Cela se passait, il y a 55 ans.
À l'époque, ces seniors plus que largement affirmés aujourd'hui, [devenus pharmacien honoraire et manager d'entreprise en retraite], n'étaient plus tout à fait des "galopins" mais des jeunes gens, encore mineurs. La majorité à l'époque s'obtenait au 21ème anniversaire. Daniel Dauriat, à gauche, n'avait pas 19 ans et Raymond Ribette, à droite, avait tout juste 17 ans. Ils avaient l'intention de faire parler de leur village, le lieudit Vaurez, et faisant litière de leur minorité, ils allaient bravant les limites du conformisme.
Leur fougue allait jusqu'à "titiller" les édiles locaux qui ne savaient pas trop où l'équipée juvénile pouvait s'embarquer. Roger Baudelot, la plume locale du quotidien régional Sud-Ouest de cette ère, leur consacra même un dithyrambique article, mettant en relief l'intrépidité de ces jeunes gens… un peu fous dans leur entreprise. Pour la toute, toute petite, histoire, la mise en page inversa les noms des deux jeunes, sous leurs photos.
Ils voulaient, pour faire parler de leur village, sortir la traditionnelle fête du hameau de son bien modeste impact tout à fait local et attirer au pied de ce viaduc, des centaines de personnes et, pourquoi pas, au-delà. Pour ce faire, il fallait trouver un thème qui sorte de l'originalité et qui soit tout à la fois amusant et rassembleur.
Lequel des deux a entraîné l'autre, nul ne le sait et, peut-être, même pas eux-mêmes. Ils ont imaginé une course aux ânes. Ce genre d'animation, dans un passé plus ou moins lointain, avait déjà existé mais avait été abandonné pour son côté plus ou moins primaire et trivial d'antan. Il fallait donc réhabiliter cette sympathique épreuve, trouver des équipages le plus possible populaires, aménager un "asinodrome" et promouvoir la manifestation. Il fallait aussi un minimum de fonds. Ces deux jeunes ont fait le tour des familles de la campagne environnante et, en croisant les doigts, ont attendu ce dimanche 2 septembre 1962 pour voir si "la mayonnaise avait pris".
Leur audace était quasiment sans limites. Ils ont osé aller secouer la porte du responsable du patrimoine ferroviaire pour tirer un feu d'artifice du haut du viaduc. J'imagine le questionnement de ce brave chef de district, interpellé par deux jeunes inconscients qui voulaient aller faire placer des agrès de feu d'artifice en haut d'un ouvrage où allait passer le Train 1028 vers 21 h 50. C'était tout simplement… dantesque !
Ils n'obtiendront pas l'autorisation écrite mais ils se contenteront d'un bienveillant acquiescement, obtenu du bout des lèvres, assorti d'une impérative réserve de prudence dûment chapitrée et imposée.
Le feu d'artifice a bien été tiré et, heureusement, sans le moindre incident.
Cliquez sur l'image.
C'était là, au bord du ruisseau la Grille, au pied du viaduc de Lagrange, sur cette pelouse convertie en "asinodrome" que ce 2 septembre 1962 se tint la mémorable course d'ânes de Vaurez.
Revenons sur le raid "asinique". Les équipages sont venus d'un peu tout notre bassin de vie et chacun voulait apporter sa note comique. Ce fut probablement X Coudon de St Laurent, je crois qu'à l'époque il était en Faculté de droit, qui emporta le pompon de ce challenge que l'on voulait certainement burlesque et divertissant ; mais, aussi, où se devinait, en filigrane, une toute petite pointe implicite de reconnaissance envers ces fidèles équidés.
Incroyable, cette manifestation obtint un succès inespéré et fut télévisée. À l'époque, il n'y avait qu'une chaîne de télévision, en noir et blanc de surcroît, et quelle ne fut la surprise de voir les techniciens du son et de l'image, venir surprendre ces équidés ; et l'image la plus forte fut celle de celui qui refusa de franchir la Grille, tout petit filet d'eau qui l'épouvanta.
Je suppose que ce serait certainement extraordinaire si l'on pouvait retrouver les images de ce reportage que tout l'ancien canton a suivi, souvent, de chez les voisins car beaucoup de foyers, alors, n'avaient point de téléviseur.
Cela se passait en 1962, sous l'égide de mes amis Daniel et Raymond. Leur folle équipée s'est poursuivie quelques années encore. Ils furent les restaurateurs des fêtes vauréziennes qui, maintenant, dans le recueil de l'obsolescence, sont de magnifiques souvenirs de jeunesse pour les septuagénaires de ce nouveau siècle du numérique.
Le viaduc de La Grange, dit de Vaurez.
L'éperon belvésois vu de la RD n° 52.
Le Moulin du Mayne. Cet ouvrage hydraulique est sur le sol monplaisanais ; le panneau, lui, est sur le sol sagelacois.
L'ancien hôtel de la gare est, lui aussi, dans l'espace monplaisanais.
Là, on est bien à Belvès.
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