Une piste à suivre
PAYS de BELVÈS
Le Viaduc de Fongauffier, c'est ainsi que ses bâtisseurs l'ont dénommé, probablement à cause de sa proximité avec le lieudit de Fongauffier ou pour donner le sens de la direction à partir de Belvès, mesure 115 mètres de long. Ses maçons ont utilisé le sable et la terre de la carrière du hameau de Rouchy, à 500 mètres de Fongauffier, dont l'excavation est encore béante dans le flanc collinaire. Le viaduc de Fongauffier chevauche un vallon qui est parcouru par un filet d'eau très, très, intermittent. Ce viaduc est beaucoup plus modeste que celui de la Grange, plus connu localement sous le nom de viaduc de Vaurez, ce dernier franchit le creuset de la Grille.
Quand on pense patrimoine, on songe au Pont du Gard, à l'Observatoire du Pic du Midi, à la Tour Eiffel, au Mont Saint Michel… au Taj Mahal, à Machu Picchu, aux Pyramides, à la Grande Muraille et à tant d'autres hauts lieux de notre vieille Terre. C'est certainement très juste. En parlant des fontaines de Belvès, [elles ne peuvent certainement pas rivaliser avec les fontaines nancéennes de Neptune et d’Amphitrite, dues au sculpteur Guibal, et à la fontaine de la place d’Alliance, indéniable chef-d’œuvre de Paul-Louis Cyfflé] ; on reste dans le champ patrimonial, celui qui doit ou devrait nous émerveiller. Contre toute attente, quand j'ai parlé de ces fontaines, j'ai eu l'agréable surprise de percevoir en écho du lectorat, un mouvement respectueux à l'égard de nos ancêtres et aînés qui ont su nous dire "veillez à l'eau et à notre patrimoine". Merci à ces lecteurs qui, contre toute attente, ont réagi. |
Quand on quitte Belvès vers le nord, on emprunte la R.D. 53, sécante de la R.D 710 au niveau du rond-point de Fongauffier. Cette route, pour la section Fongauffier-Belvès, elle s'étire ensuite vers le Monpaziérois et tutoie le Château de Biron, apparaît relativement ancienne. Elle figure sur la carte de Cassini. La partie qui va de Fongauffier à Castelnaud, pour sa partie sagelacoise, de Fongauffier à Écoute-s'Il-Pleut, est plus récente et fut l'œuvre d'amélioration du XIXème siècle, concomitante à l'arrivée du chemin de fer.
Le réseau des chemins ruraux, héritage de liens ancestraux bien antérieurs à la terminologie de chemins ruraux, ouvrait Belvès sur les communes voisines. On trouvait, au gré des documents cadastraux et minutes notariales, des odonymes plus ou moins informels qui, par ailleurs, pouvaient être différents d'une commune à l'autre. Le chemin rural qui sectionne le Bloy s'appelait chemin de Carvès sur sa partie monplaisanaise et chemin de Veyrines sur sa partie sagelacoise. Aujourd'hui, ces repérages ont tendance, hélas, à disparaître des plans cadastraux. Ils constituaient une merveilleuse "richesse" patrimoniale.
Les chemins ruraux ne cessent d'être mutilés par des appropriations, souvent indélicates, de riverains qui mutilent ainsi, souvent avec la passivité voire la complicité des appareils municipaux, le patrimoine multiséculaire, legs de nos ancêtres.
La renaissance de l'allée du vallon nord de Belvès… une idée qui fait son chemin. Dans ce vallon que, par commodité, j'appellerai le creuset de la Brèche, nos ancêtres ont tracé un chemin rural qui part ou rejoint le Bas de la Côte à l'entrée de Belvès. Il se prolonge ensuite vers la Croix de Bordeaux. L'origine de ce chemin se perd dans la nuit des temps. Ce chemin latéral au talweg, d'environ 750 mètres de long, gravit 55 mètres de dénivelé. Ce n'est donc pas un chemin plat mais son profil est nettement plus doux que les rampes du Terriol ou de l'Oratoire.
Il est renforcé d'un appendice qui rejoint le talus de la Brèche. Cette impasse n'est pas connectée à l'esplanade. Il faut bien savoir que cette esplanade est l'aboutissement d'un siècle de dépôt d'ordures ménagères et autres.
Ce vénérable chemin était encore au XIXème , le chemin des pèlerins puisqu'il rejoignait Capelou. Il était aussi le chemin des jardins. Ce vallon est une mosaïque parcellaire où de nombreux vaillants Belvésois entretenaient, avec amour et par nécessité, un lopin de terre comme potager. Ce vallon se trouve à l'abri du vent du nord.
L'idée de rétablir ce chemin a circulé dans le castrum. Est-ce une idée sérieuse ou une fantaisie verbale sans lendemain ? Je ne saurais le dire. Ce qui est certain, c'est que pour rétablir ce lien, il faudrait beaucoup de bonne volonté, secouer les objections et les résistances, certainement réunir divers moyens techniques pour piqueter le tracé et, pourquoi pas, obtenir un volontariat bénévole pour redonner une nouvelle vie à ce patrimoine. Un sentier dans le vallon permettrait aux promeneurs de renouer avec ce passé et d'ouvrir une petite promenade à l'abri de la circulation motorisée.
Les chemins ruraux sont des propriétés privées, à l'usage du public, dont les propriétaires sont les communes. Ils sont donc sous la gestion exclusive des appareils municipaux. Ils sont, hélas, aliénables à la condition impérative que l'aliénation ait été votée, après enquête publique, par les conseils municipaux et sous réserve, bien entendu, que l'aliénation ne place aucune parcelle en situation d'enclave.
L'intérêt général est laissé à l'appréciation des seuls conseils municipaux, souverains dans ce domaine, pour décider ou refuser l'aliénation.
L'article L 161.1 du Code rural définit la place des chemins ruraux.
L'intérêt général qui, bien entendu, est le contraire de l'intérêt particulier, a souvent, bien souvent, trop souvent, du mal à être entendu et reconnu. C'est au commissaire enquêteur qu'il appartient d'éclairer les conseils municipaux sur la mission virtuelle d'un chemin dont l'utilité paraît ne plus être d'actualité mais pourrait, à tout moment, revenir. Il est certain que l'aspect pédagogique, loisir et promenade apparaît avec une autre résonance qu'il y a un siècle.
Un riverain n'a pas la même perception de l'utilité d'un chemin que le professeur des écoles qui recherche un lien de promenade bucolique pour faire découvrir la faune et la flore à ses élèves. Il appartient aux conseillers municipaux de sauvegarder le patrimoine et de faire que les legs ancestraux restent entre les mains de la collectivité. |
Le chemin se confond avec la végétation.
La sortie de Belvès. L'enfilade de ce vallon file vers la Nauze. Nos voisins du Villeneuvois appellent ce type de vallons, les serres. Les terres de serres ne sont pas comme certains pourraient le penser, les terres des serpents, "sèrps" en occitan, il y en a certainement comme ailleurs, mais ces serres-là sont des terres issues de l'érosion, enserrées par les reliefs qui les dominent.
Photos Pierre Fabre
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