La nature se révolterait-elle ? Tribune verte de Michel Ribette
Michel Ribette, inlassable chantre de la Nature, dans cette période difficile, ne baisse pas la garde.
Il nous livre ses inquiétudes qui doivent ou, au moins, devraient être les nôtres. |
La nature se révolterait-elle ?
A force de dilapider les ressources naturelles pour satisfaire leurs pharmacopées empiriques aux hypothétiques vertus, massacrant les rhinocéros pour leurs cornes, les civettes et les chauves-souris pour leur viande et, aujourd’hui, les pangolins, pour ne citer que ces espèces parmi, malheureusement, de nombreuses autres, les Asiatiques jouent aux apprentis sorciers.
En prélevant sans retenue, certains animaux mais aussi certaines plantes sauvages, l’homme prélève aussi, par la même occasion, les agents pathogènes dont ils sont porteurs. Le pangolin, mammifère chassé pour ses écailles mais également convoité pour sa viande, figure parmi les animaux les plus menacés d’extinction. Le Covid-19, une nouvelle zoonose, nous rappelle douloureusement que l’on ne peut s’exonérer des règles de la nature, en bouleversant ses équilibres résultants de l’évolution des espèces et des espaces. Les exemples de maladies transmises à l’homme par les animaux, sont nombreux.
Le réchauffement de la planète, dernier souci de nos dirigeants et multinationales, si l’on en juge les conclusions des différentes COP, grandes messes hypocrites censées régler les problèmes de climat et de biodiversité, le réchauffement, dis-je, favorise la colonisation d’espèces étrangères à notre patrimoine naturel. Parmi elles, plusieurs moustiques exotiques se sont établis chez nous, amenant avec eux de nouvelles pathologies à l’exemple du Chikungunya. Venues d’elles-mêmes ou avec la complicité bienveillante ou fortuite des hommes, elles se sont bien implantées et seront difficiles voire impossibles à éradiquer. Prenons un exemple notoire, celui d’un insecte, le Frelon asiatique débarqué en France, en 2004, chez un importateur de poteries asiatiques du Lot et Garonne. Sa colonisation exponentielle le situe, aujourd’hui, présent sur presque la totalité du territoire, tout comme la Pyrale du buis venue, aussi, d’Asie.
La déforestation intensive qui réduit inexorablement les poumons verts de la Terre, qui nous permettent de mieux respirer, appauvrit la biodiversité. Nous n’avons toujours pas compris ou nous ne voulons pas comprendre à quel point, l’espèce humaine est intrinsèquement liée au maintien vital de la vie, sous toutes ses formes et au respect de leurs biotopes. L’éradication de nos forêts, riches conservatoires génétiques de la vie sauvage, stresse, désoriente et affaiblit la faune. Les espèces deviennent plus vulnérables et plus faciles à capturer pour alimenter les marchés africains et asiatiques. En 2019, et en plein cœur de Paris, n’a-t-on pas saisi dans une épicerie de spécialités africaines, de la viande de singes provenant de trafics frauduleux échappant à tous contrôles sanitaires.
Le fléau qui nous infecte et nous affecte, actuellement, nous invite désormais à plus de vigilance et de civisme et la politique du « Tous pour un et un pour tous » devra être la règle si nous ne voulons pas atteindre un point de non-retour.
Plus on puisera dans les ressources naturelles pour les disperser aux quatre coins du monde, plus on multipliera les risques d’éparpiller les agents pathogènes hébergés par les espèces réservoirs. Espèces qui favorisent le cycle de reproduction des virus et qui peuvent les transmettre sans être inquiétées.
Aujourd’hui, pangolins et chauves-souris prennent une certaine forme de revanche, et demain ? Pardon pour cet excès d’anthropomorphisme.
Après cette douloureuse épreuve, beaucoup de bilans et de décisions émaneront. Espérons que les relations entre l’Homme et la Nature y seront harmonieusement prises en compte et pour le bien de toutes les espèces et pas uniquement pour la nôtre. L’humanité dans sa petitesse et son impuissance constatées, aujourd’hui, ne pourra pas continuer à s’accrocher à la vie en faisant tout pour l’abréger. En un siècle, une grande majorité des pays est devenue virtuose du saut à l’élastique. En plongeant vers l’inconnu, nous nous sommes souvent cogné la tête et avons plus ou moins bien rebondi, mais, aujourd’hui, notre protection semble bien fêlée.
Bref, trivialement et sans détour, nous avons pris un sérieux « pète au casque » et les scénarios catastrophes de productions cinématographiques et littéraires sont devenus la triste réalité. Soyons responsables et évitons, demain, et comme l’écrivait le grand biologiste Georges Schaller (Wildlife Conservation Society) « que nos enfants soient nos héritiers et non nos survivants ».
La préservation de la biodiversité comptera-t-elle, demain, si l’on considère l’aperçu décevant du manque de solidarité des hommes pour les hommes ?
Certains pays d'Europe ne se sont-ils pas opposés à une participation financière pour aider les pays défavorisés et largement sinistrés tels que l’Italie et l’Espagne ?
Les gouvernements et républiques viennent de nous démontrer qu’ils étaient bien en marche - je vous laisse juger du sens emprunté.
" Nous sommes savants, mais nous ne savons rien " – comme l’écrivait Tolstoï dans son œuvre Les cosaques.
Prenez soin de vous et plus que jamais, restez curieux de Nature, elle est source d’émerveillement et… ne déçoit jamais.
(Consultez sur internet le cri de Fred Vargas écrit en 2008 : « Nous y sommes, nous y voilà ! »)
Michel Ribette
pour Terres de Nauze – avril 2020
Bonne nouvelle : - au moment où je m’apprête à conclure ce « papier », j’apprends que la province chinoise de Shenzhen interdirait, désormais, la consommation de chiens et de chats. La Chine vient de proscrire toute consommation de viande issue d’animaux sauvages, mais pour combien de temps ?
Mauvaise nouvelle : - La bile d’ours déjà utilisée dans leur médecine traditionnelle, semble être devenue un remède miracle, mais pas pour les ours.
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Coronavirus. Ce soir ou demain, un rappel de Virginie pour la méthode de confection de masques de protection. Ce guide sera assorti de propositions d'aide de fourniture du cabinet du Dr Pascal Bellevallée.
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