Michel Ribette, par son reportage, argumente son réquisitoire sur les "safaris de la honte".
En cliquant sur les images, c'est mieux.
Alors que je terminais mon prochain article pour Terres de Nauze, cette info étayée par la violence des photos, m’est arrivée en pleine figure. Après le roi d’Espagne et le dentiste américain qui trônait sur la carcasse du « plus beau » lion de la planète, j’étais loin de penser que des Français saliraient notre honneur. Et je pèse mes mots.
Comme beaucoup, je suis bien sûr bouleversé par ces actes de barbarie et j'espère que ces imbéciles auront leur avenir pourri pour le restant de leur vie, à l’instar de l’Américain.
Pour avoir longtemps travaillé sur ces espèces passionnément photographiées, je sais combien elles sont belles et nobles à voir évoluer dans leur milieu naturel. Heureusement que tous les safaris (ce qui veut dire voyage en swahili, langue dominante en Afrique de l'est) ne sont pas tous organisés dans le seul but de commettre ces honteux défoulements.
Quel plaisir de tuer un lion qui dort 18h/jour et qui n'a rien d'agressif. Combien de ces Rois se sont-ils levés de leur sieste pour s’adosser contre mon véhicule, histoire de prendre un peu d’ombre ? Pas plus qu'un léopard qui passe son temps, perché à l'ombre d'un feuillage et ne parlons pas de cette force tranquille qu'est l'éléphant l'éléphant dont le seul souci quotidien est de brouter ses 150 kilos journaliers de végétation.
Depuis de nombreuses années, la vie m’accorde le grand privilège d’aller voir évoluer ces créatures, en sursis. Avec leur grâce et leur férocité toute relative, elles m’ont fait appréhender leur fragilité, malgré la force qu’elles expriment. Beaucoup seraient peut-être rayées du patrimoine naturel africain mais aussi celui de toute l’humanité, s’il n’y avait pas eu la volonté de les préserver.
Comme l’a écrit dans les années 70, Jean Dorst, ancien directeur charismatique du Muséum d’histoire naturelle de Paris : « L’homme peut reconstruire un monument à partir de pierres éparpillées. Il ne peut refaire une espèce, fruit d’une révolution qui se compte en millions d’années ».
En développant l’écotourisme raisonné et bien contrôlé, les autorités d’Afrique de l’Est et du Sud pérennisent l’avenir des espèces sauvages, en investissant dans la gestion onéreuse des parcs naturels et des infrastructures d’accueil.
Mais mon enthousiasme reste modéré car, à quoi bon préserver les espèces, si leurs espaces sont menacés. Au cours de mes régulières billebaudes sur ces terres d’Afrique, le constat de l’appauvrissement de la biodiversité hante chacun de mes retours. Les zones tampons entre les entités sauvages et les zones exploitées par les activités agricoles et notamment céréalières, s’amenuisent. De ce fait, la proximité des cultures et de leurs traitements chimiques touchent de plus en plus les écosystèmes sauvages. Sous l’influence des vents dominants, les rondes des avions et des hélicoptères épandeurs d’insecticides, condamnent peu à peu les espèces insectivores. Mammifères et oiseaux se raréfient. La Nature ne fait pas le poids devant les intérêts financiers. Money is money !
Et c’est bien aussi d’argent que nous inspire ce fait divers en Terre de nausées. Certains propriétaires Sudaf’, se sont spécialisés dans l’élevage d’animaux sauvages et les offrent en pâture aux chasseurs sans scrupule du monde entier. Les grandes enseignes faisant commerce d’armes de chasse, peuvent même vous proposer des catalogues où il suffit, en fonction de vos moyens, très gros moyens, bien sûr, de sélectionner vos futures cibles. Vous pourrez ainsi vous offrir la mort sans honneur, d’un lion, celle sans dignité, d’un éléphant ou d’un léopard, mais aussi de tant d’autres espèces. Même si ces pratiques scandaleuses n’honorent pas la race humaine, elles n’en sont pas moins légales. Mais le fait d’être légales, ces chasses n’en sont pas moins déshonorantes et immorales. Encore une fois, money is money !
Je n’ai pas éludé le douloureux problème relatif au trafic de l’ivoire, tout le monde en a conscience. Ce commerce illicite, destiné à alimenter celui des armes et d’ancestrales coutumes asiatiques d’un autre temps et aux improbables vertus, ne fait qu’accélérer la disparition à brève échéance, du plus gros de nos mammifères terrestres.
Voici ces créatures libres et… vivantes que j’aurais préféré vous montrer dans des circonstances plus agréables.
En conclusion, je reprendrai cette belle phrase de Omar Khayyam :
« Avant notre venue sur Terre, rien ne manquait au monde, après notre départ, rien ne lui manquera »
Restez curieux de Nature, elle est source d’émerveillement et… ne déçoit jamais.
Michel Ribette
pour Terres-de-Nauze, juillet 2019
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Non, la marche gourmande saint-amandine n'est pas passée à la trappe. Grâce à Bernard Malhache, vous aurez un regard sur cette manifestation, demain, sur ce blog.
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