Sèm Perigòrd e avèm pas páur!
Sèm Perigòrd e avèm pas páur!
[Nous sommes du Périgord et nous n'avons pas peur!]
Accueilli par Sylvie Chassériaud, le majoral Dugros, en occitaniste convaincu, pendant plus de deux heures, a parcouru les six communes de la châtellenie de Berbiguières, Marnac, Allas-les-Mines, Cladech, St Germain-de-Belvès, Carvès et, naturellement, Berbiguières.
Les chorales "La Passacaille" et "Isoarda" ont fait vibrer toute l'Occitanie. Plus que l'hymne olympique, le "Se canto" a ému de l'autre côté des Alpes.
https://www.youtube.com/watch?v=NQGo-0yS4Mw
Le français que nous parlons, actuellement, a supplanté dans notre pays, bien des langues locales dont l'occitan qui résiste encore depuis l'Ordonnance de Villers-Cotterets, 10 août 1539. C'est le Se canti, variante du Se canto, qui, à Turin, en 2006, fit vibrer toute l'Occitanie lors de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.
Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain. Le français, notre langue contemporaine, merveilleux idiome, apparaît comme un lien assembleur et gardons-nous de le voir massacrer par tous les anglicismes qui, au nom d'une mode, altèrent notre langue. Pourquoi dire un pipeline quand un oléoduc [ou gazoduc] convient parfaitement.
Toutes les langues, le français comme les autres, subissent au fil du temps, des intrusions. L'occitan s'est néanmoins largement invité dans la langue de Victor Hugo ; et, si une cabrette sonne bien le terroir d'Auvergne, on est plutôt surpris de découvrir que des milliers de mots viennent de la langue de nos troubadours : abeille, amarrer, cabaret et calanque sont de cette matrice occitane.
Le majoral Dugros, après être revenu sur la géographie occitane où l'on découvre que si la commune de Ste Aulaye est bien occitane, sa voisine La Roche Chalais, elle est la plus vaste de la Dordogne, ne l'est point.
Bousculant une idée reçue, la Dordogne n'est pas l'assemblage récent de Dore et de Dogne mais vient d'un ancien Durānius, dérivé de la racine préceltique dur-, dor- (cf. la Durance, le Douro/Duero, etc.).
Beaucoup d'idées reçues, glanées dans la remotivation des substantifs, elle joue dans les deux sens, le boulanger n'est pas occitan, c'était le fournier qui cuisait le pain.
Nos patronymes et toponymes nous éclairent sur nos racines. Les surnoms, les "chafres" parfois cinglants, voire humiliants, sont devenus des profils d'ancêtres ou de lieux. Les Marroux, les béliers, microtoponymes ont donné des patronymes de personnages prétentieux sans éthique, phallocrates et conquérants.
Le majoral a regretté le "pillage" de notre langue par des dérives. Il cita St Laurent-la-Vallée qui, sur son flanc de colline, en est un exemple.
Nos toponymes en disent long sur notre passé : à Berbiguières, lieu de brebis, on trouve un lieudit le Caillou mais aussi les Fallières, notre débonnaire et modeste président de la République portait le nom d'une rustique plante de la classe des filicinées, de Cap de guerre, plein de sous-entendus.
Jean-Claude a cité bien des toponymes et des patronymes sans avoir la prétention d'affirmer tout détenir. Que veut dire Maison Rouge, lieudit carvésois, est-ce la couleur de la pierre, le nom de son ancien propriétaire ou un lieu dramatique?
Les patronymes courants sont souvent revenus, les Marty, ils nous viennent de Martin, les Lacombe, les Delpech nous plongent dans les détails géographiques. Ne prononcez pas Jammes comme vous diriez James Stewart car Jammes est bien occitan.
Nous sommes cependant en France et, dans notre Hexagone, on aime beaucoup les Beauregard, belvédère que l'on voit et d'où, aussi, on scrute l'horizon. Il faut savoir vivre avec notre double culture… mais, bigre, je ne vais pas refaire la causerie de Jean-Claude, primo, parce que j'en serais bien incapable et, secundo, parce que mon ami me taxerait de plagiaire et me traînerait devant les tribunaux d'Occitanie.
Notons que cette soirée du 11 mai, jour de la Ste Estelle, la Ste Estelle est une manifestation occitane qui aura lieu à Bergerac, J-Claude en a parlé, nous y reviendrons. Une absence de marque était remarquée. Notre ami Jean Bonnefon, pris par un sérieux problème de santé de son fils, qui l'amena à se rendre loin de St Cyprien, ce 11 mai, le priva d'être là, pour honorer de sa présence, cette soirée d'essence félibréenne.
Photos Pierre Fabre.
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