La SUPrême balade des sept châteaux.
Vallée de la Dordogne
Qu'évoque pour vous la Dordogne.
Pour tous, c'est, avant tout, un cours d'eau. Aujourd'hui, je vous ferai grâce de la nuance géographique qui sépare les rivières des fleuves. Depuis la grande Révolution, c'est aussi un département, le troisième par sa superficie parmi les départements continentaux.
La Dordogne, c'est assurément un musée naturel que nous aimerions tous préserver et c'est là que les écoles divergent !
La Dordogne marquait, il y a un demi-millénaire, la fracture historique continentale entre les partisans de la salamandre [Très présente dans les bestiaires du moyen âge, elle représentait aussi la chasteté et l'indestructibilité. Pour les alchimistes, la salamandre est un symbole du feu, élément essentiel à la transmutation du plomb en or. C'est également l'emblème du roi François Ier dont la devise était « je nourris et j'éteins »] et ceux de la rose d'Outre-Manche [Depuis plusieurs siècles, l’Angleterre a adopté la rose comme emblème. L’origine de ce symbole remonte à la Guerre des Deux-Roses. Ce conflit, lié à des droits de succession, a opposé entre 1455 et 1485, la maison royale de Lancastre à celle d’York. Chacune avait choisi une rose pour symbole : une rouge pour la famille Lancastre et une blanche pour la famille York. Au terme de trois décennies de rivalité et de guerres civiles, Henri Tudor, héritier des Lancastre, a accédé au trône sous le nom d’Henri VII Tudor en succédant à Richard III, battu et tué à Bosworth. A son arrivée au pouvoir, il a alors décidé de conserver la rose rouge comme emblème du pays. Elle est d’ailleurs appelée, aujourd’hui, la "rose Tudor".]
Revenons à notre siècle et observons notre majestueuse vallée ludico-sportive de la Dordogne .
Lors de la haute saison, celle-ci est l'objet de toutes les attentions des opérateurs de tourisme qui lui envoient des légions de canoës et de kayaks dont les équipages, parfois, connaissent des pics de saturation et des "agitations" sur leurs parcours.
Bien plus écologiques, Bruno Marty et son ami François Feray, eux, n'ont rien à voir avec cette vogue. Ils recherchent dans ce merveilleux sillon dordognais, le calme, les berges inaccessibles, les "accidents" de la nature, pour suivre au plus près les hasards de la flore et de la faune que ce fleuve offre à ses adeptes. Cela, bien sûr, ne les amène pas à rejeter les bijoux d'architecture moyenâgeuse qu'ils considèrent comme des parafes d'un recueil historico-géographique.
En mettant en relief les sept châteaux de leur périple, où, parfois, ils ont dû porter leurs embarcations car l'eau était trop basse, ils mettent en harmonie les centaines de millénaires d'histoire du cours d'eau et le mince millier d'années où les couronnes, pour s'affirmer et rivaliser, ont cru nécessaire d'implanter pour leurs féaux, des places fortes concurrentes voire hostiles.
Pierre Fabre.
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Fervent pratiquant de SUP (Stand Up Paddle) depuis longtemps, je profite de mes deux terres d’élection pour assouvir ma passion. En premier lieu, la Polynésie, un endroit propice à l’exercice par excellence, mais aussi en Périgord et sur la Dordogne que je descends (et parfois remonte) et ce, depuis 2009. Au gré des saisons, du temps et de mon emploi du temps, je me concocte des itinéraires sur le fleuve, dans la vallée de la Dordogne entre Souillac et Mauzac, soit près de 100 km, en allant prospecter dans toutes les "couasnes" et autres bras formés par les îles de la rivière. La plupart du temps en solo, mais aussi avec mon ami François Feray, guide assermenté de SUP Périgord basé à Cénac et Saint-Julien.
La revue nationale SUP magazine s’est montré intéressée et a publié mon reportage dans son n°43 d’avril/mai 2018. Toutes les photos de ce reportage ont été prises depuis la rivière, ce qui m’a permis d’avoir des vues inédites sur les sites et châteaux que nous avons rencontrés, dans cette merveilleuse balade au fil de l’eau.
Bruno Marty
Cliquez sur les images
Photos : Pierre Fabre et © Bruno Marty
Ce n’est plus un secret depuis longtemps, la Dordogne est un véritable paradis pour les sports nautiques, et le SUP offre un outil idéal pour la découvrir puis l’apprécier un peu plus encore. Une équipe de passionnés s’est offert une descente pittoresque sur la rivière, dans la vallée entre Rouffillac et Les Milandes, offrant des paysages grandioses, une ambiance sauvage et romantique, sans oublier une vue imprenable sur les fameux châteaux, croisés au fil de l’eau.
Embarquez pour une balade unique et mémorable.
Désignée rivière plus propre de France, la Dordogne a son bassin-versant qui a été classé réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO, en juillet 2012. C’est dans la vallée de la Dordogne que l’on a le loisir de pratiquer, sans retenue, le stand up paddle dans un site paisible et enchanteur. Plusieurs itinéraires de longueur variable peuvent être choisis selon sa disponibilité et ses capacités physiques. François Feray, guide de « SUP Périgord », à Cénac et Saint-Julien, au bord de la rivière, propose des descentes familiales ou sportives qui offrent un regard différent sur ce cours d’eau et la région.
La première partie de la descente, dans cette vallée des châteaux, débute juste sous le château de Rouffillac. À ce niveau, le courant est assez fort, car nous démarrons dans une longue portion rectiligne de la rivière.
Le château de Rouffillac se détachant dans la végétation.
Photo © Bruno Marty
Nous pagayons au fil de l’eau quand nous croisons, sur notre droite, un beau pigeonnier cylindrique ainsi qu’une vieille barque traditionnelle de pêcheur, en bois, attachée sur la berge par une chaîne en acier. Il fait un temps magnifique et la session se présente, on ne peut mieux.
Pigeonnier cylindrique et barque de pêcheur traditionnelle en bois, typiques du Périgord noir.
Photo © Bruno Marty
LA « COUASNE », UN ENDROIT ENVOÛTANT
Nous continuons notre navigation et nous tombons alors sur l’entrée d’une « couasne », terme employé par les gens du coin, qui signifie un bras mort de la Dordogne. Le passage d’entrée pour y accéder, est un peu compliqué, car étroit avec peu de fond et encombré par de gros arbres morts. Je m’y engage, aussitôt, tel un aventurier à la découverte d’un Nouveau Monde suivi de mon ami François.
L’accès à la « couasne » avec de nombreux arbres morts échoués dans l’eau, se révèle quelque peu compliqué.
Photo © Bruno Marty
Cette « couasne » se révèle immense. Le plan d’eau est d’un calme absolu, quasi désertique et inaccessible, autrement qu’en SUP. On se croirait dans un cirque de hautes montagnes, entouré de falaises imposantes d’un côté et par la forêt, de l’autre. Un fort sentiment d’inconnu, telle une incursion en terra incognita, nous envahit soudain l’esprit. Nous nous frayons un cap à travers l’enchevêtrement d’énormes branchages qui obstruent notre route. La prudence devient soudain de mise. Il n’y a pas un bruit, pas un souffle, aucun cri d’oiseau ou poisson sautant à la surface. Nous arrivons au fin fond de la « couasne » où nous faisons une pause. L’endroit est envoûtant. Chacun debout sur sa planche, immobile et silencieux, nous savourons ce moment, en se lançant un regard complice plein de sérénité. Encore sous l’effet de notre découverte, nous reprenons notre route.
Passage mémorable dans la « couasne ». Celle-ci est immense, désertique et quasi inaccessible autrement qu’en SUP.
Photo © Bruno Marty
Soudain, la rivière forme un coude prononcé, sur la gauche, que les autochtones appellent, ici, un « cingle » ; c’est donc le cingle de Monfort. Au début de celui-ci, un fort courant déstabilisant apparaît, nous entraînant vers le bord extérieur de la rivière, pile en direction d’immenses cavernes telles des grottes troglodytiques nichées à la base de la falaise.
Vue sur une énorme caverne nichée à la base de la falaise dans le cingle de Monfort.
Photo © Bruno Marty
Nous nous empressons de corriger le cap avec force et célérité afin de passer sans encombre. Puis, nous arrivons à un des moments forts de la balade. Nous passons à l’aplomb du château de Montfort juché en haut d’une falaise impressionnante. Une vision en contre plongée inédite et des plus spectaculaires. Mais aussi une vision furtive, car dans la pratique du SUP, en descente de rivière, on ne peut ni s’arrêter pour contempler longuement un paysage, ni faire demi-tour. Il faut à la fois ramer en avançant droit, garder son équilibre, tout en profitant du paysage et de l’environnement.
Panorama grandiose et hypnotisant dans le cingle au niveau du château de Monfort.
Photo © Bruno Marty
Vision en contre plongée inédite et spectaculaire sur le château de Monfort .
Photo © Bruno Marty
Mais soudain, voilà que la rivière se sépare en deux, formant une île en son milieu. Aussitôt, François décide de passer dans le bras le plus étroit, histoire d’aller voir ça, de plus près. Le courant est nettement moins fort. Le feuillage des arbres situés sur les bords de chaque rive, est très dense et la faible largeur de ce bras fait que nous avons l’impression de traverser un tunnel végétal qui nous entoure et, parfois, nous surplombe même. Ce passage impromptu nous procure de bonnes sensations. Suite à cette rafraîchissante petite déviation, nous retrouvons naturellement le cours de la rivière.
Passage impromptu et rafraîchissant dans un petit bras de la rivière.
Photos © Bruno Marty
LA RIVIÈRE NOUS APPARTIENT
Entre temps, nous ont rejoints Nathalie, Sylvie et Eva depuis la mise à l’eau, au niveau de Carsac. Le groupe ainsi formé continue tranquillement sa progression quand le pont de Vitrac qui traverse la Dordogne, se profile alors sous nos yeux. En ce week-end des journées du patrimoine, il n’y a personne sur et au bord du cours d’eau. Pas de canoës et encore moins de baigneurs sur les berges. Une riche aubaine.
Personne dans les environs et sur les bords du fleuve. Cela nous permet d’avancer tranquillement à notre gré …
Photo © Bruno Marty
… et d’effectuer allègrement divers positionnements et circonvolutions sur toute la largeur de la rivière.
Photo © Bruno Marty
C’est comme si, en quelque sorte, la rivière nous appartenait. La journée est magnifique et nous profitons au maximum de la situation pour le moins exceptionnelle. Après être passés sous le pont de Vitrac, nous poursuivons sans peine notre route dans un cadre toujours aussi sauvage et enchanteur.
Le groupe poursuit sa descente sans peine dans un cadre toujours aussi sauvage.
Photos © Bruno Marty
Soudain, en apercevant devant nous un petit motu (îlot) de galets situé au beau milieu de la rivière, nous décidons de marquer un stop. Le niveau d’eau n’étant pas bien haut, celui-ci se présente à découvert sur une petite surface. Nous en profitons pour réaliser une photo du groupe avec les boards en guise de souvenir, et sans trop nous attarder, nous reprenons notre descente de la rivière.
À la sortie d’un méandre et après avoir pagayé pendant une longue partie quasi sauvage, nous apparaît soudain le pittoresque petit village de La Roque-Gageac situé au pied de hautes falaises.
Le pittoresque village de La Roque-Gageac s’offre à notre regard.
Photo © Bruno Marty
Le contraste est saisissant. Nous longeons les maisons du village, et vers la fin, nous passons devant le château de la Malartrie, un logis de style Renaissance adossé à la falaise.
Passage du groupe en sortie de village devant le château de la Malartrie.
Photo © Bruno Marty
PAS QUESTION DE TOMBER
Un peu plus loin en aval, nous arrivons à Castelnaud-la-Chapelle, terme de la randonnée pour Sylvie et sa fille. Je poursuis donc avec François et sa femme Nathalie pour la dernière partie du trip. Nous profitons, cette fois, d’une magnifique vue prolongée, car dans l’axe de la rivière sur le château de Castelnaud-la-Chapelle, l’ancien château-fort mythique, sublime.
Superbe vue en continu sur le château de Castelnaud-la-Chapelle.
Photo © Bruno Marty
Tout de suite après être passés sous le pont routier de Castelnaud la Chapelle, nous affrontons un petit rapide tandis qu’un fort courant apparaît, accompagné de tourbillons déstabilisants. Il nous faut alors pagayer avec un rythme soutenu pour maintenir la planche en bonne position de marche. Pas question de partir en sucette au beau milieu du fleuve, car dans cette partie, la largeur est importante et la profondeur conséquente. Nous avons tout juste le temps d’apercevoir le château de Fayrac, entre deux trouées d’arbres situés sur la rive gauche de la rivière, tellement ça file. Une jolie vision tout de même sur cette imposante bâtisse.
Alors que le courant s’intensifie, nous profitons d’une petite trouée dans la végétation située sur la berge, pour apercevoir le château de Fayrac.
Photo © Bruno Marty
UNE FIN DE TRIP EN APOTHÉOSE
Toujours attentifs à notre navigation, nous nous approchons de la fin du parcours de la balade des 7 châteaux. Une fin de trip en apothéose, n’ayons pas peur des mots, lorsque nous découvrons le majestueux château de Beynac, accroché en haut d’une haute falaise, dominant le bourg de toute sa splendeur. Le site est somptueux. À cet endroit, la rivière forme un léger coude et le courant est très faible, ce qui nous permet de faire des circonvolutions face au village, pour admirer à loisir, le château magnifiquement ensoleillé, se détachant dans un ciel bleu azur.
Vue sur le majestueux château de Beynac accroché en haut de la falaise surplombant le village.
Photo © Bruno Marty
Puis nous quittons le site, presque à regret, en cette belle fin d’après midi. En sortie du village, la rivière se sépare de nouveau, créant une île bien boisée. Nous prenons le bras droit que l’on va découvrir. Le passage est intéressant : nous longeons au plus près la falaise en calcaire, dépourvue de végétation, qui tombe directement dans la rivière. Il n’y a pas de rive sur près de cinq cents mètres. Encore une nouvelle situation visuelle inhabituelle. Juste avant de rejoindre le lit naturel de la rivière, je jette un dernier regard en me retournant sur le château de Beynac dont la silhouette dorée s’estompe dans le lointain.
En haut : Vision furtive sur le château de Beynac, depuis un petit bras de la Dordogne, situé en aval du village.
En bas : Passage surprenant au plus près de la falaise calcaire dépourvue de végétation, tombant directement
dans la rivière sur une grande longueur.
Photos © Bruno Marty
Le parcours arrive à son terme quand nous passons devant le château des Milandes où a résidé la chanteuse et meneuse de revue Joséphine Baker, avec ses douze enfants adoptés.
Nous avons effectué près de 40 km de descente sur la Dordogne, dans des conditions toujours changeantes, attractives et surprenantes. Pas le temps de s’ennuyer une seconde tellement les paysages et les sites rencontrés sont variés. On en oublierait presque la fatigue, subjugués par ce qui défile sous nos yeux. Une balade absolument unique ! ■
Une dernière vue sur le château de Beynac. On ne se lasse pas d’un décor si unique.
Photo © Bruno Marty
Le château des Milandes est le dernier château rencontré lors de cette attrayante balade.
Photo © Bruno Marty
François Feray, guide assermenté, et Bruno Marty, photographe et reporter indépendant.
Photo © Bruno Marty
Article paru dans Sud Ouest [édition Bergerac-Sarlat] du 15 mai 2018.
INFOS PRATIQUES
VALLÉE DE LA DORDOGNE
COMMENT S’Y RENDRE ?
De Paris : A20 direction Brive - Souillac - Sarlat
De Bordeaux : A89 direction Périgueux
QUAND Y ALLER ?
De mai à octobre
OÙ LOGER, OÙ MANGER ?
Nombreux gîtes, campings et restaurants
Contacter les Offices de tourisme de Domme ou Sarlat
PARTICULARITÉS LOCALES
Foie gras - Confit de canard - Cèpes - Truffes - Gâteaux aux noix
LES COINS À NE PAS MANQUER
Les nombreux châteaux et petits villages avec le label "Les plus Beaux Villages de France"
SUP Périgord
GPS
Longitude : 01° 12’ 10" E
Latitude : 44° 48’ 13" N
François FERAY
Le Couderc - 24250 CÉNAC
Fixe : 05 53 30 34 58
email : sup.perigord@orange.fr
website : www.sup-perigord.com
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