La Robertie, lieudit sagelacois, portail oriental de Fongauffier.
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La Robertie, vue du Bloy. Photo Pierre Fabre.
Les toponymes, souvent ruraux, dont la forme se termine par ie, La Brunie, La Séguinie, La Borderie, La Martinie, La Boisserie, en général, ont été structurés à partir d'un prénom, par exemple La Robertie, patrimoine de Robert, ou d'un nom, la Meynardie, propriété de Meynard.
Ces prénoms, ou noms, nous viennent de loin dans l'histoire et, pour la majorité d'entre eux, ne laissent pas de traçabilité.
La Robertie, à Sagelat, a certainement au moins trois siècles de vie. La carte de Cassini en fait état, avec l'orthographie d'une époque à peine différente, La Roberthie. On notera que les travaux des Cassini sont l'œuvre de la famille Cassini, principalement César-François Cassini (Cassini III) et son fils Jean-Dominique Cassini (Cassini IV) au XVIIIème siècle. Ces travaux ont connu de multiples reports pour s'achever, il y a, tout juste, trois siècles, en 1718.
La Robertie, sur la R.D. de la Nauze, à l'époque gallo-romaine, était au bord de la voie qui reliait Périgueux au Quercy cadurcien. Si l'itinéraire de Périgueux, Vésonna, est clairement identifié, pour Devona, Cahors, il n'en est pas de même et les variantes ne manquent pas. Plus tard, cet itinéraire fut une des multiples greffes du proche chemin de St Jacques ; mais, notre passage " nauzerois " n'était pas franchement sur l'un de ces grands axes. Celui du Puy s'atteignait vers Cahors.
L'altitude de La Robertie, entre 75 et 80 mètres, fait que ce lieudit se place merveilleusement, pour l'implantation de moulins. La Robertie en compta deux. Tous les deux ont subi, en septembre 1812, la furie catastrophique et meurtrière de la Nauze. Celui qui était le plus en aval, emporté en totalité, n'a jamais été reconstruit. Le moulin qui est à l'entrée Est de Fongauffier était, sous l'Ancien Régime, le moulin abbatial.
On notera l'emplacement idéal pour implanter le moulin. Tous les amis des moulins savent bien que ceux-ci sont bâtis sur un bief. Cet ouvrage nécessite la création d'un canal d'amenée. Celui-ci part d'un ouvrage de dérivation qui doit impérativement donner la préséance au cours d'eau naturel. Le bief, d'autorité, légèrement au dessus du cours d'eau naturel, se situe à l'abri des crues et débordements. Il est soulagé par le canal de décharge et s'apure, en totalité ou partie, par le déversoir.
La Robertie, comme presque tous les sites de meunerie, avait une ferme adjacente. Elle appartint à une famille hautement appréciée dans le village. Dans son patrimoine, elle enchâssait la superbe source de Fonpasserelle. Cette généreuse source a servi à l'adduction d'eau potable. Quand les ouvriers chargés de la préparation du chantier, ils étaient thibériens et travaillaient pour l'Entreprise Vigier, ont découvert, avec surprise, lors du mémorable hiver 1956, qu'ils extrayaient de la vasque, des centaines de tuiles romanes, ils étaient fort intrigués. Heureusement, pour la toute petite histoire, le donateur de la source, le populaire Amédée Delmond, dit Médou, les rassura et leur a dit que le plus proche moulin de la Robertie avait été emporté par la crue dévastatrice, 154 ans auparavant, et que personne n'avait curé la vasque, depuis.
Cette vasque était même un lieu de légende que l'on contait volontiers aux petits enfants. Un lieu de sables mouvants engloutissant ceux qui oseraient s'y aventurer… et j'y avais cru.
À la fin du Second Empire, quand le chemin de fer était en construction, entre 1855 et 1863, il y avait des kyrielles de tâcherons qui s'abritaient, se nourrissaient, un peu comme ils pouvaient. Le petit village fongauffiérain compta jusqu'à cinq auberges de fortune pour ce chantier. Une avait pris place à La Robertie.
La ferme de La Robertie, c'était au début des années 50, au cœur de l'été, un hameau où les voisins discutaient, assis sur le banc, jusqu'à "plus d'heure" après le dîner. Il n'y avait point de programme TV. Là, il se racontait des histoires de gens d'ici... et d'ailleurs. Elles fascinaient mon enfance. Là, un inoubliable et sympathique républicain espagnol, je crois bien qu'il était catalan, avait trouvé refuge.
La Robertie, c'est, aussi, le lieu natal, 2 octobre 1902, de mon géniteur ; et, pour cela -et tant d'autres choses-, j'y suis affectivement attaché.
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Demain. Doissat a rendu un vibrant hommage à Jean-Georges Martegoutte.
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