Un journal, c'est la conscience d'une nation.
Doit-on, peut-on, sauver L'Écho ?
Encore un thème qui va en "dailler" beaucoup !
On peut considérer que, dans notre pays, La liberté de la presse, un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques, qui repose sur la liberté d'opinion et la liberté d'expression est un acquis emporté, certes, de haute lutte. Ce n'est pas évident partout dans le monde, de loin s'en faut. L'article 11 de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dispose : " La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. " L'article 19 de Déclaration universelle des droits de l'homme aussi dispose la protection de la liberté de la presse. La Troisième République consacre la liberté de la presse avec la loi du 29 juillet 1881 qui connaît son âge d'or à cette période. Le régime de Vichy dénature cette loi. Ceci, c'est pour les grands principes ; mais, pour que la liberté de la presse soit dans les faits, il faut que les médias aient les moyens financiers d'imprimer et de diffuser. Là, c'est un autre débat. |
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“Un journal, c'est la conscience d'une nation.”
Émile Zola. Image francecuture.fr. Si l'on ne devait garder qu'une sentence de ce grand témoin du XIXème, , ce serait, sans aucun doute, "J'accuse". |
Le journal L'Écho a connu bien des périodes difficiles, voire très difficiles. Celle qu'il va aborder, au-delà du 9 novembre, sera la plus terrible.
À partir de cette date, le journal ne composera plus de pages locales. Au niveau régional, il va perdre 5 de ses collaborateurs. Perçu comme un journal d'opinion, héritier d'une culture résistante et communiste, L'Écho contraint à des coupes drastiques, se pose la question fondamentale de sa survie.
C'est là, rue Antoine Gadaud à Périgueux, que se composent les pages départementales du journal. On notera que les correspondants locaux sont tous bénévoles et, naturellement, ne reçoivent aucune rémunération.
“Moins un journal a d'abonnés, plus il est libre .”
Jacques de Lacretelle, écrivain français, Image Académie française
Après la mort de son père, consul de France à Alexandrie, Jacques de Lacretelle est élevé par son grand-père Pierre-Henri de Lacretelle, poète, ancien député et ami de Lamartine. Élu à l’Académie française, le 12 novembre 1936, il y siègera quarante-huit ans.
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Pendant la Première Guerre mondiale, il ne peut rester sur le front pour des raisons de santé et se consacre alors à la littérature. Dès 1922, il reçoit une distinction pour son second roman, 'Silbermann', couronné par le prix Femina. Il connaît le succès bien que son œuvre étonne. D'un naturel pessimiste, l'auteur écrit sans se soucier des conventions mais toujours avec un style parfaitement et élégamment classique. Élu à l’Académie française, le 12 novembre 1936, il y siègera quarante-huit ans.
La citation de l'académicien, d'une justesse imparable, fait l'impasse sur les moyens d'existence de la presse.
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En France, le développement de la presse d'opinion a commencé avec les mazarinades. Les journaux Libération et Le Figaro sont deux exemples de journaux français d'opinion.
Que reste-t-il de la presse communiste française ? Sans prendre de risques énormes, on peut dire que celle-ci s'effondre jour après jour. L'Humanité, média national tout comme La Marseillaise, quotidien provençal, ont bien du mal à tenir la tête hors de l'eau. L'Écho qui, depuis la fin du siècle dernier, n'est plus l'Écho du Centre mais L'Écho Dordogne, l'Écho Corrèze, etc. n'a réussi à survivre que sous perfusion depuis que le tsunami anti-communiste de 1981 a mis à genoux, le parti qui fut, par son nombre de suffrages, le premier de la Libération, à l'avènement de la Vème République et même, en partie, au-delà.
La naissance résistante de l'Écho. La période transitoire que représente la fin de la guerre dure près d'un an. En France, beaucoup de publications issues de la Résistance et de la clandestinité disparaissent très vite, faute de moyens et d'un lectorat suffisant. À Limoges, pour durer, L'Écho du Centre et La Marseillaise décident de fusionner. L'affaire se conclut le 13 juillet 1946. Le nom VALMY disparaît du titre.
L'Écho du centre a toujours été un accompagnateur militant des grandes causes. Rapidement, la paix dissout l'unanimisme né de la Résistance. S'ajoutant à cela, le contexte international de conflit entre les alliés d'hier, États-Unis contre URSS, L'Écho du Centre subit cette rupture de l'intérieur. Né de la fusion d'une publication de sensibilité communiste - VALMY ! - et d'une publication de sensibilité gaulliste - La Marseillaise -, il voit peu à peu sa rédaction se diviser et le journal devient alors le strict porte-parole du parti communiste.
Dans la dureté des années de guerre froide, les prises de position des journaux sont très polarisées. À Limoges, Le Populaire publie les diatribes anticommunistes de Jean Le Bail — le feuilleton Limousin terre d'épouvante, pour accabler le résistant Georges Guingouin (qui venait d'être exclu du Parti communiste) ; et le sénateur socialiste Georges Lamousse écrit des manifestes pour l'Algérie française qui cachent à peine sa " compréhension " pour les terroristes de l'OAS. L'Écho n'évite ni les excès ni les ridicules.
L'Écho ne concède rien sur les guerres d'Indochine et d'Algérie, ce qui lui vaut des saisies périodiques, la dernière au lendemain de le répression policière de la manifestation parisienne contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Au plan régional, il est le porte-parole des grands mouvements sociaux — les longues grèves de 1947 et de 1953, Mai 68, décembre 1995 — des luttes paysannes du comité de Guéret, des défenseurs de Mis et Thiennot.
Où le bât blessait-il ? Il faut bien admettre qu'un journal de province, pour asseoir son lectorat, a plus besoin de disserter sur des sujets, souvent anodins, plutôt que politiques. Les lecteurs regardent en premier, le carnet des décès, et préfèrent les pages typiquement locales. Il tient à voir qui a pris la présidence du club de rugby, où va avoir lieu la prochaine félibrée, qui en sera la reine, où en sont les grands chantiers, etc. Les grands débats politiques, s'ils sont suivis, ne constituent pas les axes fondamentaux. Les journaux dits d'information disposaient de fonds importants. Ils savaient et pouvaient compter sur un lectorat tout venant.
Beaucoup de régions n'ont pas ou n'ont plus de journaux ouvertement politiques. Prenons l'exemple de Toulouse, terre jadis radicale et SFIO. La Dépêche, quotidien sans concurrent, dont l'historicité est associée à la famille Baylet, taxée à tort ou à raison de radicale de gauche, "roulait", au moins implicitement, pour les mitterrandistes. Cela n'a pas empêché les formations qui ne l'étaient point, de s'imposer à Toulouse, Montauban, Albi et Tarbes, en défaisant là la gauche modérée, pour d'aucuns, présumée invulnérable dans ces vieux bastions du radicalisme, et en boutant à Tarbes, les communistes hors de leur unique hôtel de ville dans une cité chef-lieu de département en Occitanie.
La P.Q.R [presse quotidienne régionale] influence-t-elle l'électorat. C'est, aujourd'hui, manifestement difficile à dire mais il paraît permis de penser qu'elle a plus joué dans le passé que de notre temps.
Il n'en demeure pas moins que la disparition de la presse d'opinion sape les outils de la démocratie. La presse d'information, elle aussi, a des problèmes de survie. Saurons-nous trouver dans les J.T, qui n'oublient pas, à chaque édition, de nous introduire au moins une apparition présidentielle, les informations nécessaires à notre observation citoyenne ?
Dans une terre où les idéaux d'une gauche de transformation sociale, se sont effondrés et où les adeptes du mitterrando-hollandisme se sont imposés sans partage, tant dans les esprits que dans les structures, est-il cohérent et pragmatique de souhaiter que des fonds publics ou des contributions volontaires viennent en aide pour soutenir un journal qui est en grande, grande, difficulté.
Qu'il me soit permis, non de faire mienne la sentence de Zola, ci-dessus, je n'aurais point cette insolente et ridicule prétention, mais de l'approuver sans réserve, si ce n'est que je la tournerais, plutôt, au pluriel "Les journaux sont la conscience d'une nation"... et peut-être du monde civilisé.
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Demain. "Octobre rose", une action féminine toujours d'actualité.
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