Pèlerinage sourcier, (volet n° 2). Le génie civil a su préserver une magnifique fontaine sioracoise
SIORAC-en-PÉRIGORD
Après l'échappée verte capdrotienne, dans la couronne monpaziéroise, revenons à notre sillon nauzérois et attardons-nous sur la Fontaine de Saint Joseph. Ne me demandez pas pourquoi nos anciens ont introduit cet hagiotoponyme pour désigner cette source. La dénomination du proche pont des Sœurs, ouvrage concomitant, elle, s'explique par la proximité du couvent. D'une part, j'ignore le pourquoi du choix et, d'autre part, sans la regrettée Angèle Manet-Gibert qui habitait tout près, [au lieu-dit Au Champ où Jean, son fils, conçut le golf de la forge], je n'aurais point su si cette belle fontaine avait eu un microtoponyme pour la désigner.
Ce fort beau bijou, hélas bien méconnu de nos jours, borde la R.D. 710. Il faut préciser qu'il est plutôt incommode d'accès. Rappelons que la R.D. 710 épouse l'itinéraire de la voie romaine Vesunna-Divona (ou Divona Cadurcorum).
Un petit mot pour parler de ces deux cités gallo-romaines qui ont valu l'ouverture d'une voie romaine qui, a priori, n'avait point de nom.
Divona. Cadurcorum Cadurca Caturca (Cadurcensis civitas) Caors... Cahors...
Nous avons perdu le divin !
Vesunna, tient son nom de la déesse poliade de l'eau et de la fécondité. Cette déesse fut parfois qualifiée de Tutela Augusta, soit "auguste protectrice". Cette divinité gauloise a été reprise dans la religion romaine. D'aucuns pourraient, à tort ou à raison, trouver dans cette "reprise" , un consensus à cette assimilation gauloise dans l'avancée romaine. Vesunna est l'actuel quartier sud de Périgueux. Dans cette ville, les Pétrocores vénéraient Vesunna. Pour ce faire, ils se mouvaient en procession et, hélas, trois fois hélas, affirmaient leur adoration, par des rites de sacrifices. Il nous plaît de croire que nos lointains Pétrocores n'avaient certainement pas mesuré l'absurde et insensée cruauté des diaboliques rites théocratiques.
Situons notre route. Quand cette antique route fut, une première fois, départementalisée, elle prit le numéro 11, dans notre département, on disait la route de Cahors, jusqu'en 1930 où elle prit rang de route nationale. Elle conservera ce classement jusqu'en 1973, date où elle revint à nouveau dans les voies départementales. À l'époque, on les appelait encore sur les documents, les chemins départementaux. L'ancienne R.N. 710, comme le C.D. 26, du poteau du Bos au Moulin de Lataillade, au pied de Beaumont, fut donc ramenée, pour quelques années, dans le listage des chemins !
Au cours du XIXème siècle, la route n° 11 fut sérieusement retouchée et devint l'axe latéral à la Nauze qui prit, à peu de chose près, l'assiette de la R.N. 710.
Aujourd'hui, cette route, par les décisions municipales de Siorac, Sagelat, Monplaisant, Larzac et Mazeyrolles, est en voie de devenir, sur sa section qui relie Siorac à Mazeyrolles, la Route des moulins.
Revenons à notre fontaine de Saint Joseph. L'a-t-on affublée d'un hagiotoponyme pour poursuivre modestement un culte de l'eau, comme les antiques Pétrocoriens pour Vesunna, sincèrement je ne le pense pas…
Cette fontaine c'est, tout simplement, un tout petit miracle. Quand on a, juste après la moitié du XIXème siècle, tracé l'itinéraire de la voie ferrée, il fallait, primo, autant que faire se pouvait, lui donner un profil le plus doux possible, secundo, respecter le patrimoine foncier et agricole et, tertio, éviter que la ligne soit inondable.
Quand les bâtisseurs de l'assiette de la voie ferrée, ont trouvé ce modeste filet d'eau, ils se sont appliqués à le conserver, le plus adroitement possible, en le rendant accessible aux habitants et aux passants. À l'époque, on se déplaçait beaucoup à pied et cette fontaine fut, pendant un gros siècle, un lieu de désaltération.
Ces dernières années, la fontaine fut envahie par la végétation et ces dernières semaines, des mains anonymes se sont attelées à expurger, peut-être un peu excessivement, toute la flore aquatique qui avait pris place dans cet ouvrage. Ainsi, la Fontaine de Saint Joseph a retrouvé son panache d'antan.
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Ses bâtisseurs ont certainement recherché la fonctionnalité mais, au moins tout autant, ils ont voulu sauvegarder l'harmonie des lieux.
Photo © Bruno Marty
Il faut bien admettre qu'ils nous ont légué un superbe petit bijou.
Photo © Bruno Marty
Le "pèlerinage fontainier" se poursuivra, dans la semaine, avec la Fontaine de La Tute.
Plus tard, en respectant les éventuelles réserves des propriétaires, nous nous rendrons à la Pioulade, magnifique source adjacente à la Nauze, elle n'a jamais subi de modification humaine ; son orthographie est contestable, Pioulade, terminologie occitane veut dire lieu de peupliers. Nous poursuivrons avec une autre magnifique source adjacente à la rivière, puis nous irons, ensuite, surprendre une ou deux exceptionnelles sources collinaires. J'invite le lectorat qui trouve excessif, cette thématique des sources, soit à le formuler dans un commentaire, soit à ne point s'y attarder.
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