Terres de Nauze

Hier, je vous ai présenté les images, © Bruno Marty, du décor aquatique du Drapier, lieu-dit monplaisanais.

Cet article a donné lieu à des commentaires contrastés. Tout le monde comprendra que je ne souhaite nullement entretenir une puérile polémique autour de points de vue, dont l'un, au demeurant parfaitement respectable et cohérent, fut voulu plutôt cinglant, ont cependant le mérite d'attester la vie plurielle et ouverte de ce blog.

Je voulais simplement revenir sur un détail qui fascinait les galopins et les garnements de mon âge, au cours des années 50. Je crois bien qu'il s'agissait de l'été 1956.

À cette époque, nous entendions, de temps à autres, parler de Lascaux, site d'exception (ô que c'était loin pour nous !) qui avait été découvert par des petits paysans de Montignac ; de là à imaginer, pour nos aînés qui avaient au plus 14 ans, un plagiat spéléologique, il n'y avait qu'un pas que nous avons franchi.

Nous sommes allés, sans la moindre autorisation, permissivité que nous n'aurions nullement obtenue, de qui que ce soit, à la grotte du Drapier. Notons qu'il y a une large double prescription. Cette grotte est privative et son accès n'est nullement autorisé au public puisqu'il est dans la tranchée ferroviaire.

Mes souvenirs de cette exploration sont très nets. On devait pénétrer, à plat ventre, dans un premier boyau où, là, on pouvait se redresser.  Là, on accède à un genre de hall souterrain de petite dimension, peut-être une douzaine de mètres carrés. Sur la gauche, un deuxième boyau de quelques mètres de long, toujours à suivre en rampant. Celui-ci débouche sur une courte galerie. Là, on pouvait se relever et évoluer debout. Celle-ci  est un étroit petit corridor d'une dizaine de mètres tout au plus, son côté gauche est très court, le côté droit, 6 à 8 mètres de long est coupé brutalement par un puits, profondeur inconnue, d'où l'on entendait le bruissement de l'eau que l'on ne voyait pas. En jetant un petit morceau de roche, on entendait l'accusé de réception qui confirmait bien que l'eau était au fond de ce puits. De l'autre côté du puits, la galerie se poursuit  par un appendice de 2 à 3 mètres.

Bien entendu, on ne s'est pas aventuré à franchir ce puits, grrr…

Le plus âgé d'entre nous m'a plusieurs fois rappelé, avec nostalgie, cette échappée souterraine et, chaque fois, a conclu par "je ne sais pas si je le referais, aujourd'hui!".

Jacques -dit Raymond- tout comme d'autres et moi-même, pensons que ce bruit de l'eau que nous avons perçu dans la Grotte du Drapier, est un signal du parcours souterrain de cette eau qui, plus que vraisemblablement, sourd au pied de la R.D 710.

L'antre de la tranchée du Drapier

Jacques -dit-Raymond- a toujours été fasciné par les sources. Image de 2011.

Que sont devenus ces galopins de l'escouade  de la grotte du Drapier.

Les conducteurs de cette inconsciente échappée étaient Raymond et Jean-François. Nous n'avions, bien entendu, aucune notion de la dangerosité et aucune base de spéléologie.

Cette grotte est apparue avec le creusement de la tranchée ferroviaire vers 1855. Depuis bien des visiteurs fongauffiérains se sont aventurés là, naturellement sans la moindre autorisation. Je crois bien que personne, avant 1956, n'avait osé se glisser dans le second boyau.

Ils ont tous bien vieilli et, à leur tour, sont devenus des papys.

Mon meilleur ami d'enfance, Jean-François Mousnier, le second en partant de la gauche nous a quittés la veille de ses 59 ans. Tous les autres -et moi même- sommes sur la liste d'attente.

Photos Pierre Fabre