En 1917, ceux qui étaient confortablement à l'abri, voulaient "gagner la guerre".
PAYS de BELVÈS
L'année 1917, au cœur de la première guerre mondiale, aurait pu être l'année du dénouement de cette terrible catastrophe que fut cette tuerie.
Le 18 novembre, dans la salle d'honneur de la mairie, Gilles Heyraud a jalonné ces moments dramatiques qui ont vu ces malheureux poilus perdre la vie, dans des conditions inhumaines, à la bataille d'Arras ou au Chemin des Dames. Cette année 1917 fut, aussi, celle qui, le 6 avril, fit entrer les États-Unis dans la guerre et celle qui fit choir les Romanov.
Tout cela, c'est de l'histoire ; et, Gilles Heyraud, par son travail titanesque, a parfaitement su restituer cette chronologie où l'humanisme des décideurs était aux "abonnés absents".
L'orateur a parlé des épisodes douloureux des mutineries qui ont coûté la vie à de bien braves soldats qui ont été fusillés pour l'exemple. Gilles Heyraud, parlant des recours en grâce, précisa que le président Poincaré, il abhorrait faire exécuter ses propres soldats, les acceptait quasiment tous. Ce ne fut pas le cas pour le malheureux Lucien Bersot qui fut fusillé le 13 février 1915, pour son refus de porter un pantalon rouge en loques et maculé de sang, pris sur un soldat mort. Le président n'a pas eu le loisir d'examiner son recours en grâce. Lors de cette conférence Gilles Héraut jeta un furtif regard sur le pathétique film Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory), film de guerre américain de Stanley Kubrick, en noir et blanc, sorti en 1957, inspiré du livre éponyme de Humphrey Cobb paru en 1935. Les Sentiers de la gloire font figure d'un cinglant réquisitoire qui n'épargna pas la plus haute hiérarchie.
Je ne reviendrai pas sur la prestation de Gilles Heyraud. Elle fut, certainement, d'une précision remarquable. Je noterai cependant que, sauf distraction, je n'ai pas entendu que, le 10 décembre, le prix Nobel de la Paix fut attribué au Comité international de la Croix Rouge.
On a, dans notre pays, plus de mal à référencer une artère urbaine du nom d'un humaniste comme Henri Dunant, que d'un prestigieux nom issu de cette kyrielle de maréchaux qui ont franchi le cours du Styx, non pas "sabre au clair", ouvrant la charge de leurs troupes, ces sacrifices-là sont réservés à la plèbe, mais dans le creux de leur lit.
Je n'ai pas entendu, non plus, parler de l'offre de paix de Charles 1er,, le dernier des Habsbourg qui est venu offrir la paix, avec cerise sur le gâteau, le retour des frontières à la configuration précédant la guerre de 1870.
Charles 1er n'avait absolument rien d'un républicain. Il entendait sauver "sa" maison d'Autriche mais il était animé par une respectable horreur de la guerre.
Ce monarque avait écrit, par exemple, le 2 janvier 1917 à Guillaume II : "Mon idéal, que vous approuvez certainement, est de favoriser le désir du monde entier : parvenir, enfin, à des négociations sérieuses et acceptables pour nos peuples et pour l’humanité. C’est là notre devoir". [Source http://www.catholica.presse.fr]
Reçu discrètement à Paris, le 11 février 1917, il rencontra par l’intermédiaire de William Martin, chef du service du protocole au Ministère des Affaires étrangères, Jules Cambon, secrétaire général du Quai d’Orsay, ancien ambassadeur à Berlin. La suite, hélas, verra que la chute du ministère Briand, remplacé le 19 par le cabinet Ribot, qui, tout en se déclarant favorable à la poursuite des négociations, a mis cette tentative en échec.
Clémenceau et Guillaume II, ardents partisans de la guerre, pourront donc, "à cœur joie", sans être inquiétés, poursuivre ce chantier diabolique.
La raison n'était pas plus au rendez-vous en 1917 qu'au Congrès de Versailles, 3 ans plus tard, là où l'on assembla les ingrédients de la plus terrible guerre de tous les temps.
L'envolée de Péguy est certainement appréciable comme une citation appelant au recueillement ; tout de même, au risque de me répéter, qu'il me soit permis de préférer, sans qu'il y ait la moindre comparaison possible, l'aphorisme pacifique de Paul Valéry. 1871-1945
"La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas."
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