Ernest Lavisse, un historien ou un interprète très accommodant de l'histoire.
L'histoire, pour être contée aux écoliers, a besoin de raccourcis, de poncifs et d'images d'Épinal.
Quels écoliers, même parmi les plus rétifs à l'enseignement, ont oublié Jules César et Vercingétorix, Charlemagne, Jeanne d'Arc, Henri IV et Napoléon.
Qui ne se souvient des druides et de leur faucille d'or pour aller cueillir le gui, de ces sympathiques bourgeois de Calais sauvés par l'émotion chrétienne de Philippa de Hainaut, l'épouse d'Édouard III, de ce roi que l'on a qualifié de saint et de ce pont d'Arcole symbolisant l'exploit du tyran qui assassinera notre Première République.
Tout cela, c'était beau pour façonner les esprits juvéniles et les préparer à chanter, il n'y a pas si longtemps, "Maréchal, nous voilà".
La vérité historique, parfois, souvent, est bien loin de ces poncifs et de ces images accommodantes pour la transmission de notre histoire.
Non, Charlemagne n'a pas inventé l'école, tout le monde le sait! Robert Gall s'est bien amusé avec ce stupide poncif qui, néanmoins, en son temps, a "crédibilisé" le tyran. Les manuels d'Ernest Lavisse ont été très discrets sur l'intolérance catholique de la Maison de France et sur tant d'autres points essentiels. Quelle belle et étrange adaptation nous a été donnée pour Charles Martel, en 732!
Lavisse, là, n'y est pour rien ; mais, j'ai la souvenance parfaite de la singulière originalité des professeurs d'histoire qui parlaient de "La croisade des Albigeois". Lavisse, lui, est resté parfaitement muet sur le bûcher de Monségur, sur saint Bernard, etc. Avons-nous trouvé dans ses manuels, des substantifs tels que libre-pensée et même laïcité semblaient l'effrayer. Je n'ai pas su retenir une page consacrée à la Commune de Paris, certes elle n'a pas fait que des bonnes choses.
Si, aujourd'hui, un théoricien disait que le président Sarkozy était un auxiliaire du devoir de mémoire, en ayant fait lire la lettre de Guy Moquet, il provoquerait l'ire de ses adversaires. Si un authentique résistant tenait tribune sur l'obtention de la Francisque de Pétain, par exemple pour son récipiendaire n° 2202, il susciterait une vive irritation. On est là, en équilibre instable, sur l'histoire, la politique et l'actualité récente. C'est pourtant à partir de l'histoire récente, en remontant le temps, que s'écrit le douloureux et fabuleux parcours de l'humanité. Difficile mission que d'écrire l'histoire sans jamais la réécrire. Les marxistes, les plus purs et durs, s'il en reste, préfèrent -et c'est dommage- parler de Staline comme étant l'homme de la victoire soviétique plutôt que comme celle d'un terrifiant dictateur.
Nous, les Gaulois, hélas, trois fois hélas, avons plus d'indulgence pour nos "ancêtres" qui sont, pour beaucoup à leur corps défendant, passés par le Palatinat ou qui, sur l'impulsion de Jules Ferry, voulaient coloniser des pays qui, bien entendu, ne le souhaitaient pas que pour celles et ceux qui ont résisté.
Une fois encore, en vieille baderne, je m'égare.
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Olivier Loubes, conférencier, sait captiver son auditoire. Puissions-nous venir en nombre pour l'écouter.
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