J'avais l'honneur d'avoir un ami, un résistant, un preux de la République d'Espagne, un de nos derniers déportés.
Vincente, au Buisson, lors de sa dernière rencontre avec les collégiens. Photo Pierre Fabre
Aujourd'hui, comme tant d'autres, je suis dans la peine. Un ami d'exception vient de nous tirer sa révérence. Vincente Garcia n'était pas un quelconque républicain d'Espagne, pour autant que l'on puisse, bien légèrement, attribuer cette épithète à l'un d'entre eux.
Vincente, que nous aimions tous à l'ANACR, c'était non seulement un témoin de ces moments que de sinistres et immondes créatures ont imposés à la civilisation, il en était la victime, il en est devenu le pédagogue qui, dans la mission qu'il assumait, travaillait pour qu'il n'y ait ni haine ni oubli.
Vincente, toi qui as dû quitter ta péninsule souillée par les hordes cléricalo-fascistes, bataillant dans une haine sans nom pour le rétablissement de la monarchie, tu nous as tant appris.
Tu nous as notamment impressionnés par ta tolérance, par ta dignité, par ton laïcisme exemplaire.
À ton arrivée à Cadouin, tu ne parlais que la langue de Cervantès. Dans la Bessède, tu t'es appliqué à maîtriser la langue de ton pays d'accueil. Tu te plaisais de dire combien l'aide d'un résistant extraordinaire, Lucien Dutard, lui aussi chantre de valeurs que tu as toujours mis en avant, t'a guidé dans cette mission. Il te fut précieux pour l'appropriation du français, lecture et écriture, et ton intégration.
Ton passage à Buchenwald t'a, certainement, marqué pour la vie mais il n'a pas ébranlé l'homme hors du commun que tu es resté.
À Veyrines, il y a 10 ans, tu m'as fait remarquer que l'emblème de la République d'Espagne, ta République, par inattention, était inversé.
Tu as été, pour les écoliers, lors de tes conférences, un exemple qu'à mon avis, ils ne seront pas prêts d'oublier.
Notre cœur saigne en sachant que tu nous as quittés mais ta famille, tes proches et tes amis savent que tu n'as jamais vacillé.
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