Témoignages post mortem pour un résistant
Lundi 10 septembre, nous étions au moins 200, réunis à Grives, pour rendre un dernier hommage à Georges Fongauffier.
Le long listage des messages de sympathie rédigés lors de cette cérémonie, allaient droit au coeur de Serge, mon ami de jeunesse, et à tous les siens.
Au-delà de ces messages, deux personnes ont exprimé leur émotion pour ce départ. Françoise Boutaud, rédactrice de la Lettre des partisans, m'a adressé le texte de sa lecture lors de la cérémonie et Claudine Wroblenski-Courtel, compagne d'Alain Giffault, m'a envoyé un courriel pour regretter de ne pouvoir être des nôtres lors de ce moment. Claudine, dont le père est tombé à Fongauffier, face aux hôtes indésirables, le 24 juin 1944, est la compagne d'Alain Giffault, fils de l'instituteur de Grives qui, le 9 août 1944, fut abattu au barrage de Tuilières. Claudine et Alain, s'ils étaient absents, lundi, à Grives, étaient des nôtres par pensée.
Merci à elles deux pour leur partage émotionnel.
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Lecture de Françoise Boutaud
Bonjour Georges,
Non, nous n'avons pas fait la guerre ensemble ; quoique, comme toi, j'ai vu des Allemands, ceux qui défilaient chaque jour, dans ma rue, à Libourne. |
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Françoise Boutaud |
Ceux qui auraient pu, le mieux, évoquer ton passé de résistant :
- René Coustellier, notre Soleil, qui nous a quittés, l'année dernière, et auquel tu es toujours resté fidèle, contre vents et marées.
- Marthou, l'infirmière du groupe, qui est partie, elle aussi, il y a peu de temps.
- Maurice Clavière, le président de l'Amicale, notre fidèle porte-drapeau, bien trop ému pour prendre la parole.
- Pierre Mouchague, "Sirocco", trop fatigué pour venir de son lointain Médoc et qui a pleuré en apprenant la nouvelle.
- René Richez, "Baron", Marie Coustellier, la fidèle Marie, eux aussi trop fatigués pour venir du Var.
- Alexandre Pistolozzi, présent, mais que c'est dur pour lui aussi…
Retenez bien ces noms : vous ne les lisez pas dans les journaux, au moment des commémorations : on est en train de rayer le nom "Groupe Soleil"…
Le Georges que nous connaissons, c'est le secrétaire de l'Amicale, qui veillait au fleurissement des stèles, organisait nos réunions, 3 ou 4 fois par an, Et, c'est au cours de l'une d'elles que Soleil évoqua ta participation au déraillement d'un train, dans le Pays Basque. Pour toi, ce n'était qu'une formalité… C'est vrai, tout le monde peut en faire autant, c'est banal !!! Si on en juge d'après les médailles que tu as reçues… tu as été très modeste dans ton évocation mais tu n'aimais pas te mettre en avant.
Et puis, tu organisais nos réunions, 3 ou 4 fois par an, notre repas annuel de l'A.G. Et, là, ton œil "frisait". Tu nous racontais des anecdotes amusantes de votre vie de résistants…
Toujours au Pays Basque, tu évoquais cette veille de Noël où une patrouille de gendarmerie vous avait surpris en train de dépecer un mouton. Or, l'abattage clandestin était très sévèrement puni à cette époque mais il fallait quand même faire la fête !
Et, plus récemment, on te réclamait à la fin de notre banquet, l'histoire de l'Allemand qui, en visite touristique à Sarlat, retrouve un combattant de 14-18 et de 39-45. Histoire réclamée, maintes fois, mais tu la racontais si bien !
Et puis, et puis, la maladie t'a rattrapé…
Tu vois, Georges, ce sont tous ces bons moments, tour à tour tragiques, joyeux, émouvants, qui partent avec toi. Et, c'est au nom de l'Amicale, des enfants de ma génération et de celles qui suivent, que je veux te dire merci, merci, merci, pour avoir contribué à nous rendre le bien le plus précieux : la LIBERTÉ.
Bonsoir, Georges.
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Courriel du 9 septembre 2018
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