terminer ma comparaison avec les arbres, je voudrais vous inviter à penser à ces magnifiques peupliers des ripisylves de nos cours d'eau. Superbes et élancés, ils ont besoin de rameaux adjacents pour vivre, pour affirmer leur force et la sauvegarde des berges des cours d'eau qu'ils bordent. Privez les de tous leurs branchages, vous assisterez à la mort sur pied de ces candélabres de nos vallées.
Les axes T.G.V, certes, sont magnifiques mais ils ont besoin de la kyrielle des segments adjacents pour irriguer pleinement notre territoire, tout comme la Seine, de sa belle et humble source, de Saint Germain Source Seine, au Havre, a besoin de la multitude de ses affluents pour s'imposer dans la vie de son bassin.
Les Sauveterriens, je ne parle pas là, des hommes du lointain passé du Mésolithique, pointés par Laurent Coulonges, au siècle dernier, mais de nos contemporains, étaient plutôt fiers de leur gare qui jouait un rôle majeur, dans la vie de cette petite cité industrielle du Haut-Agenais. Aujourd'hui, au pied château des Rois Duc, les T.E.R sont les ultimes signaux actifs de la vie ferroviaire de ce village de Haute Gascogne. Image Wikipédia.org.
Près de 20 siècles après l'érection de la Tour de Vésone un TER, au niveau de ce monument symbolique de Périgueux, file vers Niversac. Photo Sud Ouest.
La gare d'Agen, sous la colline de l'Ermitage. Un TER placé en attente en direction de Périgueux Image Google.
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