Terres de Nauze

Terre, eau et air.

Aujourd'hui, je vais boucler la parenthèse ouverte, il y a quelques jours sur ce blog, à la suite d'un commentaire de J-François Laréquie, pour laisser les bulles d'air s'échapper des ondes de nos sources.

 

 

Prenons un gros recul.

 

Celles et ceux qui me connaissent, savent que je n'aie pour la civilisation grecque antique qu'une admiration partielle car elle admettait l'esclavage, sans état d'âmes, et Sparte était loin d'être un exemple d'humanisme. Ma plume favorite, Maxence van der Meersch,  dans la pièce maîtresse de son œuvre considérable [Corps et âmes, Qu'un amour t'emporte. tome II, page 48]  s'est émue de ses paradoxes. "Les spartiates jetaient au Taygète, les nouveaux-nés infirmes. C'est ainsi que se sélectionna une espèce vigoureuse. La race humaine, elle, se sélectionne à rebours. La guerre ne tue que les robustes. Et la médecine conserve les rabougris." 

 

 

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Ce canadair, Image Wikipédia, symbolise les quatre éléments, l'air, l'eau, le feu et la terre.

 

 

Une théorie d'une belle constance. Il convient, néanmoins, de ne point "jeter le bébé avec l'eau du bain" et de retenir les travaux considérables qui ont débouché sur la philosophie naturelle. Elle a ancré la façon traditionnelle de décrire et d'analyser le monde, en soutenant la théorie des quatre éléments. Les philosophes grecs présocratiques avec Empédocle, il y a 2 500 ans, ont inventorié la Terre, l'eau, l'air et le feu dans leur théorie. Chacun privilégia son élément. Thalès, qui a interpellé tant d'élèves avec son théorème, a choisi l'eau. Héraclite prit le feu comme étant à l'origine de toute matière. Anaximène trouva dans l'air, l'essence de toute chose. C'est Empédocle qui, à la même époque, a réuni les quatre éléments pour composer l'univers.

Démocrite, lui, estimait que l'univers était constitué d'atomes, a-tomos en grec, particules insécables et éternelles. Le génie hautement terrifiant des inventeurs de la bombe H, hélas, fit litière de ce principe, comme quoi les postulats en béton peuvent, au cours des siècles, s'effondrer. 


Soyons terre à terre et partons à la recherche de bulles d'air dans l'eau.

 

Pour qu'il y ait des bulles, il faut qu'il y ait dans l'eau, un gaz… air, méthane ou gaz carbonique.

Ce gaz peut venir d'un phénomène de pression ou, et, d'une action de siphonnage.

  

Pour Olivier Leboucher, les fissures des parois collinaires calcaires environnant les sources, peuvent permettre à des micro-poches d'air d'accompagner l'eau qui va sourdre des sources. Cet air captif, plus léger que l'eau, est chassé et devient des bulles qui remontent vers la surface. Ce phénomène s'appelle le dégazage.

 

Olivier, l'an dernier, pour les Journée du Patrimoine, est brillamment intervenu sur le rôle de l'eau dans les strates de nos sols calcaires.

 

La terre, l'air et l'eau.  

Olivier Leboucher

Photo Pierre Fabre.

 

  

 


Gabrielle Bonnet.jpg
 

 

 

 

Attardons nous sur l'expérience de Gabrielle Bonnet avec un simple verre d'eau. Remplissons ce verre d'eau du robinet, et attendons une heure, en laissant le verre d'eau au repos, à température ambiante.

 

http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr/ressource/QSebul.xml 

 

Gabrielle Bonnet est agrégée de physique et responsable du site internet Culture-Sciences-Physique. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fig 1

 

Fig 2

 

 

Au bout d'une heure, les parois du verre se sont couvertes de petites bulles.
Clairement, il ne s'agit pas d'ébullition, mais de quoi s'agit-il ?
Ce qui se produit plus haut est une forme de "dégazage", c'est-à-dire que les bulles que l'on voit se former, ne sont pas de la vapeur d'eau : ce sont des bulles de gaz qui étaient auparavant présentes, sous forme dissoute, dans l'eau.


Quand le dégazage se produit-il ?

L'eau contient en solution, des gaz dissous*. C'est grâce, en particulier, à l'oxygène dissout dans l'eau que les poissons peuvent respirer. La solubilité de ces gaz dans l'eau, diminue avec la température : lorsqu'on chauffe une casserole, ces gaz repassent peu à peu sous forme gazeuse, d'où l'apparition de bulles, avant d'arriver à la température d'ébullition de l'eau.
A titre d'exemple, à 5°C, la solubilité de l'oxygène dans l'eau est de 13 mg/L environ, à 10°C, elle est de 11 mg/L, à 50°C, elle est de 5,5 mg/L, et à 80°C, de 2,8 mg/L. On voit donc que, pour une eau initialement à une dizaine de degrés Celsius, la moitié de l'oxygène dissout a déjà disparu lorsqu'on atteint 50°C, soit bien avant l'ébullition de l'eau.
Si on fait bouillir de l'eau, faisant ainsi disparaître les gaz dissous, et qu'on la refroidit avant de la refaire bouillir, l'apparition des premières bulles est retardée, pour peu que l'on n'ait pas attendu trop longtemps entre les deux opérations et que l'on n'ait pas non plus agité l'eau. L'agitation, en effet, accélèrerait la dissolution de gaz dans l'eau bouillie refroidie.

* Depuis 1990, on trouve deux formes orthographiques pour l'adjectif dissout et pour son pluriel. L'assemblée est dissoute, le conseil est dissous. Ces corps dissous dans l'eau.

 

 

 

 

Bruno Marty, qui adore photographier l'eau dans tous ses états, ne s'était pas encore penché sur ce phénomène des bulles d'air dans les eaux vives.

Il nous livre de superbes images de cette manifestation naturelle parfaitement visible à la source de Fongauffier.

 

 

 

Ci-dessous, la genèse des bulles.

 

Bulles d'air 01 - blog.jpg


 

Reportage photographique © Bruno Marty.

 

Bulles d'air 02 - blog.jpg



 

Ci-dessus, l'ascension vers la surface de ces bulles .

Reportage photographique © Bruno Marty.

 

Bulles d'air 03 - blog.jpg



 

 

Et, enfin, l'image artistique avec l'éclosion en surface de ces bulles.

Reportage photographique © Bruno Marty.

 

 

Des eaux vives, passons à la Terre en souffrance.

 

Notre Terre est, heureusement, bien vivante. Pour pérenniser sa vie, elle a besoin de forces diverses que la nature lui offre. Citons le vent, il conduit et chasse les nuages, et le soleil qui, avec la pluie, lui donne son assainissement et assiste la végétation. La Terre, planète vivante, a aussi besoin de ses forces terribles et redoutables, mais là, nous, ses habitants, modestes "atomes" d'une gigantesque molécule, apprécions beaucoup moins. Elles affirment la vie planétaire avec les volcans, dont l'éruption peut avoir des effets plus que largement dévastateurs, et des séismes qui attestent la vie de notre croûte terrestre.

 

Chaque année, lors des périodes estivales, notre Terre se fendille et ses crevasses attendent l'automne pour se refermer. Cette forme de travail de notre Terre rappelle, si besoin était, sa vie faite de souffrances et d'attente de régénérescence. Quand la pluie salvatrice revient, la Terre par sa saine odeur, lui dit : merci.

 

Quand on peste contre la disproportion des forces de la nature, on oublie que notre Terre sans pluie, sans vents et sans phénomènes naturels serait, bien sûr, totalement invivable. 

 

 

La terre, l'air et l'eau.

 

La feuille chêne proche de la fissuration, 2 à 3 cm de large, montre qu'une pluie de 15 mm s'est avérée trop faible pour atteindre la cicatrisation. Photo Pierre Fabre.

 

La terre, l'air et l'eau.

 

 

 

Cet été 2017, très atypique, n'a pas épargné la croûte terrestre qui attend les pluies automnales. Photo Pierre Fabre.

 

 

La terre, l'air et l'eau.

 

 Photo Pierre Fabre.



13/08/2017
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