Les vendanges talissacoises
SAGELAT
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Situons Talissat.
Talissat, à 128 mètres d'altitude, est l'un de la quarantaine de lieux-dits sagelacois. On peut dire qu'il est au centre d'un paysage champêtre avec pour voisins immédiats La Banne, Malecourse, Le Coustalet et La Robertie. De là, on surprend, quasiment à 360°, l'oppidum de Belvès, la coiffe du Bloy, le promontoire de Pech-Bracou, on revient sur le chapeau de Pessarni et l'on intercepte les crêtes saint-germinoises.
Osons un brin d'onomastique.
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L'orthographie des toponymes est évolutive et il faut être très prudent pour interpréter leur étymologie. Les voisins du Maillac, sur la carte de Cassini, étaient à Nouaillac, ce qui bien entendu change l'exploration onomastique. Pour Talissat, aujourd'hui dûment orthographié avec un t final, on peut s'interroger.
J'ai rencontré un universitaire palois, il y a environ 25 ans, qui m'avait parlé d'onomastique. Pour Talissat, il m'avait donné comme sens probable le talus. Cette hypothèse me laissait plutôt dubitatif. Beaucoup plus probable, Talissat a de fortes probabilités d'être un glissement orthographique transformant un c final en t.
Localement, Talissat a dû être Talissac. Mon père, né en 1902, qui s'est bien peu passionné pour l'étymologie, l'onomastique et la sémantique, en français, prononçait, à tort ou à raison, Talissac.
Talissac pourrait donc être un lieu qui appartenait au taillis. En occitan, la lettre finale, qu'il s'agisse du c ou du t, n'est pas prononcée.
Un peu partout, surtout en terre occitane, on trouve des toponymes terminant par ac.
Le suffixe "ac" provient du gaulois "acos", latinisé "acum" ; qui appartient à. Ce suffixe se placera dans bien de toponymes de "villas" gallo-romaines" mais pas seulement. Ainsi Vézac, Vetiacum, de Vétus, vieux, Calviac, de calviacum, de calvus, chauve., Vitrac, de Vitriacum, villa appartenant à Victor, victorieux.
Bouillac, par exemple, vient de Bouilhac. Désigne celui qui est originaire de Bouilhac, nom d'un hameau à Lagraulière (19). Variante : Bouillac peut aussi désigner celui qui est originaire de la commune de Bouillac (24). On trouve également en Corrèze, les noms de famille Bouilhaguet et Bouillaguet. Ils renvoient sans doute au hameau de Bouillaguet à Perpezac-le-Noir (19). Pour la signification de Bouillac : on propose généralement le rapprochement avec Bouilhac, Bouillac 'le domaine de Bullius', nom d'homme latin. La forme Bouilhaguet nous invite à y voir plutôt l'occitan bolhaca, soit la mare, le bourbier.
Peau de chagrin
Quoi qu'il en soit, Talissat, manifestement, est implanté sur un espace déboisé, il y a fort longtemps, pour donner place à la vigne qui a été .grandement anéantie. Le vignoble périgordin faisait, jadis, jeu égal avec celui de la Gironde. De cette longue période vigneronne, il ne reste plus aujourd'hui que le Bergeracois qui enchâsse Monbazillac, Saussignac et Pécharmant.
Sagelat avait deux fermes viticoles dominantes Le Colombier, où l'on peut encore voir les caves voûtées, et Talissat.
La vigne réduite à peau de chagrin ne revint que par le truchement de cépages aujourd'hui prohibés depuis les années 30. Qui se souvient de leurs noms Clinton, Noah, Isabelle, Jacquez, Othello, Herbemont... et, en marge de cette prohibition, le Baco.
On a découvert que les vins issus d'hybrides contenaient un peu de méthanol, dangereux pour la santé. ... Dans les années 50, un décret européen a signé définitivement la fin des hybrides. Il ne subsiste que quelques vieilles vignes increvables. Seul le Baco blanc continue à être autorisé dans l'AOC Armagnac.
Les vignes sagelacoises se sont majoritairement étiolées et ont été remplacées par d'autres cultures et, çà et là, on trouve des ceps dans les parcelles boisées. Cela n'authentifie nullement une disparition de vigne car les oiseaux ont introduit des pousses, un peu partout.
Et les Talissacois.
Parler d'un lieudit sans évoquer les personnages qui l'habitent, ou l'ont habité, serait aussi lacunaire que retracer une cordée inédite sans citer les noms des alpinistes qui l'ont immortalisée. Pour moi, Talissat c'est la petite histoire d'un voisinage où s'enchevêtrent les générations. Pour celle des grands-parents refondateurs de cet ancrage je n'ai connu que la grand-mère que j'adorais voir passer, presque quotidiennement, avec son cheptel ovin filant vers ses pâtures lavergnoises. Doly, sa brave chienne, connaissait autant que sa maîtresse, le chemin à emprunter. Madeline parlait à ses moutons, en occitan bien sûr, leur prescrivant d'inutiles ordres, s'adressant plus à elle-même qu'à ses brebis. Madeline s'en est allée au terme de l'hiver 1957 et, depuis, nous n'entendons plus le bêlement des agneaux talissacois. Sa fille Marguerite, l'exquise maîtresse des lieux, se démarquait un peu de ses proches par sa préhension affirmée d'une certaine modernité. Marguerite fut une éclaireuse dans les avancées du siècle que l'on a bouclé, il y a maintenant 20 ans. Bien rares étaient les dames de cette génération qui avaient pu -et osé- se présenter au permis de conduire. Marguerite que d'aucuns appelaient "la" Margot, sans nullement penser au personnage historique de la Maison de France, a marqué le siècle talissacois. Toujours dans le monde de nos chers disparus, Manuel, je le considérais comme le factotum de ces lieux, marqua Talissat. J'adorais Manuel, un preux de la République espagnole, venu là chassé de sa péninsule par la dictature cléricale franquiste avide de rétablir la monarchie. Manuel n'a jamais cherché à s'approprier parfaitement notre langue. Pour le suivre, il fallait surtout savoir l'écouter et l'observer. Mon plus gros chagrin fut de ne pas savoir trouver un étendard de "sa" République, pour le conduire loin de sa Castille natale, à son lieu de repos définitif. Robert est arrivé. Au printemps 1962, il épousa Odette, la "gardienne moderniste du temple" et à partir de là, une nouvelle génération ouvrait un autre livret. Bien sûr, l'histoire continue.... Olivier, Sylvie, Manon et Vincent sont désormais mandataires de la mission de conservateurs de l'histoire de Talissat. |
Talissat vu de la R.D 53
Images ci- dessus Pierre Fabre
Une pause vendangeresse, image non datée. Elle doit se situer entre 1943 et 1945.
De gauche à droite : Marie-Rose Naumille-ép Delayre, [son mari Albert Delayre était mécanicien de chemin de fer en retraite] Yvonne, dite Célina, Rougiéras- ép Raymond, son mari Georges Raymond, [les Raymond étaient des retraités du hameau voisin de Lavergne] Manuel Martin-Plazas, [le factotum de Talissat] Madeline Bertin, sa fille Marguerite Vigié, [les propriétaires de Talissat] Anna Preisner, {une voisine et amie des Fauroux, mère d'Hélène et de Stanislas] Adrienne Lacan [voisine immédiate] et Émilienne Pasquet, [du hameau de Pesset] elle devint Petit par mariage au début des années 50.
Sur le rang intermédiaire : Louis -dit René- Fabre [le voisin du Coustalet].
Au premier rang : Hélène Preisner, elle deviendra maritalement Garrigue, Odette Vigié, l'actuelle propriétaire, elle épousa au printemps 1962 Robert Merlhiot et J-Claude Fabre.
Image X. Coulomb
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