Verrues ou œuvres d'art.
Depuis qu'il y a des parts de marché à prendre, les opérateurs commerciaux s'ingénient à imposer leur force de vente par tous les moyens qu'ils pensent susceptibles de marteler les esprits.
Bien avant que la publicité n'ait réussi à s'imposer par les moyens médiatiques, les murs servaient de supports à ces "formatages" des esprits. Pour certains, cela n'était qu'un banal cadre imprimé en noir dans le crépi du mur ; "CHOCOLAT MENIER" était fréquent. Pour d'autres, c'était de belles fresques murales qui avaient du mal à vieillir sans altérer le décor, "Dubo, Dubon, Dubonnet" ou "Exigez la Brillantine Forvil" ou "Souriez Gibbs", et bien d'autres.
À l'époque, on ne connaissait pas le marketing et la notion de retour sur investissement, était plus qu'approximative.
Ces pavés sur les murs ont peut-être guidé des acheteurs mais, depuis, pour la majorité d'entre-eux, leur mission est devenue obsolète mais elle continue de fixer les regards.
Notre amie Martine Subil a glissé sur son Facebook, l'info précisant que la Ville de Grenoble a décidé de remplacer tous les panneaux publicitaires par des arbres. Espérons que les yeux des Grenoblois apprécieront ce recul de l'agression publicitaire.
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Dubo, Dubon, Dubonnet. Figure de style au rythme ternaire, a été parfaitement enregistrée par l'opinion.
Photo © Bruno Marty
Le Dubonnet contre le paludisme
Comme le Picon, le Dubonnet fut inventé pour soigner les malades du paludisme en Afrique du Nord. C'est le chimiste Joseph Dubonnet (1818-1871) qui compose cette boisson à base de quinine, issue du quinquina. Si la boisson est fébrifuge et antipaludéenne, elle a un fort goût d'amertume qui ne plaît pas à tous les palais. Pour y remédier, Dubonnet y introduit des herbes et des épices, faisant de ce vermouth, une boisson appréciée. Elle quitte alors la cantine des légionnaires pour gagner les bars et les cafés et y être consommée par les amateurs civils. |
Le Quinquina Dubonnet devient un apéritif à la mode. On le trouve en rouge (base grenache noir et carignan) et en blanc (grenache blanc et macabeu). L’assemblage vieillit un an en foudre de chêne ; puis, vient l’aromatisation par infusions naturelles et macération dans une partie du vin de base. Le concentré obtenu est alors ajouté au vin de base auquel s’ajoutent des dosages aromatiques. En 1976, la marque est rachetée par le groupe Pernod Ricard qui la commercialise encore aujourd’hui.
Une publicité mythique : "Dubo, Dubon, Dubonnet ! "
Le virage raté de Dubonnet
À l’heure des whiskies et des vodkas, les vermouths ne semblent plus avoir leur place. Ils font trop vieux, peut-être, ils renvoient trop au passé. L’image de leur marque n’a pas su se renouveler et les goûts changent. Pourtant, leur moindre degré alcoolique leur donne un avantage certain et leur palette aromatique est loin d’être négligeable. Leur salut passe-t-il forcément par les cocktails ? C’est finalement les diluer et leur retirer leurs spécificités. On pense à d’autres vermouths : Martini, Ambassadeur, Americano. Martini a réussi à conserver une image de jeunesse et de fraîcheur que n’ont pas les autres.
C’est dommage, car les vermouths, dénommés également apéritifs à base de vin, ont une vraie raison d’être et ils ont toute leur place dans les apéritifs. Mais cela, c’est une autre histoire, qui raconte aussi bien les marques que les habitudes alimentaires et les projections marketing. La preuve qu’il faut sans cesse investir dans la publicité pour ne pas disparaître.
Grâce à Cassandre, Dubonnet a très bien réussi ses affiches, mais il n’a pas réussi à poursuivre cette lancée à la télévision. Hormis une publicité télévisée avec Fernandel, à destination des États-Unis, et une autre dans les années 1980, la boisson s’est fait dépasser par le marketing.
Tandis que « Dubo, Dubon, Dubonnet », cela reste ; même chez ceux qui n’ont jamais vu une bouteille à leur table.
https://www.contrepoints.org/2016/11/07/270837-dubo-dubon-dubonnet
Tout près de la place d'Armes de Belvès, ce mur a promu Dubonnet pendant des décennies.
Photos © Bruno Marty
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Ce mur fongauffiérain, lui aussi, clamait le nom du chocolat. Il n'est pas du tout certain que le coût de la prestation de l'artisan se soit traduit par des bénéfices pour l'épicier de l'époque d'avant guerre.
Photos © Bruno Marty
Menier, laboratoire chocolatier, ouvre à Noisiel dès 1825, la plus belle page de son histoire avec Antoine Brutus Menier, pharmacologue parisien, fondateur de la dynastie d'industriels du même nom, qui décida de déplacer son usine de produits pharmaceutiques, alors située en plein quartier du Marais à Paris, là sur les bords de la Marne, à Noisiel, sur le site de l’ancien moulin de Noisiel. Le rapport avec le chocolat n'est pas loin car, à l'époque, le cacao entre dans la composition de certains médicaments : l'arôme pour le goût, la graisse pour les suppositoires.
La cité ouvrière, impulsée par Menier, fut un exemple de réussite sociétale de son siècle.
Ce mur capdrotien servit de vecteur publicitaire au Petit journal. La date de cette peinture murale demeure inconnue.
Photos © Bruno Marty
S'agit-il du journal conservateur, il tirait jusqu'à 1 000 000 d'exemplaires, qui chevaucha les deux siècles précédents, je ne saurais le dire. Ce journal, réactionnaire mais prudent, s'est bien gardé de s'affirmer lors de l'Affaire Dreyfus. Le vent libertaire de la Libération l'emporta.
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Demain : Deux Nathalie en mission européenne.
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