Terres de Nauze

Les édiles sioracois ont validé l'hydronyme du Valech.

 

 

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

Les édiles sioracois ont  validé l'hydronyme du Valech.

 

 

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Les élus autour de la table. Didier Roques au centre de l'image.  Photo Pierre Fabre.

 

Quand un citoyen, pour peu qu'il soit pétri de conviction républicaine, assiste à une réunion du conseil municipal, il ressent une certaine émotion dans ce mini-sanctuaire de la démocratie locale. C'est un peu similaire à l'émotion d'un sportif qui voit son équipe pénétrer sur la pelouse du stade ou celle d'un croyant qui observe la gestuelle du "grand prêtre" lors d'un temps fort d'une cérémonie religieuse. Les us et coutumes des assemblées, avec leur code et leur rituel, dont celui du retrait du maire au moment du vote du compte, donnent une forme de solennité à ces conventions. Cette disposition rigoureusement appliquée relève d'une obligation qui, lorsque le conseil est une assemblée homogène ou monocolore, n'est, certes, que le respect orthodoxe d'une règle mais elle traduit toute la légitimé d'une assemblée démocratique.

 

 

Lundi 26 février, le Conseil municipal de Siorac-en-Périgord, réuni en session ordinaire, avait un ordre du jour très chargé.

Didier Roques, le maire, parfaitement à l'aise dans sa mission, managea cette réunion avec compétence et brio, en glissant au passage, de toutes petites pointes d'humour. Il s'est dit plutôt satisfait des chiffres qu'il présenta aux élus. Tous ont été approuvés sans la moindre réserve. Le premier magistrat, lors des questions diverses, a suspendu la séance pour  l'examen d'une proposition citoyenne visant à rétablir l'hydronyme du ruisseau qui réunit six communes de St Laurent-la-Vallée au lieudit sioracois de La Tute-Basse.

Il convient de saluer cette ouverture du premier magistrat. Il n'est nullement tenu de l'accorder et ce geste démontrerait, si besoin était, sa qualité d'écoute citoyenne.

Depuis plus d'un siècle, ce cours d'eau, ruisseau de 11,326 Km, qui naît à St Laurent-la-Vallée et rejoint la Nauze à La Tute-Basse, historiquement Le Valech, par une dérive orthographique, est devenu La Vallée, toponyme qui lui a fait perdre son sens c'est-à-dire talweg humide.

Cette dérive, très probablement, est à situer à la charnière des XIXème et XXème siècles. Elle peut venir du changement de toponyme de la commune de St Laurent qui, à plusieurs reprises, a changé de nom, avant de devenir St Laurent-la-Vallée, au début du siècle précédent. La dérive est même, peut-être, légèrement antérieure.

Il faut bien convenir que dans notre ruralité profonde, nos ancêtres, à l'exception de l'élite… et encore, parlaient surtout occitan ; et, que dans cet idiome, on n'a pas de terminologie très franche pour désigner un cours d'eau. On alterne entre "lo riu", plutôt le ruisseau et "la ribièra" pour les rivières plus importantes, mais cela ne vient pas naturellement. Les occitanistes locaux ne parlaient pas, ou fort rarement, de fleuve, "flume" en orthographie occitane.

On parlait plus naturellement "del valat", du fossé. Le fossé n'est pas forcément un conducteur d'eau pérenne ou intermittent. Il peut être un drain, naturel ou artificiel, pour l'assainissement des champs.

La traçabilité de La Vallée apparaît sur les documents cadastraux et géographiques contemporains. Pour redonner à cet hydronyme, le nom qu'il n'aurait pas dû perdre, il faut que les élus des communes riveraines abondent, majoritairement, dans ce sens. Après Sagelat et Grives qui, au début de l'actuelle mandature municipale, ont adopté cette "renaissance" de forme, il fallait renforcer cette adhésion pour atteindre la majorité. C'est désormais chose faite. Les édiles sioracois, à l'unanimité, ont approuvé ce retour à l'ancienne terminologie pour redonner à ce modeste ruisseau, son nom historique soit Le Valech.

Le vote sioracois,  en souhaitant s'écarter d'une terminologie banale,  a, d'une part, le mérite d'être une belle écoute citoyenne tant de la part du premier magistrat que de celle des élus municipaux et, d'autre part, d'affirmer l'attachement patrimonial aux racines de nos toponymes. Celles-ci constituent une encyclopédie de références  géographiques du terroir.

Jean Gatteaux, doyen du conseil municipal, sans  nullement s'opposer à la démarche, remarqua que Le Valech n'est sioracois que sur une modeste partie de son cours. Celui-ci, avant d'atteindre les limites communales, légèrement en amont de sa réception du ru Le Colpruné, est partagé par St Laurent, Grives, Carvès, Sagelat et St Germain. Françoise Martinet, enthousiaste, qui approuve sans réserve cette idée citoyenne, souhaita savoir depuis quand ce ruisseau avait perdu son nom historique. 

 


01/03/2018
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