Une sympathique brise verte a soufflé sur le castrum.
PAYS de BELVÈS
Michel Ribette était attendu à la salle d'honneur de la mairie. Photo Pierre Fabre.
Samedi 14 octobre fut, pour le castrum, une journée parfaitement empreinte d'écologie. Sur le marché, les adeptes de Terre en Vert se livraient au Troc des plantes.
C'était la Fête de la citrouille et le troc des plantes. Photo © Bernard Malhache.
Là, les écologues pouvaient apporter et échanger des plants, certes, mais aussi des idées. Là, Françoise rappela, si besoin était, que sans abeilles, la nature serait bien vide et proposait à celles et à ceux qui jardinent, des graines pour favoriser la mission vitale et irremplaçable des abeilles gardiennes de la flore.
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L'après-midi, c'est dans la salle d'honneur de la mairie que Michel Ribette accueillait plusieurs dizaines de personnes passionnées par l'écologie, en général et par l'ornithologie, en particulier.
Le thème de sa conférence porta sur la chouette effraie, dite Dame blanche. Ce superbe rapace ne manque pas de panache.
Michel a ouvert sa conférence avec humour et ne manqua pas de citer Victor Hugo qui, comme lui, se plaisait à observer la nature.
L'exposé de Michel fut certainement une belle dissertation d'écologie et il écorna d'un zest, les chasseurs qui préconisent de ne point toucher les mammifères... Le trait d'humour ne manqua pas de saveur.
Michel est longuement revenu sur ses expériences d'ornithologue qui l'ont amené en haut des clochers dans les édifices cultuels de l'ancien royaume franc d'Austrasie ou à partager des heures nocturnes, à flanc de falaise, pour observer les oiseaux.
Il parla beaucoup des habitudes, parfois contrariées, de ses protégés, expliqua leurs souffrances, leurs égarements dans des rétentions, souvent mortelles, dans des édifices qui n'avaient pas pour finalité de les capturer.
Michel s'est appliqué à dire que la nature n'a pas créé deux catégories différentes, les utiles et les nuisibles. La vie découle d'un écosystème où tout le monde a sa place. Reste que la vie sur la terre est un combat permanent.
Michel ne put se retenir de parler des équilibres de la nature. Il fit référence à la hiérarchie des oiseaux, au réchauffement de la terre, il eut un tout petit mot sur les flamants roses, il expliqua que la pollution et les décharges ont amené une surpopulation de goélands et il s'interrogea sur les Oies d'Égypte qui ont tendance à perturber ce qui reste de stabilité dans notre écosystème.
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Pendant la conférence de Michel, me revenait à l'esprit le "sophilogue", aussi dur que pénétrant, du professeur Doutreval à sa fille Fabienne, quelque part du côté d'Aix. Cette réflexion de Maxence van der Meersch, l'auteur de Corps et âmes, est, à mon sens, le doute le plus intense qui chagrina le plus profondément le Zola flamand. Suivons le dans son argutie.
Et dans la splendeur de l'après-midi, toute bruissante, Doutreval évoquait pour Fabienne, les carnages, les massacres, les égorgements, les tortures, tout l'épouvantable drame qui se cache au fond de l'herbe où, allongés, nous goûtons ce que l'on appelle de la douceur de la nature. La mante religieuse qui dévore son mâle tandis qu'il la féconde; l'araignée qui capte la mouche, et le pompile qui poignarde l'araignée; le cercéris qui, d'un triple coup d'aiguillon, détruit scientifiquement les trois centres nerveux du bupreste et l'emporte, pour que plus tard, sa larve puisse consommer vivant, tout frais, le malheureux insecte paralysé, en choisissant les bouchées, en ménageant avec une science atroce, les centres vitaux, en gardant la vie jusqu'à la dernière particule de chair chez sa victime. Le leucopsis, l'anthrax, dont le ver s'applique tout simplement au flanc de la larve du chalicodome et la suce à travers la peau, aspire, pompe, cette bouillie vivante qu'est la larve, et la dessèche savamment, elle aussi, pour la tuer, en la gardant fraîche, vivante jusqu'au bout. La philante, qui, assassin de l'abeille, avant même d'emporter sa victime, lui presse le jabot, lui fait dégorger son miel et suce la langue de la malheureuse agonisante, étalée hors de la bouche.
Tout ce carnage sur un minuscule coin de terre. Et la même chose partout, d'un bout à l'autre du monde, jusqu'au fond des océans. Et tous ces germes qui meurent. Les milliards de milliards de grains de pollen, de semence vivante qui ne naîtra pas, l'inimaginable gaspillage de vie condamnée à mort avant d'avoir vécu. Une horreur emportait Doutreval, lui faisait oublier tous les principes de foi, menteurs et salutaires à ses yeux, qu'il avait voir inculquer à Fabienne.
- Un Dieu ! disait-il à Fabienne. Un Dieu ! Quel monstre serait-il donc, s'il existait! Quel tableau que sa création! Un massacre général! Les lois les plus féroces, les plus horriblement inhumaines : lutte pour la vie, élimination des faibles, la vie se nourrissant de la mort, l'être mangeant et l'être mangé par l'être, la douleur, le sang, le crime, tout au long du cycle infernal. Une sélection sans pitié, sans justice, les descendants expiant les erreurs des ancêtres, les mêmes châtiments frappant les mêmes fautes matérielles, quelles qu'aient été les intentions, les faibles éliminés par la souffrance, l'équilibre universel maintenu par la plus farouche interdestruction des espèces… Si Dieu existe, il ne peut être qu'une intelligence sans cœur, une machine à calculer, un esprit mathématique, puissant et monstrueux, pour qui la douleur ne compte pas, et dont le plan gigantesque et inhumain n'avait pas été fait pour être contemplé et compris par un être doué d'une sensibilité. Le plan de Dieu, un plan sauvage et grandiose, ne devait pas avoir prévu l'éveil de la conscience humaine. L'homme, ce témoin, avec son cœur, et ses rêves de justice, a dû être un accident dans cette évolution. "Non, vois-tu, petite, je préfère encore le nier. Dieu, lui refuser l'existence. Plutôt qu'à une telle intelligence divine souverainement indifférente, impitoyable et mauvaise, il vaut mieux croire au néant, au hasard, à une nature absurde et brute, énorme bête stupide qui porterait l'homme à son flanc comme une punaise et ne le sentirait même pas. Un monstre obtus, tâtonnant, sourd et aveugle, créant sans savoir, ratant, recommençant, pataugeant dans l'absurde, depuis le plésiosaure jusqu'au microbe, massacrant, torturant, égorgeant, s'obstinant en efforts incohérents et sans but, mais avec, du moins, l'excuse de l'inconscience. Oui, mieux vaut encore ce néant. Tu ne trouves pas ? "
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L'exposé magistral fut complété du film "Madame Blanche", d'une très grande qualité, réalisé en 2013 par Frank Vigna et Michel Ribette. L'après-midi s'acheva avec un échange de questions-réponses.
Marie-Thérèse Lavialle, présidente des Musées de Belvès et "puissance invitante". Photo Pierre Fabre
Une projection parfaite grâce à Pierre Marty. Photo Pierre Fabre.
Elles sont... passionnées. Photo Pierre Fabre
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