Il y a 3/4 de siècle aujourd'hui
Le monde était, ce jour-là, encore à feu et à sang, de la Méditerranée à la Mer du Nord, de l'Atlantique au Pacifique, en passant par le Caucase et les péninsules asiatiques.
Les grands de ce monde savaient que le terrifiant et immonde petit caporal autrichien allait vivre ses dernières semaines ; mais, ces hommes, qui n'étaient pas des paysans, savaient que pour moissonner un jour, il leur fallait, d'abord, s'atteler à définir une emblavure et, pour ce faire, ils entendaient s'approprier ce qui, à leurs yeux, leur revenait de droit. Les colonisateurs ne se sont jamais préoccupés de l'héritage ancestral des peuples, ni du sort des populations. Peu importe, par exemple, le sort des résistants grecs ou du peuple polonais… On verrait plus tard…
Ce 4 février 1945, il y a donc tout juste ¾ de siècle aujourd'hui, Yalta, superbe station balnéaire de la Mer Noire, devint un "cabinet de géomètres" où trois "géomètres experts" implantaient les poteaux virtuels de l'espace, "pour faire simple", disons libéral et de l'espace qu'ils concédaient à la dictature de l'Est.
Image Vikidia
Il y a 75 ans aujourd'hui, les maîtres du monde se partageaient donc le patrimoine planétaire.
Il y avait là, de gauche à droite, le premier majordome d'une monarchie colonialiste et théocratique, le mandataire de la première puissance financière, malade il était miné par l'épuisement, et un des plus rudes dictateurs de son siècle.
De cette ville balnéaire, les maîtres du monde allaient implicitement être les "terrassiers" des fondations de l'immonde "rideau de fer" qui fut un des plus machiavéliques ouvrages de l'Europe.
Une grande page de l'histoire s'écrivait ce jour-là, loin des bombes qui terrassaient les populations, loin du Havre et des villes normandes devenues champs de ruines, loin de Pearl Harbor, d'Hiroshima et Nagasaki, villes martyres, pièces maîtresses démonstratives de la supériorité militaire, qui allaient payer le prix le plus fort de la démence humaine. Quand les premiers bourgeons, en Crimée, allaient éclater dans ce havre russo-ukrainien, on dissertait à l'envi, en langage codé, sur les futurs "titres temporels de propriété".
Sur les bords de la Mer Noire, un épisode majeur du siècle précédent s'ouvrait. Il fit partie de l'histoire, de la grande histoire, comme nous le disait Jean Delbès, notre merveilleux pédagogue, professeur émérite d'histoire, depuis une treizaine, il était revenu de l'autre rive du Rhin. Alors que nous n'étions que des préadolescents, il nous définissait l'histoire, cette encyclopédie vivante en perpétuel recommencement, qui ne s'arrête jamais.
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