Terres de Nauze

Elle a 100 ans aujourd'hui. Un siècle de passion, d'espoir, d'angoisse, de joies et de peines.

 

 

 

Tante Madeleine

Madeleine Andrieux-Destruel vit le jour à Monplaisant, aux Champs de la Renardie , le 27 mai 1920.

 

 

Quand Madeleine naquit, le canon s'était tu depuis 563 jours, soit 1 an, 6 mois et 16 jours, quand, dans la Clairière de Rethondes, des généraux et maréchaux, qui, bien entendu, n'avaient connu la guerre que de l'arrière, ont laissé croire que ce terrible conflit serait le dernier. Grand-père, lui, revint vers La Renardie, profondément diminué et affaibli.

 

Tante Madeleine fut dans cette humble ferme "renardienne", du lignage des Duchampt, la benjamine d'une nombreuse fratrie dont trois sont partis dans la toute petite enfance.

 

 

Revenons loin en arrière. Tante Madeleine prit  le chemin de l'école communale monplaisanaise où elle apprit à lire, écrire et compter avec André Delpeyrat comme instituteur. Dans cette petite école rurale, elle fut une bonne, voire une excellente, élève qui, cependant, n'a pas poursuivi d'études secondaires comme deux de ses aînés qui, normaliens, furent pour cette famille paysanne, particulièrement et légitimement, une fierté républicaine partagée.

 

À titre anecdotique,  sa fille Jacqueline, qui, pour ses chenapans de cousins, était Linette, bien qu'agrégée de l'université, parfois, la consultait pour trouver une expression juste. Notre Linette n'est plus  depuis le 14 janvier 2014. Elle s'est doucement éteinte dans les bras de Jean-Pierre, son mari, en relisant Tristan et Iseult, mythe littéraire, œuvre de poètes normands qui ont situé cette légende en Cornouailles, Irlande et Bretagne.  

 


Le départ de Linette, à 71 ans, fut le plus grand choc de Tante Madeleine.

 

 

Il y a tout juste 10 ans, la famille réunie autour d'elle, fêtait ses 90 ans dans la petite commune de Carvès où sa sœur aînée prit son premier poste à sa sortie de l'École normale.

 

 

Revenons maintenant sur sa jeunesse. Après sa brève scolarité, elle travaille à Belvès comme couturière. Là, elle noue une idylle avec Jacques, un jeune instituteur, son cadet de deux ans. Il prit son envol pédagogique à Nabirat. L'école de ce village, aux portes de Gourdon, sera, une décennie plus tard, le point d'ancrage, après son mariage, de l'autre instituteur de la fratrie, 6 ans après sa libération de sa captivité outre-Rhin. L'hyménée de Madeleine et de Jacques fut extraordinaire comme il fut rappelé lors de la sépulture laïque de l'oncle Jacques, officier de la Résistance, instituteur qui prit, plus tard, la direction du collège de St Astier.

 

Pendant la guerre, Tante Madeleine, jeune mère de famille, vit à Vergt-de-Biron quand l'occupant se distingue le 21 mai 1944 et embarque une soixantaine d'otages dont la moitié ne revint pas. 

 

Cette vie riche de péripéties n'empêcha point Tante Madeleine de garder un doux regard sur son pays natal avec un ineffaçable souvenir de la Renardie où elle apprit à marcher et où elle donna la vie à Alain-Guy son aîné.

 

Conservatrice du lien familial. Lors de la fondation du collectif informel des Renardeaux, il y a une douzaine d'années, inspiration de sa chère et regrettée Jacqueline, Tante Madeleine dressa en occitan parfait, sa langue maternelle, une reconstitution émouvante de l'historicité de cette famille qui choisit symboliquement le 4 août, celèbre nuit d'abolition des privilèges, pour sa fondation et le Temps des cerises comme lien musical.

 

Après grand-mère Mathilde, elle nous quitta en décembre 1965, Tante Madeleine devint la comptable intemporelle de la matrice familiale. Pour tout cela et tant d'autres choses, qu'il me soit permis d'être fier de tante Madeleine. Elle fut aussi la marraine de mon regretté frère aîné qui avait toujours pour elle, un regard plein de tendresse.

 

 

Un mal terrible, cette année, interpelle la communauté humaine et impose une discipline aussi nécessaire qu'incontournable. Pour ses cent ans, Tante Madeleine, hélas, isolée de nous dans l'EHPAD de Saint Astier, où depuis quelques mois elle s'est retirée, n'aura, hélas, pas la joie de voir les siens réunis autour d'elle. Combien nous le regrettons tous ; mais, par pensée, nous sommes naturellement avec elle !

 

 Bisou Bisou BisouBisouBisouBisou

 

P.F 



27/05/2020
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