Terres de Nauze

Michel Carcenac nous livre la petite histoire du pont -dit- de Siorac

 

SIORAC-en-PÉRIGORD

 

J'ai toujours une impression d'user d'une préférence facile quand je dis, comme tout le monde, le pont de Siorac, formulation admise par tous. Ce superbe ouvrage qui appartient au patrimoine départemental, est commun aux Sioracois et aux Couxois mais, pour le désigner, "on" fait l'impasse sur cette mitoyenneté. Il y a 4 ans, notre ami Michel Rafalovic, président de la communauté de communes, lors des vœux, rêva un peu en imaginant une commune-nouvelle assembleuse plus importante que ses voisines, où la Dordogne aurait été le lien assembleur et se serait, là, débarrassée de cette ancestrale limite naturelle locale de division territoriale bien antérieure à l'érection du pont. À l'avenir, qui sait…

 

P.F

 

 

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 Carcenac à Fauvel

 

Michel Carcenac, en 2019, honorant les 100 Km de Belvès, à Fauvel, file vers Siorac. Photo Pierre Fabre

 

 

La plume de Michel Carcenac a largement délaissé les prescriptions des ordonnances médicales ; mais, notre médecin-romancier, conteur de la petite histoire, se plaît à revenir sur les témoignages d'Antoine, son père, qui lui a laissé une quantité de traces du début du siècle dernier.

Aujourd'hui, notre "archiviste"  de ce passé, miraculeusement, glisse vers le nord de son castrum pour surprendre un ouvrage d'art qui, depuis 1957, enjambe notre fleuve. Ce pont a, inévitablement, suscité l'admiration des riverains de cette souveraine qui file vers le Bec d'Ambes.

Merci, post-mortem, à Antoine Carcenac qui fut le premier Belvésois à user du téléphone et qui nous laisse, aujourd'hui, béats d'admiration pour les, "ses", legs  que nous apprécions tous.

 

 

 

Le Pont de Siorac

 

 

 

En 1860, Charles de la Veyrie de Vivans, décide de faire construire un pont sur la Dordogne. Il est ingénieur des mines et demeure au Coux, au château de la Milhale. Idée audacieuse pour un particulier et Charles a fait un bel ouvrage d’art, toujours en service.

Le chevalier Geoffroy de Vivans, seigneur de Doissac, était un redoutable chef huguenot qui se distingua pendant les guerres de religion en Périgord. Compagnon et conseiller d’Henri IV, il démolit deux églises pour bâtir son château. A la révocation de l’Edit de Nantes, les Huguenots qui possédaient une belle demeure, ne pouvant l’emmener en Hollande, se convertirent au catholicisme. Charles, le descendant catholique, veut placer son pont sous la protection de la Vierge et, pendant les travaux, il fait à cheval la route jusqu’à Penne d’Agenais pour rapporter une pierre de Notre-Dame-de-Peyragude. Après ce pèlerinage de cent vingt kilomètres, il dépose la relique dans la pile du milieu.

Mais ce geste symbolique ne lui paraissant pas suffisant, Charles commande une statue de la Vierge d’un mètre soixante de hauteur, dans une fonte de première qualité d’une teinte argentée. La statue et son socle de pierre pèsent cinq tonnes.

Pour amortir les frais de construction, le pont est à péage ; un sou est demandé à chaque usager et il arrive que les enfants se cachent sous la paille dans les charrettes. Cependant, le passage est gratuit pour les pèlerins de Capelou. Une grille munie d’une porte étroite laisse passer les moutons un par un. Aussi, les bergers harcèlent-ils les bêtes pour qu’elles défilent vite et que le gardien ne puisse toutes les compter.

Dans une délibération du Conseil municipal de Belvès, en date du 14 novembre 1875, il est mentionné que : " Monsieur Taillefer, conseiller général, invite les conseillers municipaux à demander des secours pour le rachat des péages des ponts situés dans leurs localités ou dans les environs. Le Conseil reconnaît que les grandes et petites communications devant être bientôt terminées, il serait équitable qu’elles fussent livrées au public dans des conditions identiques, relativement au péage des ponts ; aussi, il émet le vœu que le Conseil général vote des fonds nécessaires pour diminuer, autant que possible, le temps de péage du pont de Siorac. "

Nous ne connaissons aucune réaction en 1875, mais autour de 1900, et pour des raisons commerciales, les communes du Coux, de Siorac et de Belvès sont très intéressées par ce rachat. En effet, il existe dans le voisinage, des ponts publics sans péage : au Buisson, le pont de Vicq, construit en 1891-1892 et à Saint-Cyprien, le pont du Garrit, construit entre 1892 et 1894. Une estimation de la valeur de ce pont est demandée à l’Administration qui indique le prix de 110.000 francs. L’Etat doit participer pour un tiers, soit 36 666 francs, le Département également pour un tiers, le reste incombant aux communes intéressées, soit 12 300 francs pour la commune du Coux, 9 000 francs pour la commune de Siorac et 12 000 francs pour la commune de Belvès. Un supplément de 916 francs est accepté par le Conseil municipal de Belvès au cours des délibérations des 30 juillet et 9 août 1902. Qui a payé la différence ?

Pour Belvès, la somme de 13 916 francs est couverte par un emprunt entraînant une augmentation de six centimes. C’est ainsi qu’un ouvrage d’art privé passe dans le domaine public.

Quant à la Vierge, elle ne resta pas longtemps dans les brouillards de la Dordogne. Le général de Boysson, un parent, juge préférable de la faire transporter au château de la Milhale, au Coux. En 1933, la famille de la Verrie de Vivans l’installe devant son château de Gageac, à Gageac-Rouillac, où l’on peut l’admirer.

 

 

 

Vierge sur pont Siorac 2

 

Photo Antoine Carcenac © obligeamment offerte à Terres-de-Nauze par Michel Carcenac

 

 

Vierge Pont Siorac de La Verrie

 

 

On aperçoit, sur la droite, le château de Siorac, l'actuelle mairie. L'Escale n'existait pas et on peut remarquer les deux bâtiments qui se font face à l'entrée du pont qui devaient être les points de péage. Photo Antoine Carcenac © obligeamment offerte à Terres-de-Nauze par Michel Carcenac

 

 

 

Vierge Pont Siorac 5

 

Photo Antoine Carcenac © obligeamment offerte à Terres-de-Nauze par Michel Carcenac

 

 

 

Vierge Pont Siorac3

 

 

 

Photo Antoine Carcenac © obligeamment offerte à Terres-de-Nauze par Michel Carcenac



06/05/2020
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