13/11. Le centenaire de l'Armistice du 11 novembre à Sagelat
SAGELAT
D'aucuns disaient que commémorer le 11 novembre, un dimanche après-midi, c'était prendre le risque de n'avoir quasiment personne à la cérémonie. Il y avait, certes, une rencontre rugbystique, un match de football et une forte probabilité que les passionnés de la chasse ne souhaitent hypothèquer leur loisir dominical pour se consacrer au devoir de mémoire de ce centenaire. Cent ans, c'est loin, bien loin, dans notre introspection ! Et bien, défiant toutes les objections, ce chemin de la mémoire fut, de souvenance de Sagelacois, le plus suivi depuis la Libération.
Une pédagogue, un jour, répondant à la question d'un élève sur "à quoi sert la poésie" répliqua par une magnifique saillie... "à rien". On pourrait dire la même chose du devoir de mémoire si ce n'est qu'un peuple qui oublie son passé, se condamne à le revivre.
Pour l'historienne Hélène Miard-Delacroix, cet aphorisme attribué à Churchill serait de Confucius. C'est l’une des innombrables mises en garde invitant à réapprendre sans cesse les leçons de l’histoire.
Cliquez sur les images.
Les drapeaux symbolisent l'âme des peuples, leur culture, leur histoire.
1. Le cortège vient de quitter l'esplanade de la salle des fêtes et emprunte la R.D. 53. Ouvert par deux jeunes porte-drapeaux qui ne connaissaient pas l'itinéraire, par le pont des Abbesses, le cortège passa par le pont de la République.
Photo © Bruno Marty
2. Les maires de St Germain, à gauche, et de Monplaisant, à droite, entouraient Olivier Merlhiot, maire de Sagelat.
Photo © Bruno Marty
3. Mathilde et Romain, guidés par l'ardeur de leur jeunesse, en tête du cortège. Les porte-drapeaux ont apprécié que leurs juniors les précèdent. Mathilde Peyrot a seulement 17 ans. Cette jeune étudiante poursuit ses études agricoles à Figeac. Elle symbolise la juvénile féminité, depuis plus de 5 ans, dans les manifestations du devoir de mémoire. Cette Paunatoise fut, à 12 ans, la révélation de la jeunesse des porte-drapeaux dans le Bois de Durestal, haut lieu de la Résistance de la Forêt Barade. Romain Garrigue, 23 ans, aux solides racines monplaisanaises, lui, vient d'acquérir sa licence dans le tourisme et aborde la vie active.
Photos © Bruno Marty
4. Les étendards sont en place.
Photo © Bruno Marty
5. L'image du haut : Lila Trombetta, elle aussi a 17 ans, impressionna par sa diction mesurée. Lila était la lectrice de la Journée nationale de la Résistance du 27 mai 2017. Tanguy Foutrin, pour sa première intervention au microphone, ne trembla point. Il fit l'appel des morts de cette maudite guerre.
L'image du bas : Christine et Valérie Prunière alternent au microphone pour l'hommage particulier à Louis Lasfargues, le bisaïeul de Christine, le dernier mort de cette Première Guerre mondiale, pour notre bassin de vie
Photos © Bruno Marty
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Mesdames, Messieurs,
Amis du Devoir de mémoire,
Avant d'amorcer ma lecture, je voudrais dire combien Tanguy et moi-même sommes fiers et émus de l'honneur qui nous est fait de recevoir des seniors les clés de ce temple intemporel du souvenir pour cette journée du centenaire de l'Armistice de 1918.
Nous n'allons pas, au pied de ce monument, retracer l'historicité complexe et tumultueuse de cette affreuse déchirure dont les historiens situent la genèse à Sarajevo, le 28 juin 1914, quand Gavrilo Princip, un nationaliste serbe de Bosnie, activa l'élément déclencheur, en assassinant l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg.
Tous les ingrédients étaient alors réunis avec pour toile de fond, des nationalismes ardents, des vues hégémoniques, des blessures vives, remontant à la précédente guerre loin d'être cautérisées.
Victor Hugo, pour qui "Une guerre entre Européens est une guerre civile", estimait que "La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées".
Notre plus fine plume, en 1849, lors du Congrès de la paix, dans une de ses envolées mémorables, lança : "Un jour viendra où vous, France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. […] Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur ».
La belle inspiration hugolienne, en 1914 -et hélas encore de nos jours-, n'avait pas encore verrouillé les esprits et pour certains, mais pour certains seulement, c'est "la fleur au fusil" que de part et d'autre du Rhin, on se préparait à s'écharper. La suite, nous la connaissons tous, elle porte des noms connus, la Marne, l'Artois, la Somme, Verdun, d'autres moins mais qui le deviendront : Le Chemin des Dames, Ypres, l'Yser et tant d'autres !
Le "génie" des ingénieurs de la guerre après avoir usé du chemin de fer, s'approprie l'air avec l'aviation et en lançant les premières fusées. D'autres inventions tout aussi terrifiantes avec les chars et les sous-marins, vont précipiter de vie à trépas, bien des innocents. Ayons, aussi, une pensée pour ces centaines de milliers d'animaux, victimes totalement innocentes, envoyées dans des conditions horribles dans ces charniers.
N'oublions pas non plus cette démoniaque invention que fut l'usage des gaz toxiques.
Oui, la guerre s'avère toujours atroce, cruelle et stupide. Gardons à l'esprit, cette notion insupportable qu'une guerre est, par essence, un affrontement inégal entre la force et le droit.
Comment ne pas penser à ces parents qui ont vu partir leurs enfants dans une guerre que, bien entendu, ils ne souhaitaient pas. Qu'il soit permis d'avoir une pensée plus forte encore pour les mères, ces personnes qui ont donné la vie. Imaginons l'affliction de cette douce institutrice sagelacoise qui a perdu son époux et son fils dans cette guerre. Plus encore, représentons-nous la douleur immense de cette mère qui ne vit revenir aucun de ses trois fils. Par trois fois, le patronyme de Balat est gravé dans ce monument.
Nos villes, nos campagnes ont toutes souffert de cette guerre et nos plumes ont su immortaliser ces moments de détresse. Citons Roland Dorgelès dans "Les Croix de bois". Ce pacifiste nous a fait partager le drame de ces pauvres soldats. Maxence van der Meersch, lui, dans "Invasion 14", nous a décrit la vie du quartier populaire de l'Épeule, dans une agglomération lilloise occupée, avec ses côtés immondes mais aussi avec ses actes empreints de solidarité généreuse.
Notre devoir de mémoire, cent ans après l'épisode de la Clairière de Rethondes, ne doit pas nous autoriser à oublier ces villages du Verdunois, de Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Fleury-devant-Douaumont. Haumont-près-Samogneux, et Louvemont-Côte-du-Poivre, ainsi que de tout petits villages du Chemin des Dames, dans l'Aisne, Ailles, Beaulne-et-Chivy, Courtecon et Vauclerc-et-la-Vallée-Foulon.
Ces villages, pour des raisons de sécurité, n'ont pas pu être régénérés. Ils témoignent, aujourd'hui, de l'horreur et de la brutalité de la guerre.
Oui, nous sommes au pied d'une borne de ce chemin du souvenir. Puissions-nous ne jamais nous écarter de cette voie pour que nous œuvrions pour notre conscience collective en passeurs de mémoire !
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Mesdames, Messieurs,
Amis du devoir de mémoire,
Aujourd'hui, 100 ans après la mort tragique à Gomont, village ardennais du Ruthenoy, de Louis Lasfargues, aïeul, bisaïeul et trisaïeul de ma famille, sa descendance tient à ce que son sacrifice ne sombre pas dans l'oubli. L'Armistice était bien proche mais, hélas, bien trop tardive pour épargner Louis Lasfargues, le 31 octobre 1918, à 580 Km de son lieu natal. Il donna sa vie à 39 ans.
Ce travailleur de la terre, tant monplaisanaise que sagelacoise, n'aura pas pu, comme Cincinnatus, reprendre le sillon là où il l'avait laissé, ni retrouver les siens, ni connaître la joie d'être grand père. Ce trisaïeul, comme beaucoup de ses compagnons, repose tout près de l'Aisne dans la Nécropole nationale de Rethel. Sa tombe, n° 414, a reçu la visite de Jacques, son petit-fils, mon beau-père, lui même ardent artisan du devoir de mémoire.
Cette cérémonie du centenaire, dans le respect dû à tous les morts, quelle que soit la rive du Rhin, la nationalité ou les embasements culturels, se doit d'être le témoignage particulier, rassembleur, consacré au tout dernier mort de notre bassin de vie. Le dépôt de gerbe de ses arrière petits-enfants, certes, symbolisera, le devoir de mémoire familial mais, bien au-delà, la soutenance du recueillement de toutes et de tous, pour toutes les victimes de cette guerre.
Nous ne connaîtrons jamais le nom de celui qui l'envoya de vie à trépas ; mais, nous pouvons penser que, dans cette tragédie qui dépassa tout l'entendement, les hommes n'étaient pas responsables de leur acte et je voudrais clore cet hommage familial en rappelant l'éloquent aphorisme du grand humaniste, écrivain et philosophe Paul Valéry : "La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se battent pas".
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Liste des enfants de Sagelat
"emportés" par la Guerre de 14/18.
Souvenons-nous... |
C’est un jeune maréchal des logis, de 26 ans, du 4ème Chasseurs d’Afrique, né le 6 mars 1888, à Pessarni, qui ouvre la liste des enfants de Sagelat sacrifiés par la première déchirure mondiale. Joseph Genestal tombe à Aillevillers, le 19 août 1914, à 89 Km du village de Joncherey. Rappelons que ce fut dans ce modeste village, proche de Belfort, que le caporal Jules-André Peugeot, du 44ème R.I, brillant jeune pédagogue de 21 ans, instituteur à Étupes, lui-même fils d’une enseignante doubiste et d’un ouvrier, tenta héroïquement d’arrêter l’intrusion prussienne, le 2 août 1914. Cette incursion était commandée par un tout jeune sous-lieutenant du kaiser, Camille Mayer, âgé de 20 ans. Il était affecté au 5ème Chasseurs à cheval, basé à Mulhouse. Mulhouse, depuis 1870, était sous administration germanique. L’officier de l’armée de Guillaume II connaissait fort bien les lieux et venait intentionnellement de violer la frontière.
Jules Peugeot et Camille Mayer furent, 24 heures avant l’ouverture officielle des hostilités, les deux premières victimes d’une énorme tragédie internationale que, vraisemblablement, l’un et l’autre ne souhaitaient pas.
Nous ne savons que bien peu de chose de Jean Marty, né à Belvès, le 30 septembre 1893, tué le 2 septembre 1914, à St Etienne-au-Temple, dans la Marne, si ce n’est qu’il servait dans le prestigieux 126ème R.I. cher à la Ville de Brive.
Edouard Lacombe, naquit au hameau sagelacois de Lescabannes, le 30 janvier 1894. Fantassin au 15ème R.I, gravement traumatisé au combat, il succomba à ses blessures, à Suippes, le 16 mars 1915.
Pierre Balat, inscrit par erreur orthographique Valat, vit le jour, à Sagelat, sur le coteau de Lestang, le 11 février 1878. Il décéda, à l’Hôpital St Clément de Metz, le 20 avril 1915. Pour ce malheureux soldat du 340ème R.I., il fallut traduire son acte de décès rédigé en allemand. Metz, tout comme l’Alsace, à l’époque, n’était pas dans l’Hexagone.
Lucien Bouffard vint en Périgord bien après sa naissance, à Rocheservière, en terre vendéenne, le 30 mars 1893. Incorporé au 10ème bataillon des chasseurs à pied, il tombe, aux portes de Lens, à Noulette, dans l’Artois, le 10 mai 1915.
Il parait pertinent, pour l’histoire, de rappeler que durant toute la durée de la première Guerre Mondiale, Aix-Noulette fut aux abords immédiats de la ligne de front. La soldatesque du kaiser l’occupe, une journée, au début 1915. Totalement évacuée, elle servit de premier poste de secours aux Français et la Croix-Rouge s’installa dans la malterie [ruelle du Caté].
Le soldat Jean Balat rejoint dans l’au-delà, Pierre, son frère aîné. Il était, de 14 ans, son puîné puisqu’il naquit, à Veyrines, le 28 juin 1892. Enrôlé au 2ème Zouave, il fut tué à Souchez, tout près de Liévin, le 18 juin 1915. Il connut une partie du terrible affrontement, mémorisé par le site de Notre Dame de Lorette, immortalisé par sa basilique et, aussi, par l’édifice qui porte son nom dans la capitale.
Louis Farfal, né à Castels, le 5 avril 1878, découvre Sagelat après son mariage avec Marie Marty et leur installation au lieudit de La Banne. Ce fantassin du 297ème R.I, blessé au combat dans les Vosges, ne survivra pas à ses blessures. Il s’éteint, à l’Hôpital St Maurice d’Epinal, le vendredi 27 août 1915. Le surlendemain, dimanche, Sagelat tout comme les quelques 30000 villages du pays, pendant cette guerre interminable, occultera, par décence, sa fête votive annuelle.
Abel-Jean Lafon, un citoyen de 35 ans, du bourg de Fongauffier, était né à Carves, le 17 février 1880. Ce soldat du 14ème R.I tombe dans le théâtre opérationnel de l’Argonne. Le Bois de la Gruerie, à La Harazée, le 8 septembre 1915, percevra son dernier souffle.
Il apparaît toujours cruel de perdre la vie loin des siens et de ses attaches. Pour Jean, Urbain, Roger Genestal, qui n’avait pas encore 30 ans, il reçoit les premiers rayons de lumière, à Pessarni, le 1èr avril 1895 ; c’est dans les reliefs serbes de Rabiovo qu’il termine sa vie, le 20 novembre 1915. Ce soldat du 176ème R.I rejoint Joseph, son aîné de 7 ans, dans le sacrifice suprême.
Le désarroi secoue le Val de Lolivarie, à La Croix, avec la perte de Louis Laval, Il naquit à St Amand, le 10 janvier 1895. Il paya de sa jeune vie,, sa présence au 33ème R.I. C’est dans le village martyr de Douaumont qu’il s’effondre le 2 avril 1916.
Philémon Cavard, quadragénaire et père de famille, né au Maillac, encore orthographié, alors, Noaillac, le 26 novembre 1874, affecté au 11ème territorial, a maintes fois, souffert de cette maudite guerre qui tourmente son foyer établi au Maillac. Les horreurs du conflit, le 12 juillet 1916, dans la Forêt vosgienne de Darney, le privent de revoir les siens. Son épouse, profondément ébranlée, ne se remettra jamais de cette épreuve.
Jules Couzy, doyen des combattants sagelacois de cette "Grande Guerre", naquit à Prigonrieux le 10 juillet 1866. Jules Couzy fut l’unique Sagelacois, militaire de carrière de cette période. Ce capitaine du 90ème R.I. s’éteignit, le 11 avril 1917, au Fort de la Coupelle, à Ludes, dans la Montagne de Reims.
Julien Martegoute, Laurentais par sa naissance, du 1er septembre 1894, devint Sagelacois avant de rejoindre le front au 210ème régiment d’artillerie. Ce brave canonnier-serveur disparaît, le 26 avril 1917, à Villers-Marnery (Marne).
Le hameau de Pétrou, lui aussi, n’est pas épargné. Simon Amédée Garrouty, né dans cet écart, le 17 décembre 1895, soldat au 12ème R.I, est écrasé par un obus, à Louvemont-Côte-du-Poivre, le 20 août 1917. Il convient de savoir que neuf villages meusiens du Verdunnois, dont Louvemont, ont été rayés de la carte. Ils sont déclarés "Morts pour la France". Six d’entre eux n’ont, depuis, retrouvé aucune forme sociale et humaine de vie.
Les renseignements concernant Jean Castanet, Larzacois par sa naissance, le 18 septembre 1893, a priori, manquent sur les registres. L’orthographe aléatoire des patronymes peut expliquer une éventualité de pertes de repères.
Son décès, le 25 septembre 1917, à l’Hospice de Belvès, laisse supposer qu’il s’agit d’un grand blessé ou d’un malade rapatrié du front.
La famille Balat, qui habitait alors à Juille, déjà durement éprouvée par la perte de deux enfants, voit disparaître Charles, né à St Pardoux, le 19 août 1884. Malade, il s’éteint dans un camp à Mannheim [Mayence en français] le 6 mai 1918. Charles Balat était fantassin au 209ème R.I.
Imaginons la douleur des siens atteints par trois fois dans cette terrible épreuve.
Aloïs Baudet, naquit au lieudit Talissat, le 26 octobre 1897. Incorporé au 289ème R.I., il fut tué, le 31 mai 1918, dans l’Oise, près de Noyon, sur le chemin de Brétigny, à Cuts.
Albert Cangardel vit le jour, à Péchaud, le 13 décembre 1887. Ce soldat, du 299ème R.I, fut blessé, à Crouy, le 18 mai 1918. Dix jours plus tard, il succomba à ses blessures, à Blincourt, dans le Compiégnois.
Marcel Bouffard, né le 13 avril 1898, à Rocheservière, comme Lucien, son frère, servait dans le 233ème R.I. Blessé, le 20 juillet 1918, au combat de Plessier-Huleu, dans l’Aisne, il succombera le lendemain à Villers-Cotterets.
Les familles Bouffard et Genestal, elles aussi, payèrent, avec leurs doubles deuils, un lourd tribut lors de ce douloureux conflit.
Michel Gorce avait 23 ans le 19 septembre 1918. Il naquit à Pinsac, le 28 septembre 1898. Michel Gorce appartenait au 77ème R.I. Il décéda à l’Hôpital Gironcelle. [près d’Ippecourt, lisière de la Forêt du Prieuré, dans l’Argonne] Meuse.
Charles, Etienne Couzy, fils de Jules, voit le jour, à Périgueux, le 14 novembre 1893. Son galon de sous-lieutenant, acquis au 338ème R.I, ne l’empêche pas de prendre des risques en mission. Il contracte une grave maladie lors de l’une d’entre elles et ne survit pas à sa dernière charge. Le 25 octobre 1918, il rejoint, dans le sacrifice, son père. Château-Thierry sera son lieu de décès.
On notera que les Couzy sont venus à Sagelat, par le hasard du parcours pédagogique de Catherine Fontas-Couzy. Cette institutrice donna, par sa féminité doucereuse, une note amène à l’éducation des écolières sagelacoises pendant la guerre. Elles en ont gardé le souvenir d’une excellente formatrice qui tranchait avec la rigueur éducative de l’époque. Est-il nécessaire de dire combien cette enseignante fut affectée par la perte de son époux, puis de son fils, happés, à 18 mois d’intervalle, par les affres de la belligérance!
Nous terminons ce trop long listage de 22 noms, avec Louis Lasfargues. Il naquit, à St Germain, le 9 décembre 1878. Caporal au 99ème R.I., il eut la cruelle malchance d’être tué, à Gomont, dans les Ardennes, le 31 octobre 1918. Le clairon salvateur sonna, hélas, certes, bien trop tard pour tous. Il mit un terme à cette tragédie, 12 jours plus tard.
Ce terrible conflit mutila notre pays, il hypothéqua toute une génération sur les deux rives du Rhin et… bien au-delà. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une guerre prenait une dimension mondiale. Nous nous devons, certes, de nous plier au devoir de mémoire pour nos valeureux poilus qui auraient certainement préféré continuer de besogner sur leurs terres, ou de travailler dans les ateliers de toutes natures, mais nous nous devons, aussi, d’associer dans notre recueillement, tous ceux qui, de quelque nationalité qu’ils soient, ont dû se rendre, à leur corps défendant, souvent en y laissant leur vie, sur les théâtres d’opérations qui, hélas, ne se limitaient pas au seul arc des Flandres aux Vosges.
Pour ce faire, inspirons-nous du précepte du pacifiste Jean Jaurès, assassiné, à Paris, le 31 juillet 1914, : "Un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène". |
La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée. [ Gandhi ] |
Pour clore cette cérémonie en leur mémoire communautaire, en réunissant dans notre méditation, tous ces malheureux soustraits à la quiétude de leur foyer, nous écouterons, avec respect, La Marseillaise suivie de "l’Hymne à la joie", composé par le génie musical de Ludwig von Beethoven et écrit par Schiller. |
6. L'image du haut : les maires et à droite, on reconnaît Brigitte Pistolozzi, conseillère départementale. Maryvonne Chaumel, maire de Carvès est bien cachée derrière Jean-Pierre Passerieux, maire de St Germain.
Photos © Bruno Marty
7. Pendant la lecture du message ministériel.
Photo © Bruno Marty
8. Le Dr Jean-Noêl Biraben, à gauche de l'image, récite sans la moindre fausse note, la longue poésie "Le retour".
À droite sur l'image, le maire de Sagelat.
Photos © Bruno Marty
Le retour
Poème de Lucien Boyer
1919
"A mon ami Fernand LEBAILLY, lieutenant au 36e de ligne".
Après la victoire, le soulagement. D'après ce poème de Lucien Boyer, Dieu est français, à n'en pas douter. Flambeau, le grognard de "L'Aiglon" reprend du service au paradis, et annonce les soldats de l'Empereur, comme dans "Le Rêve passe". Puis c'est le "Le défilé de la Victoire", que Théodore Botrel a également chanté presque sur le même ton.
La guerre était finie, et Dieu jusque là-haut, - Quel bruit, demanda-t-il trouble l'azur sans voile ? Un brouhaha courut à travers le ciel pur Saint-Pierre en tortillant sa barbe de prophète Et Flambeau s'avança, pimpant comme à Schoenbrunn Les cavaliers passaient avec un bruit de houle - Ce n'est rien dit Flambeau, c'est le commencement - Ce n'est rien dit Flambeau, vous verrez mieux j'espère
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Puis Flambeau se penchant annonça : - Les marins Ce n'est rien, dit Flambeau d'une voix attendrie
Et voici que soudain, après ces chevauchées Mais comme il achevait à peine cette phrase Dans l'or éclaboussant du couchant radieux Tout le peuple muet s'était mis à genoux.
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9. Les descendants de Louis Lasfargues autour du maire lors du dépôt de la gerbe municipale.
Photos © Bruno Marty
10. Pour le slam de Jocelyn Dorangeon, ce fut un silence absolu. Les sept couplets de La Marseillaise slamée fut l'objet d'une attention envoûtante partagée par tous. Nos sympathiques gendarmes ont accompagné dans un salut militaire, cette ode à notre hymne national.
Photo © Bruno Marty
11. Quand Lila énuméra les noms des villages du Verdunois et du Laonois rayés de la carte, les drapeaux se sont inclinés et l'assistance, pour chacun d'eux, dit "mort pour la France".
Photos © Bruno Marty
12. Le monument vient d'être fleuri pour ce centième anniversaire de l'Armistice.
Photos © Bruno Marty
13. La salle du conseil municipal a été transformée en micro-musée d'un jour. Les familles ont apporté là, des photos, des courriers, des pièces de monnaie d'époque et même la paire d'étriers d'un médecin-major.
À droite et en haut : Pierre Petit, de la descendance indirecte de Joseph Genestal, mort à Aillevillers, et Odile Garrouty-Rives, fille d'un ancien maire de Sagelat, nièce de Simon Garrouty, mort à Louvemont-Côte du Poivre, ont apporté une foule de documents et de traces de cette guerre. En bas, le Dr Biraben avec Guy Marty, en face du support d'Aloïs Baudet, son grand-oncle tombé à Cuts, près de Noyon, échangent des propos sur cette période douloureuse.
Photos © Bruno Marty
14. L'estimation de l'assistance, la plus basse, tourne autour du minimum de 100 personnes, la plus haute, elle, s'approche du double. Raisonnablement, il a dû y avoir de 130 à 150 personnes pour ce devoir de mémoire.
Photo © Bruno Marty
Olivier Merlhiot, maire, remercie l'ensemble des personnes présentes et adresse un remerciement particulier à
- Notre conseillère départementale
- Aux maires de St Germain, Monplaisant et Carvès
- Ensemble des élus
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Jean-Luc Rousseau |
- Aux porte-drapeaux ; avec une note particulière pour les juniors. Mathilde Peyrot est venue spécialement de Figeac. Il y a quelques années, elle a été la benjamine départementale des porte-drapeaux. Romain Garrigue, lui, est décoré du matin
- À la gendarmerie nationale, adjudante-chef Francine Destrel et le maréchal des logis chef Loïc Dupré
- Au Dr Jean-Noël Biraben, démographe et historien, pour son émouvant poème historique
- À Lila Trombetta, à Christine et Valérie Prunière ainsi qu'à Tanguy Foutrin, pour leurs interventions au microphone
- À Jocelyn Durangeon pour l'impressionnant slam de notre hymne national
- À Bernard Grenier qui après avoir réhabilité les gravures du monument, a élaboré, à la dernière limite, un chevalet de lecture pour les intervenants
- Aux relais médiatiques ; notamment à Bruno Ardouin et Pascal Tinon de l'équipe de France 3 Périgords qui nous a fait l'honneur de venir pour ce devoir de mémoire
- Aux familles qui ont apporté des documents pour compléter cette cérémonie
- À Paul-Marie Chaumel qui, dans un généreux bénévolat, a donné à cette cérémonie, un relief par une sonorisation d'une parfaite qualité.
- À Bruno Marty qui, par ses images impeccables, a couvert avec brio, cette journée
… en espérant n'avoir oublié personne…
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