Lettre ouverte d'un élu de proximité à l'intention de Jacqueline Dubois
Michel Scanff, premier maire-adjoint de Berbiguières, souhaite interpeller, par le biais d'une longue lettre ouverte, Jacqueline Dubois, députée de la 4ème ciconscription de la Dordogne.
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LETTRE OUVERTE
À JACQUELINE DUBOIS, DÉPUTÉE LREM DE DORDOGNE
Madame la députée,
Dans votre lettre d'information de juin 2019, vous écrivez que « les choix politiques doivent mieux prendre en compte les besoins des territoires ruraux », et qu' « il faut remettre de l'humain, redonner du sens et de la place aux communes »... J'acquiesce, mais de qui vous moquez-vous là ? Les centres d'accueil au public d'Engie (GDF), d'EDF, d'Enedis (ERDF), d'Orange (FranceTélécom), des petites gares, etc... sont désormais fermés. Au nom du numérique et de la modernité, les services publics des impôts vont suivre la même voie. Impôts : on va vers le « zéro humain » ! Depuis 2017, après les fermetures des trésoreries de Mussidan, Eymet, Saussignac, Saint-Aulaye, et bientôt celles de Belvès, Le Bugue, Brantôme, Thiviers, etc... c'est une désertion des services publics qui se dessine, inhumaine au sens propre du terme, « sans humain » ! Voilà des bourgs où les habitants venaient régler leurs impôts ou leurs factures d'eau, de cantines scolaires, de crèche, ou négocier leur étalement pour pouvoir les payer. Mais, dans ces communes, les trésoreries doivent fermer ! Dans le cadre du plan « Cap 2022 » de restructuration du service des finances publiques, il est projeté de supprimer 15 trésoreries en Dordogne ! 989 en France Métropolitaine ! Voilà la fin programmée des centres de finances publiques, mise en œuvre par le gouvernement que vous soutenez ! Il y a quelques années, les usagers des services publics qui rencontraient des difficultés avec leurs factures, pouvaient être accueillis par un humain. Aujourd'hui, il n'existe plus d'interlocuteur en chair et en os, et c'est en passant par des plateformes téléphoniques au Maroc ou Madagascar, ou au fin fond de l'Asie, en passant par des étoiles et des dièses, en tapant le 1 ou le 2, ou encore le 3, le 4... sur un clavier que les usagers s'enfoncent dans la désespérance ! Au nom du numérique et de la modernité, tous les services publics dérivent vers la même inhumanité ! C'est ce que vous appelez « remettre de l'humain » ? C'est cela « mieux prendre en compte les besoins des territoires ruraux » ?? C'est cela le « retour des services publics dans les territoires ruraux » ??? Madame la députée, l'exode rural des services publics accélère l'exode rural tout court ! En dehors de la disparition d'emplois administratifs directs qui suppriment des revenus redistribués sur le terrain, l'absence de services fait également disparaître les commerces, et démotive les familles susceptibles de s'installer et faire revivre les campagnes. Un effet boule de neige qui accélère le vieillissement des zones rurales, la raréfaction des médecins, les fermetures d'écoles, etc... Vous écrivez aussi que « les choix politiques doivent mieux prendre en compte les préoccupations écologiques »... J'acquiesce, mais là aussi, de qui vous moquez-vous ? En France, le trafic intérieur a augmenté de 4%, l'an passé. Faut-il se réjouir de cette croissance et de son coût écologique ? Il est établi qu'un trajet en avion émet 50 fois plus de CO2 qu'un TGV, mais aussi que les 10 aéroports français les plus fréquentés sont dans des agglomérations desservies par des TGV. Alors, « moins d'avions et plus de trains » va de soi ! Des députés, y compris de votre groupe parlementaire LREM (mais pas vous!), ont présenté un projet de loi visant, dans une optique de justice climatique, de mettre fin aux vols courts, lorsqu'il existe une substitution possible par le train, par exemple pour les trajets Paris-Bordeaux ou Paris-Agen. Qu'advient-il de cette proposition de loi ? Elle est renvoyée à l'examen de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, autant dire renvoyée aux calendes grecques. Alors, vous, Madame la députée, vous en offusquez-vous ? Que nenni ! Dans le même temps, vous préférez voter le CETA, ce traité commercial de libre-échange avec le Canada, comportant 96 fois le mot concurrence, mais pas une fois le mot réchauffement, ni le mot biodiversité, et dont le grand absent est le climat. Les experts (rapport Schubert, commandé par le premier ministre) le disent clairement : « Le CETA ne donne pas la priorité à la protection de l’environnement ou à la santé ». C'est ce que vous appelez « mieux prendre en compte les préoccupations écologiques » ? Vous louez la loi Mobilités, soit disant « valorisant des transports moins polluants comme le ferroviaire, le fluvial et le vélo »... J'acquiesce, mais là encore, de qui vous moquez-vous ? Quand on sait qu'un train est au minimum 4 fois moins polluant qu'un camion et qu'un train c'est 50 camions, il est alors évident que le fret ferroviaire est écologiquement bien plus vertueux que le transport routier. Alors, évidemment, « moins de camions et plus de trains » ! Pourtant, la réalité, c'est l'abandon de nombreuses lignes ferroviaires secondaires substituables par des autocars, comme Périgueux-Agen, par exemple, ainsi que du fret ferroviaire, avec par exemple, la suppression programmée du « train des primeurs » entre Perpignan et Rungis, 140 000 tonnes de fruits et légumes par an, qui prendront la route. C'est cela votre politique de « valorisation des transports moins polluants » ? Vous prétendez vouloir « agir pour l'éducation de tous les enfants »... J'acquiesce, mais encore là, de qui vous moquez-vous ? Plus de 20% des élèves ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la fin de l'école primaire, cela malgré toute l'implication indéniable d'enseignants développant souvent avec ingéniosité, un travail pédagogique remarquable. Les rares dédoublements de CP, là où ils sont réalisés, donnent des résultats très positifs, vous le décrivez. Alors, c'est évident, la solution c'est « plus de maîtres et maîtresses avec moins d'élèves » ! Mais, la réalité est tout autre : En Dordogne, pour la rentrée 2019, il y aura 37 créations d'emplois et dans le même temps, 47 retraits d'emplois, soit 10 emplois en moins, et notamment, encore, 7 postes supprimés en RASED (Réseaux d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté) ! C'est cela « agir pour l'éducation de tous les enfants » ? Tous ces enseignants qui contestent les réformes de votre idole, monsieur Blanquer, ministre de l'Education Nationale, allant même jusqu'à la grève des notes au baccalauréat (du jamais vu !), qui critiquent sa loi en trompe l'oeil baptisée « pour une école de la confiance », tous ces « stylos rouges » sont assurément des idiots qui n'y comprennent rien, n'est-ce pas ? Vous vantez le plan « ma santé 2022 » de la ministre Agnès Buzyn, prétendant rénover notre système de santé, mais, en réalité, poursuivant et accélérant des restructurations d'économies budgétaires, niant le sous-financement chronique dont il souffre, en particulier à l'hôpital et dans les Ehpads. C'est 250 à 350 Hôpitaux Publics supplémentaires qui vont voir la fermeture de leur maternité, leur chirurgie, leur service d'urgences, et qui deviendront des « hôpitaux de proximité » coquilles vides. Ne sera-ce pas d'ailleurs bientôt le sort de l'hôpital de Sarlat ? Il a déjà subi la fermeture d'activités structurantes comme les soins continus et la chirurgie, la maternité est menacée, et des lits d'accueil sont progressivement fermés en psychiatrie. Il y a tromperie dans le discours gouvernemental sur les structures de proximité ! Et la miraculeuse télé-médecine, un outil qui devrait permettre une mise en relation des professionnels et un complément dans leurs pratiques, elle n'est vue que comme un moyen de les remplacer ! Dans tous les secteurs hospitaliers, les personnels s'insurgent contre cette politique d'austérité et en arrivent à la grève... sans aucun doute, par plaisir ? Assurément, ils n'y comprennent rien, eux aussi ? S'agissant des Ehpads et de la perte d'autonomie, ils ne sont qu'à peine évoqués, alors qu'il y manque des milliers de postes. Vous le souligniez clairement dans le diagnostic que vous avez fait de la situation des Ehpads en Dordogne, en mars 2018. Vous y mentionniez « une dégradation vécue par les résidents, les familles et les personnels, une détérioration des conditions de prise en charge et de travail, atteignant un point préoccupant, des personnels sous tension ». Vous remarquiez « combien les personnels sont engagés dans leur métier et combien leur travail est reconnu et apprécié par les résidents et les familles, mais hélas insuffisamment par l'institution ». Vous y affirmiez la « nécessité de répondre de manière plus adaptée à l'accueil des résidents souffrant de troubles cognitifs importants », et que « les autorités sociales et de santé doivent permettre aux établissements de fonctionner avec plus de personnel pour la prise en charge des personnes en situation de grande dépendance ». Qu'est-il advenu de ce rapport ? Serait-il passé à la moulinette à papier ? Vous connaissez fort bien l'Ehpad de Castels, pour y avoir notamment siégé au Conseil de Vie Sociale, avec son unité Alzheimer, de fait cruellement sous-dotée en personnel soignant. La situation ne s'est pas améliorée, bien au contraire, malgré le bla-bla de madame Buzyn ! Au 31/12/2018, avec 2/3 des résidents en GIR 1 et 2, l'établissement employait 59 personnes physiques, soit 55,27 ETP contre 57,23 ETP, fin 2016, avec seulement 2 agents présents par nuit pour 80 résidents, dont 20 dans une unité spécifique Alzheimer isolée. Tout va bien ? Le bien vieillir devrait être une priorité absolue ! Vous proposiez d' « imposer des minimas d'encadrement en augmentant significativement les ETP comparativement aux autres dépendances ». Auriez-vous changé d'avis ? « La dignité de la personne humaine est une question de civilisation » est la dernière phrase concluant votre rapport. Vous seriez-vous reniée ? Madame la députée, vous étiez maîtresse d'école, vous êtes devenue maîtresse des sophismes !
Michel Scanff, 1er maire-adjoint, exaspéré par votre propagande démagogique reçue en mairie.
PS : Je ne relèverai pas votre satisfaction à voir se développer l'entreprise Coste-Bois à Belvès, apportant un nouvel espoir pour l'emploi et la filière bois. Un nouvel élan économique ? Bien loin d'être avéré ! Et, je vous invite à prendre connaissance, si ce n'est déjà fait, de l'article publié dans la presse, notamment dans l'Echo Dordogne ou dans l'Essor Sarladais du vendredi 29 juin 2018, pour bien comprendre quelles en furent les conditions. On pourrait très légitimement envisager un détournement conséquent de deniers publics, et il n'y a pas vraiment de quoi pavoiser !!!
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