Le combat méritoire de Claudine
PAYS BELVÈS
SAGELAT – SIORAC-en-PÉRIGORD
Claudine a apporté son désintéressement total, sa compétence et son enrichissement à cette assemblée. Sa passion pour le patrimoine l'amenait à faire vivre son engouement pour sa cité d'adoption. Claudine, avant le 2 mars, qui est le jour officiel de la campagne électorale, tenait à proposer à ses concitoyens, une pétition pour attirer l'attention de tous, sur un vieux chemin rural obturé. Elle a réuni un nombre correct de signataires ; mais, si, par hasard, vous n'avez pu apporter la vôtre, n'hésitez pas, en usant de la fenêtre ad'hoc de ce blog, à soutenir cette démarche par votre acquiescement. A contrario, si vous trouvez que l'appropriation hétérodoxe par les riverains de chemins ruraux, vous paraît non seulement conforme à l'esprit du temps mais, aussi, cohérente, admissible et compréhensible, vous pouvez également le faire par le même procédé.
Pour le blog, ce départ de Claudine de la table municipale sera une régression car Claudine, abonnée fidèle et constructive, était l'unique et spontanée contribution belvésoise municipale. Elle manquera beaucoup à notre lien.
________________
Nous sommes à deux décades des élections municipales. Le papier de ce jour ne s'introduit pas dans ce thème… quoi que…
'Quò' s un camin classat. S'il est une prérogative qui échoit à l'autorité municipale, c'est bien celle des chemins ruraux ; d'aucuns utilisent, à tort, la terminologie de chemins communaux ou de chemins classés. En occitan, nos aînés disaient avec une forme de respect 'Quò' s un camin classat. Traduit dans l'idiome de François Mauriac, cela donnerait "C'est un chemin classé". Classé est naturellement impropre car nos aînés, depuis 1930, auraient du dire chemins ruraux. Les ardents républicains d'antan voyaient dans ces chemins classés, des legs patrimoniaux venant de loin, très loin dans l'histoire, parfois de l'Antiquité bien antérieure aux Chemins de Saint Jacques. 'Quò' s un camin classat portait un sens qui allait du respect patrimonial à celui de nos ancêtres. On empruntait ces chemins avec une latitude libertaire qui tranchait avec la permissivité, néanmoins largement admise, de passage sur des chemins de servitude voire de sentes informelles. Ils étaient des chemins qui permettaient à nos braves paysans de se rendre dans leurs champs, dans leurs pâtures ; pour les plus humbles, c'étaient les lieux de broutage de quelques caprins ou ovins qui entretenaient ces sentes par leur passage. Ces chemins classés étaient aussi les chemins pour se rendre vers les lieux cultuels, les cimetières, les villages, les hameaux, les lieux de foire et de marché ; et, ensuite, ils sont devenus l'itinéraire du savoir car ils sont devenus le chemin de l'école vite transformé… en chemin des écoliers.
Dans notre vieille France, on va aujourd'hui à l'école en autocar ou en voiture particulière. Cela n'était pas le cas, il y a un siècle, et les chemins classés devenus les chemins ruraux ont connu les passages des écoliers qui filaient vers l'école, lourdement chargés de leurs livres et cahiers, parfois de leur gamelle, voire de charges diverses pour la ferme familiale. Beaucoup d'enfants de pays du tiers monde d'aujourd'hui, affrontent des difficultés pires encore de nos jours, pour espérer atteindre ces lieux du savoir.
Il y a un siècle, des élèves de Carvès allaient à pied à l'école primaire supérieure de Belvès, plus de 5 Km de chemins très escarpés. Ils choisissaient les chemins les plus courts.
Le challenge. Depuis des décennies, le commerce des aliénations s'est avéré plus que florissant. On serait bien en peine pour décerner le "pompon" au maire qui a le plus complètement favorisé le démantèlement de ce merveilleux legs des chemins ruraux. Pour apprécier le schéma de ce travail de radiation patrimonial, il suffit de regarder le plan cadastral et de constater les longues parcelles de 2 à 6 mètres de large dont la longueur s'étire de plusieurs dizaines de mètres à plusieurs centaines de mètres pour le saccage de l'intérêt général et le triomphe de l'intérêt particulier.
https://terres-de-nauze.blog4ever.com/pauvres-chemins-ruraux
Les aliénations sont demandées par les riverains que les passages devant leur demeure ou la traversée de leur propriété, insupportent. Là, c'est l'échec moderne de la sociabilité que nos aînés savaient entretenir. Les appareils municipaux, hélas, ont tendance à valider ces requêtes de mutilation patrimoniale, le plus souvent en arguant que ces chemins se sont engouffrés dans l'obsolescence.
Beaucoup de maires se révèlent complices, gênés ou solidaires, de riverains qui optent pour l'appropriation hétérodoxe des chemins ruraux. Par cette attitude, ils deviennent complices de procéduriers misant sur l'usucapion.
Il faut souligner le rôle actif de maires qui n'hésitent pas à défendre le réseau de chemins ruraux. J-Bernard Lalue, à Monplaisant, a pris la conduite d'un engin de travaux pour la restauration d'un chemin oublié ; Didier Roques, à Siorac, milite activement pour la sauvegarde de "ses" chemins. Il a souligné le côté historique de ce patrimoine en donnant à l'un d'entre eux, une référence mémorielle.
La résistance patrimoniale. On trouve dans de multiples endroits, des églises et des chapelles désacralisées parce ce qu'il n'y a plus de fidèles qui viennent là pour des offices et que le coût de la maintenance de ces sites pose problème. Là, on trouve des résistances de citoyens qui ne peuvent imaginer, par exemple, qu'une chapelle puisse devenir, par exemple, une boîte de nuit. Agnostique et laïciste de la tête aux pieds, je serais naturellement hostile à voir, eu égard à l'historicité de ces lieux, une transformation de cet ordre, tout en admettant qu'une église désaffectée puisse devenir une maison de la culture ou une galerie d'art, par exemple.
Les chemins ruraux, certes, un peu tard, ont tendance à être appréciés par les promeneurs. Ceux-ci ont bien du mal à évoluer au bord des voies bitumées où la circulation routière rend difficile et dangereuse, les évolutions pédestres. En 1950, on se rendait de Belvès à Siorac, notamment pour les fêtes, à pied, en empruntant la R.N 710, l'actuelle R.D 710. Qui aujourd'hui ose encore le faire ?
Le cas concret de l'obturation du chemin latéral à la Nauze. Ce chemin nous vient de la nuit des temps. Il épouserait l'itinéraire de la voie gallo-romaine reliant les pôles dominants du Périgord et du Quercy. Nos anciens l'appelaient le chemin de Marnac. Dans les minutes notariales et sur les plans cadastraux, les chemins prenaient souvent des odonymes différents qui, certainement, s'appuyaient sur les dénominations des riverains ; ainsi le chemin qui part de Tourneguil, à Monplaisant, était désigné chemin de Carvès et, à Sagelat, chemin de Veyrines.
Ce chemin est, en gros, le chemin de la rive droite de la Nauze. Il est tri-communal Pays de Belvès, Sagelat et Siorac. Il est mutilé sur les trois communes. Les obstacles matériels les plus apparents sont les barrières métalliques sous Pesset.
A découvrir aussi
- Il y a eu deux mi-temps, à Monplaisant, ce samedi 15 février
- Tour de chauffe des impétrants
- En avant !
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 231 autres membres