Soleil de plomb pour la félibrée
St CYPRIEN
Les organisateurs d'une félibrée appréhendent, au premier chef, la pluie. Souvenons-nous de 1981 quand la pluie du samedi au dimanche avait anéanti les décors floraux de Sarlat. En 2016, à Ste Aulaye, c'est le dimanche qui fut particulièrement pluvieux.
Une chape de soleil de plomb, c'est certainement peu incitatif pour les indécis mais c'est tout de même acceptable.
Christian Six remet la clé au président du Bournat. Image © Stéphane Klein. Sud-Ouest
La remise des clés.
Pour sa 99ème édition, la Félibrée avait choisi de se blottir sous les collines cypriotes, à deux enjambées de la Rivière Espérance. Son aire était bien grande de ses multiples portes à la Cour d'amour en passant par les vieux métiers.
La remise des clés prit le petit quart d'heure de retard. À la porte de Siorac, pour cette passation, on vit arriver beaucoup d'élus ceints de leur écharpe mais aussi un personnage provençal qui, pour rien au monde, ne se serait dérobé. Le capoulier Jacques Mouttet, premier personnage du félibrige, honore toutes les félibrées. Jean Bonnefon, le maître d'œuvre de cette manifestation occitane savoura sa réalisation menée avec brio.
Le long défilé des groupes sillonna la cité en réservant, bien sûr, le passage obligé de la traverse dont on oublie souvent de lui donner son véritable nom, rue Gambetta. Beaucoup de diversité dans ces groupes où les autochtones Les Reipétits du Coux se plaisaient bien chez eux, en hôtes d'accueil des voisins Menestrels de Sarlat, des messagers de l'Occitanie du Bergeracois, les Abeilles bergeracoises, les Cigales forcelaises, les Botorels de Monpazier. Plus nordistes, Les Tiralira de Champcevinel, les Crocants de Talleirand (St Léon et Grignols), les Dròles Chancelade, Los Belutas dau cantou Mussidan. Le sud était représenté par La Garance de Tonneins, les Troubadours de Guyenne Villeréal. Les Moscarets de Guyenne et Gascogne rappelaient par leur nom, la typicité de notre fleuve. En marge de l'Occitanie, Lou Bassouei Engolesma Angoulême assuraient la charnière charentaise.
C'est Raymond Boissavy, l'inamovible abbé cypriote, qui célébra l'office félibréen en manipulant l'occitan du Limousin et le français. On était loin de l'emblématique Curé Bonal qui a marqué l'imaginaire des paysans du Périgord, dans Jacquou le Croquant, le chef d'œuvre d'Eugène Le Roy.
Après l'office, ce fut l'hommage au personnage le plus populaire du pays cypriote, qui fut rendu sous la plaque qui porte son nom à la porte de Siorac. Beaucoup d'émotion pour saluer le Dr Pierre Boissel, ce médecin qui, s'il a bien travaillé pour ses patients, a aussi beaucoup réfléchi sur la condition des plus humbles. Il a su traduire les scènes de toutes les misères qu'il a connues, avec truculence et humour. La gal a canta, sa magnifique pièce en 5 actes, fut citée lors de cet hommage.
La félibrée, c'est aussi une reconnaissance de ses portes. La plus spectaculaire fut celle de Meyrals. C'est un clin d'œil aux châteaux qui, dans la vallée de la Dordogne, ont été des vigiles de deux puissances qui, jadis, guerroyaient sur nos terres. Autre porte impressionnante, celle de la rivière qui est, en quelque sorte, une réplique du Pont du Garrit ouvrage séculaire de franchissement de la Dordogne qui, aujourd'hui, est classé, grâce au travail de bénévoles qui, aux côtés du président Bonnefon, ont su éviter le pire pour cet ouvrage qui devenait quasiment inusité à cause de son gabarit.
En s'égarant un peu, on pouvait découvrir de vieux métiers où le savoir-faire de nos anciens, travailleurs du bois ou feuillardiers interpellent les visiteurs. Un petit regard admiratif sur les mécanismes de Picot et Arbutus. Plus loin, on découvrait des artistes, sculpteur, ou passionné des vieux moulins, qui fascinaient les admirateurs.
La félibrée qui remonte à une époque où les voitures étaient essentiellement des jardinières, trouvait à St Cyprien, une belle calèche toute proche de superbes voitures de collection qui, fort heureusement, arborent notre numéro 24.
En parcourant les rues ombragées, on rencontrait les groupes en répétition qui entretenaient leur répertoire et un vibrant Se Canto nous ramena à l'ère de Gaston Phébus.
St Cyprien a accueilli nos amis du vignoble et les noms de Rosette, Monbazillac, Pécharmant et Montravel, rappelaient que le bon vin ne venait pas seulement de St Emilion comme le chantait Jo Dassin.
St Cyprien, terre tabacole, que les tabaculteurs d'antan appelaient Sent Cibran, a renoué avec l'occitan et l'Occitanie pour un week-end ou, plutôt, pour una fin de setmana.
Le gardien des clés.
Premier personnage félibréen, Jacques Mouttet a traversé les terres du sud pour honorer de sa présence, cette manifestation occitane.
Jean Bonnefon, que l'on ne présente pas, est l'artisan de ce rassemblement.
Il est ici en compagnie d'une journaliste d'Outre-Atlantique. Elle est charmante... ce qui ne gâte rien.
Christian Six comptera dans les rangs des maires félibréens.
Didier Roques, Siorac, fut le seul premier magistrat, représentant des Terres de Nauze, de l'ancien canton de Belvès, à participer.
Sébastien Lepetit, sous-préfet, quasi incognito.
Il me semble reconnaître ce personnage tout de noir vêtu. Il est superbement accompagné.
Mais oui, mais c'est bien sûr, je l'ai connu, c'était hier, quand il allait à l'école pour la première fois.
Une offrande au Dieu des vendanges portée par les Libournais.
Ces gentes dames rappellent que le vignoble, en Périgord, conserve de belles assises.
Ce mycologue revient avec un panier de cèpes... factices.
Raymond Boissavy, un abbé toujours fidèle au pays cypriote. Il n'a que des amis... y compris chez les agnostiques.
Jean Bonnefon est le "conservateur" du pont du Garrit. Il fallait bien que cet ouvrage ait une place dans la félibrée.
La porte de Meyrals. Elle évoque la multitude de châteaux de la vallée de la Dordogne.
Un artisan briviste expose ses pièces d'horlogerie.
L'huile de noix, jadis, était employée par les paysans peu fortunés ; aujourd'hui, elle est un produit haut de gamme.
Travailler le bois avec des outils manuels, c'est une belle forme de noblesse.
En Périgord, le lieu de battage s'appelle le sol.
Deux jeunes en errance autour d'un vieux tracteur de Société française.
Un sculpteur à pied d'oeuvre.
Photos Pierre Fabre
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