4/10. La Dordogne se conjugue au féminin
Il y a quelques mois, sur ce blog, pointant le nom du cours d'eau qui du Puy de Sancy au Bec d'Ambès, ouvre de merveilleux décors, entaille des reliefs hercyniens, vieilles montagnes d'Auvergne, collines du Quercy ou du Périgord, avant de flâner dans le vignoble aquitain pour rejoindre sa soeur, la Garonne et tracer en commun le majestueux estuaire de la Gironde, j'ai pris plaisir à enfoncer le clou pour soutenir que notre Dordogne est bel et bien un fleuve.
Non, et mille fois non, la Dordogne n'est pas une rivière. Elle est bel et bien un fleuve puisqu'elle n'est vassale d'aucun autre cours d'eau et que, par le seul truchement de la Gironde, elle apporte ses ondes à l'Atlantique. Elle connaît le phénomène fluvial du mascaret. Nous savons tous que les poètes, pour imaginer leurs muses, préfèrent les rivières aux fleuves mais admettons que les fleuves, eux-aussi, prennent une belle place dans le lyrisme. Retenons "Le beau Danube bleu", figure aussi allégorique que fantaisiste bien plus que séculaire, la réalité est toute autre ! Il donna libre cours à l'inspiration musicale de Johann Strauss ainsi qu'à la plume de Jules Verne pour un ouvrage méconnu de son œuvre.
Notre Loire, elle, a serti la poésie de Giraudoux. Remercions Jacques Prévert, par sa Chanson de la Seine, d'avoir encensé le fleuve de notre capitale.
Il faut bien admettre que, depuis la nuit des temps, "on" donne des figures masculines à la puissance, le Soleil, Mars et féminines à la grâce, Vénus, la Lune...
Revenons à notre Dordogne. Elle ne sauve la féminité de son hydronyme que parce que le Chavanon [lui-même continuité de la Ramade], plus long qu'elle, d'une quinzaine de kilomètres à la confluence, géographiquement et historiquement, n'a pas été retenu... peut-être pour une raison identique au Missouri, plus long de 280 Km que le Mississippi. Les explorateurs n'ont découvert l'écart qu'après avoir nommé les deux cours d'eau.
Ce particularisme n'est pas unique. L'Oise est elle-même plus courte que son affluent le Gland, elle est également plus courte que l'Aisne qui la rejoint à Compiègne. D'aucuns voudraient que de la naissance de l'Allier à Nantes, il y ait un cours plus long que du Mont Gerbier des Joncs à l'Atlantique mais, là, ce n'est qu'une idée reçue erronée.
L'addition des cours d'eau Ramade, Chavanon, Dordogne, de Crocq, dans le Haut pays marchois, au Bec d'Ambès, rate, pour quelques centaines de mètres, les 500 Km.
Oublions l'agglutination lexicographique de Dore et de Dogne. Elle n'est qu'une récente apparence. L'hydronyme Dordogne vient, plutôt, d'un ancien Durānius, dérivé de la racine préceltique dur- dor- qui est, aussi, la base du Dropt, de la Durance, du Douro et de bien d'autres.
Qui, mieux que nos chevaleresses, serait adéquatement placé pour souligner toute sa féminité à notre Dordogne
Anne Bécheau | Carinne Fondu | Martine Subil | Isabelle Petitfils |
Assemblage photos Pierre Fabre
Anne, écrivaine publique, romancière et historienne, sait faire parler la Dordogne. Elle nous conte ses vieilles pierres avec fougue et une maîtrise hors du commun.
Carinne, docteur-vétérinaire, Walonne par sa naissance, humaniste dans l'âme, dans une discrétion totale, est de bien des causes. Elle a eu un coup de coeur pour la France en général et le Périgord en particulier.
Martine, après une brillante carrière territoriale, a planté les piquets de sa tente dans ce Périgord qui l'a conquise. La sauvegarde de la Dordogne est l'une de ses plus grandes passions.
Isabelle, universitaire, professeur de faculté honoraire, a dirigé et animé, avec une belle intensité, le site de l'AROEVEN pendant des années. Sur son ère cladechoise, son regret est de ne pas avoir pu faire vivre, en 2017, le thème "Un siècle et demi de vie minière à Merle". Parmi ses passions, on trouve l'écologie, la géographie et la vie locale, avec une place particulière pour nos cours d'eau.
Si l'on savait écouter le bruissement, le tumulte ou le grondement des ondes de la Dordogne, on entendrait, probablement, une plainte et un appel au secours destinés non aux hommes qui veulent lui imposer leurs lois mais à ses avocates qui veulent la préserver, l'aimer et la défendre.
Anne, Carinne, Martine et Isabelle, n'écoutant que leur passion pour notre Dordogne, depuis des mois voire des années, se démènent pour le respect de notre fleuve, pour la sauvegarde de sa biosphère, pour que son écosystème soit épargné des schémas catastrophiques que d'autres "visionnaires" tiennent à imposer à ce lien unique qui, de sa source au Bec d'Ambès, émerveille bien d'admirateurs qui n'ont pas forcément porté de stupides bonnets d'âne pour être taxés d'ignares.
Chassez cependant le cliché, certes largement véhiculé, d'un assemblage lexicologique de Dore et de Dogne. La Dordogne, certes, reçoit la Dogne mais son cours débute tout là-haut, à 1 885 mètres d'altitude sur le Puy de Sancy. Sa rapide jonction avec la Dore se réalise à ses débuts dans les montagnes d'Auvergne, mais c'est une idée reçue de croire que Dordogne ouvre un mot-valise. Selon l'encyclopédie Wikipédia, son hydronyme vient d'un ancien Durānius, dérivé de la racine préceltique dur-, dor- (cf. la Durance, le Douro/Duero, etc.).
https://www.google.fr/search?biw=1745&bih=853&tbm=isch&sa=1&ei=vbW0W4XzEcm6aaTbg-gC&q=source+dordogne&oq=source+dordogne&gs_l
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La confluence Dore/Dogne.
Source Xaintrie-passions
Le Bec d'Ambès.
Aucune source lisible par la machine fournie. « Travail personnel » supposé (étant donné la revendication de droit d’auteur)., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=435226
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