À la recherche des sources du Dropt
CAPDROT
Quand les gens de mon âge tentaient, sur les bancs scolaires, de s'approprier le minimum du minimum, on parlait, pour nos reliefs, d'émergences hercyniennes. Aujourd'hui, les géologues préfèrent employer la terminologie de chaîne varisque. Ces scientifiques parlent donc de l'orogenèse varisque.
Le cycle orogénique paléozoïque a débuté au Dévonien et s'est terminé avec le Permien. Il précéda le Carbonifère. Pour nos lointains souvenirs, moins précis, nous disions l'ère primaire. On nous parlait peu, à l'époque, de la dérive des continents, qui est pourtant identifiée depuis le siècle dernier, par le physicien-météorologue Alfred Wegener. Sans être taxé d'hérétique comme le furent les premiers qui osèrent avancer que la Terre tourne, d'aucuns n'y croyaient pas… ou bien peu.
Tout cela nous ramène, il y a environ 600 millions d'années.
Les reliefs de cette ère atteignaient, pour les plus hauts, les 6 000 mètres, laissant notre actuel Mont Blanc bien en-deçà. Tout juste si la masse de l'Elbrouz aurait pu rivaliser dans la mesure de ces sommets
Ces reliefs n'avaient rien de commun avec les collines de notre ère. Elles ne sont que les brisures de miettes de cet héritage géologique.
Notre horizon s'inscrit entre le creuset du Céou, le sillon de la Nauze et le glissement de la Couze. Ces cours d'eau sont tributaires de la Dordogne. Sur l'autre versant, le bassin de la Lémance et le départ du Dropt étoffent le socle garonnais. La nature, ne laissant rien au hasard, a créé ces vecteurs d'apurement de nos reliefs, pour le plus grand plaisir de nos lointains ancêtres qui se sont servis de ces liens pour se lancer dans l'agriculture, en relevant les chasseurs-cueilleurs.
Il n'y a jamais eu de fonctionnaires pour enregistrer l'acte de naissance de ces cours d'eau qui, vraisemblablement, ont la même lointaine genèse.
Aujourd'hui, je vais revenir sur le Dropt. Il réunit Capdrot et Caudrot et recherche la Garonne en saluant bien des villages chargés d'histoire. Il peut s'enorgueillir d'être un lien de ponctuation de bastides.
Bruno qui fait l'honneur à ce blog, de ses merveilleuses images, dont certaines sont à couper le souffle, partage avec moi, cette fascination de l'eau en général et de nos discrètes sources en particulier.
Nous sommes donc allés à Bonnefon, écart de Capdrot, voir où sourd la naissance du Dropt. Depuis que le séisme du 13 août 1967 d'Arette, l'a décoiffé de ce lieu-dit, elle est partie en aval. À notre déconvenue, nous n'avons pas trouvé de source franche mais plutôt une arrivée progressive peu perceptible si ce n'est l'arrivée de la source du Gay.
Cliquez sur les images
Ici, pendant des millions d'années, naissait le Dropt. Un banal séisme déporta cette source. Sur la droite, Thierry Nadal, photo 2006, un Capdrotien de Bonnefon, a une parfaite souvenance de cette source qui a servi à alimenter son hameau en eau potable. Le doigt, sur l'image de gauche, indique la niche de naissance de la rivière mais il y a bien longtemps que l'eau ne sourd plus de cette cavité.
Photo © Bruno Marty
Le lit du Dropt n'est plus qu'une rigole parfaitement sèche. Les anciens Capdrotiens se souviennent de parties de pêche en ces lieux. Ils venaient, là, pêcher les goujons, les vairons, localement appelés gardèches, la truite fario et les écrevisses.
Photo © Bruno Marty
La source du Gay, sur la rive gauche du Dropt, est le premier embryon d'écoulement. Cet ouvrage, adjacent au cours majeur, a perdu sa fonctionnalité d'antan ; mais, à bien l'observer, on voit qu'il y a là, une belle vie aquatique qu'il faudrait absolument préserver.
Photo © Bruno Marty
La source du Gay a fait l'objet d'une adroite récupération au siècle dernier, voire au précédent. Sa limpidité renforce son charme bucolique d'une superbe image empreinte de fraîcheur.
Photo © Bruno Marty
Enfin, après plus de 2 kilomètres de talweg sec, on peut voir le Dropt s'élancer vers sa destinée garonnaise. Le lit est encore fort étroit et le débit des plus mesurés. Il est bien fragile pour ces premiers jours printaniers mais nous lui souhaitons de solides apports pour échapper au tarissement.
Photo © Bruno Marty
Sous ce tunnel qui s'inscrit sous la R.D 660, le Moulinio, premier affluent notable de la rive droite, va à la rencontre du Dropt qu'il va joindre dans une vingtaine de mètres. Le Moulinio, cours d'eau d'environ 3 Km, vient des hauteurs du Conte.
Photo © Bruno Marty
Là, nous sommes à 1 200 mètres de Monpazier. Le Dropt et le Moulinio s'unissent pour le meilleur et pour le pire.
Photo © Bruno Marty
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