Terres de Nauze

29/11. Histoire d'accent

 

 

Aujourd'hui, je vais vous parler d'une histoire que les gens de moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. C'est une banale histoire d'accent.

 

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Carves.jpg

 

 

Depuis longtemps, le toponyme de Carvès est écrit Carves.

Cette orthographie peut interpeller parce que Carvès, à ce jour, n'a pas été invalidé par les instances municipales souveraines dans ce domaine. Ce sont donc les usages qui, jour après jour, ont sapé cette orthographie.

À mon humble sens, mais cela ne me regarde en aucune manière, il faudrait laisser perdurer cet accent qui interpelle.

 

 

Carvès, dans le verbe, est devenu Carves. On occulte la prononciation du s comme pour Tarbes ou Martigues. Il paraît logique de penser que le patronyme de Carvès situe son origine dans la commune du même nom. Il était courant, dans les siècles antérieurs, de nommer les enfants recueillis ou abandonnés du nom du toponyme d'où ils venaient. Là, le ès de la fin du mot est soutenu dans la diction.

 

L'observation de la diction des toponymes appelle diverses remarques. Le aye de la fin de ces toponymes  ne s'exprime pas de la même façon pour Sainte Aulaye, Blaye et Saint Germain-en-Laye. Si les deux premiers toponymes sont des localités proches des terres occitanes, le aye est différent, celui de Sainte Aulaye épouse celui de Saint Germain-en-Laye.

 

 

L'orthographie, depuis la nuit des temps, est évolutive que ce soit pour les noms communs comme pour les noms propres. Les toponymes, les patronymes n'y échappent pas.

Belvès s'orthographiait Belvez, au début du XIXème siècle. Les Belvéziens sont devenus les Belvésois. On trouve un peu partout des évolutions mineures, voire plus importantes. Les villes d'Alais et de Cette, après divers atermoiements, sont devenues Alès et Sète, il y a près d'un siècle.

Carvès, localement, depuis fort longtemps, est prononcé en français Carves. L'accent du e ne sert que pour la construction du gentilé. Les Carvésois, sans cet accent, seraient les Carvesois.

Il faut cependant être conscient que la genèse des gentilés, pour les communes rurales, est récente, voire très récente, car, chaque jour, le listage s'allonge. Il n'y a pas si longtemps, "on" disait tout simplement les Grives, les Daglan, etc. Dans un premier temps, on a, par analogie, donné des gentilés qui tombaient sous le sens, des Sioracois par exemple. Les érudits ont fait admettre des gentilés fort subtils. Les Eumacois résident à Saint Chamassy,  gentilé en référence au saint patron du village, les Arédiens habitent... St Yrieix-la-Perche. C'est un hommage à l'ermite Arédius qui vivait dans cette contrée du Limousin. 

 

C'est à l'appareil municipal -et à lui seul- qu'échoit la souveraineté de l'orthographie du toponyme. Rien, néanmoins, ne l'empêche d'entendre et d'écouter les remarques et avis des Carvésois, érudits ou non, qui souhaiteraient formuler des réserves ou émettre des avis sur leur toponyme et sur leur gentilé.

 

Le sondage ci-dessous sera clos mercredi  5 décembre à 18 heures. Vos commentaires seront les bienvenus.

 

 

Chargement du sondage

__________________

 

L'accent, nous trouvons plusieurs sens à ce substantif masculin.

 

   - Élévation ou augmentation d'intensité de la voix sur une syllabe.

Accent de hauteur, d'intensité.

   - L'accent est aussi un signe graphique qui sert (en français) à noter des différences dans la prononciation des voyelles ou à distinguer deux mots.

Accent grave (à, è), aigu (é), circonflexe (â, ê…).

 

Dans une acception courante, l'accent est une particularité de diction d'un locuteur dans une langue donnée. Il est propre à une région ou un milieu social et peut se caractériser par des modifications du débit, de la prononciation, de l'intonation, de la prosodie en général. Wikipédia

 

Bien plus que dans notre idiome, en linguistique, notamment en grec et en italien, la connaissance des accents (de l’accent) est extrêmement importante.

 

L'accent oratoire d'un intervenant dans un débat, donne le ton, parfois emphatique, de sa prise de parole. L'accent peut tout simplement être tonique mais, bien plus encore, il  souligne la passion, la sincérité, l'étonnement, la joie, la plainte et... que sais-je encore.

 "Madame, prononça-t-elle avec un accent d'adorable dignité, vous êtes la mère du roi qui représente la justice. J'en appelle à vous de la contrainte qui m'est faite." — (Michel ZévacoLe Capitan, 1906, Arthème Fayard, coll. "Le Livre populaire" no 31, 1907).

 

 

Hilgh de pute.jpg

 

Les Béarnais avec leur populaire "Hilh de pute", fils de pute, ne parlent pas du tout d'une personne de petite vertu mais traduisent tout de la surprise, de l'indignation, de la satisfaction, etc. Enlevez cet accent d'une réunion populaire et toute la saveur de la diction béarnaise disparaîtra. Mon amie Renée Mourgues, fine plume de La République des Pyrénées, le souligna le 8 décembre 2015, en affirmant son authenticité béarnaise, dans son hommage post mortem à Jean-Claude Coudouy. Vous n'entendrez probablement pas de "Hilh de pute" dans une réunion mondaine autour du préfet des Pyrénées-Atlantiques sauf, peut-être, si, par mégarde, un parlementaire truculent, descendu de ses montagnes, échappe par inadvertance cette expression. 

 

 

 

Jean-Claude Coudouy,

Il a donné un côté follement plaisant à son "Hilh de pute"

 

 

Si l'on écoute Jean-Claude Gaudin, même si l'on ne partage pas du tout ses idées, grâce à son accent provençal, on le trouve plutôt sympathique. 

 

Gaudin Roussel.jpg

 

 

Quand on entend Fabien Roussel, le nouveau tribun du P.C, on ne trouve hélas pas la moindre trace d'accent chez ce, ô combien sympathique,  parlementaire nordiste. Il s'exprime, certes, dans un langage parfait, sans le moindre trébuchement, sans la moindre faute de syntaxe, mais son verbe est "aseptisé". À mon sens, c'est un peu regrettable de ne pas retrouver cet accent du terroir, idéalisé avec finesse et justesse par "Le p'tit quinquin", la poésie d'Alexandre Desrousseaux (1820-1892). On percevait encore quelque infime velléité de cet accent du terroir chez Pierre Mauroy.

 

  

 

Résultat d’images pour dany boon Le comédien Dany Boon, héros des c'htis, et  Mireille Mathieu, notre icône nationale, ont séduit des millions de Français. Le premier, en rappelant cet accent des Hauts de France et la seconde, en 1969, a fait vibrer le pays en chantant "J'ai gardé l'accent".

Mireille.jpg

Dany Boon, Image wikipédia  Mireille Mathieu,  Image Youtube

 

 

Oui, notre accent s'avère être une richesse des nuances ; car, comme le disait si justement  Georg Christoph Lichtemberg " Il en est de l'esprit comme de la musique ; plus on l'entend, plus on exige de subtiles nuances".

 



29/11/2018
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