Terres de Nauze

Un indéfectible ami de Fongauffier et de la Nauze nous a quittés.

 

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Jean-Pierre Mourier, après avoir résisté plus de six mois à un mal chafouin à l'envi, s'est éteint le 12 septembre, dans le nord de l'Angoumois, à Ruffec.  

 

Jean-Pierre naquit le 1er  novembre 1940 à Fongauffier, dans la maison familiale  des Laporte, demeure chargée de la récente histoire monplaisanaise de ce barry, au pied de la côte de Belvès.

 

Les Laporte, famille locale très honorablement connue, vivaient de la double activité d'Albéric, charron de son état, qui entretenait avec amour ses parcelles éparses dont ses vignes sur le coteau de Pet Chaunat, les Fongauffiérains disaient les Péchonnats

Eugénie et Albéric Laporte n'étaient pas peu fiers qu'Odette, leur fille, devienne normalienne et, ainsi, accède au corps enseignant républicain qui a pour mission d'éveiller les futurs citoyens.

Odette, avant la guerre, épousa un séduisant Limousin, Gaston-Pierre Mourier, qui fit une brillante carrière militaire, il termina officier supérieur, carrière largement contrariée par les vicissitudes de l'histoire.

Le couple, pour contourner les difficultés de cette période trouble, eut recours à la maison familiale de Fongauffier où Jean-Pierre et Françoise, son aînée d'un an, ont apprécié la tendresse de la douce Eugénie et la belle noblesse rustique d'Albéric qui fut le dernier charron fongauffiérain.

La paix retrouvée, Odette qui, encore jeune fille, avait connu son premier poste d'institutrice à Carvès en 1930, poursuivit, au gré des affectations successives de son époux, sa mission pédagogique... Quelle belle itinérance ! La banlieue lyonnaise de Villeurbanne, puis deux dépaysements, l'Algérie et une école française de Berlin et, enfin, Vence. 

Jean-Pierre, tout comme Françoise sa soeur, a connu les bancs spartiates de l'école de Sagelat avant d'accompagner les pérégrinations successives des Mourier qui suivaient le cours de l'histoire.

 

Jean-Pierre a toujours gardé précieusement dans son coeur, la petite et belle histoire de ce foyer Laporte où il estimait avoir connu les plus belles années de son enfance et même... peut-être, un peu plus. Il était naturellement fier des travaux du grand'père, aïeul qui le fascinait par ses savoir-faire. Dans ce village de Fongauffier, Jean-Pierre tissait de longues et solides amitiés avec ses complices d'enfance et de jeunesse. Que de lointains et de doux souvenirs partagés avec ses aînés Jean-Claude Massias, Lucien Estrade, Jacky Manchotte et mon frère Jean-Claude !

C'est surtout autour des épisodes pleins d'observation d'une grande dame de la nature que ces enfants s'activaient. La Nauze, où les dernières écrevisses du pays nettoyaient la rivière en prélevant leur nourriture, les fascinait avec sa riche et saine faune. Que d'escapades, à bord de la barque des Estrade, sur le court segment praticable de la Nauze et sur le bief de Lavergne, apportaient à ce calme champêtre, de joyeuses exclamations ! 

 

Jean-Pierre, après des études on ne peut plus brillantes, devint ingénieur des Eaux & Forêts, aujourd'hui on dit l'O.N.F. Ses affectations successives l'ont conduit à Gérardmer, Aix-en-Provence, Nice, dans les Pyrénées, à Paris, où il crut bon de limiter son séjour, et enfin Poitiers.

 

Lorsque Simon, dit Jacky, Manchotte constitua, il y a une grosse vingtaine d'années, une association d'anciens élèves de Sagelat, Jean-Pierre, spontanément, fut de cette équipée. Lui, qui n'a jamais su se délester de la moindre once de ce patrimoine affectif de son enfance, est venu, à plusieurs reprises, se ressourcer là, sur les bords de la Nauze qu'il a tant aimée et ainsi honorer ses camarades et amis.

 

Jean-Pierre fut un brillant écologue convaicu et un ardent humaniste aux convictions progressistes bien trempées. Sa pondération naturelle faisait que, respectueux de chacune et de chacun, il n'affirmait son attachement à la transformation sociale qu'avec un discret discernement.

 

Il a choisi d'être incinéré ; et, c'est au Crématorium de Poitiers qu'une cérémonie exclusivement civile et laïque réunira ce lundi 18 septembre, à 15h30, autour de sa famille, celles et ceux qui ont partagé sa riche vie familiale.

 

Jean-Pierre laisse dans la peine, les siens. Il a eu sept enfants, dont deux aujourd'hui ne sont plus. La génération suivante compte onze petits-enfants et celle qui la complète lui a apporté la joie de s'ouvrir avec deux arrière-petits-enfants.

 

Dans quelques jours, sa famille aura fixé le jour où ses cendres vont rejoindre la sépulture familiale à Sagelat. De ce jardin du grand repos, Jean-Pierre, d'une manière inextinguible, avec ses amis, notamment les deux Jean-Claude et Simon dit Jacky, va pouvoir veiller sur ce sillon de la Nauze qu'il a tant aimé.

 

Ce blog annoncera au plus tôt, pour la population locale, la date et l'heure de cette cérémonie où l'on pourra se recueillir avec les siens.

 

 



14/09/2017
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