Terres de Nauze

J - 400.

Sénèque, dans l'une de ses lettres à Lucilius sur la Providence, " il sait qu'on vainc sans gloire quand on vainc sans péril ". ...  Plus proche de nous, le vers du Comte lancé à don Rodrigue, acte II, scène 2 du Cid, " À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" est connu de tous et est devenu un proverbe. Encore plus tard, Gilbert Cesbron ironise un brin avec  "Vaincre sans péril est peut-être la seule chance de triompher sans péril."

Dans une écrasante majorité des communes rurales, sauf surprise énorme et impensable aujourd'hui, on connaîtra en 2020, des élections avec des listes uniques. Une élection, pour garder tout son sens, à mon humble avis, a besoin d'un fonds de remise en cause, d'une mesure d'appréciation, d'estimation, de jugement populaire, sinon on s'approche des cas de figure des élections qui ont eu cours dans les systèmes qui avaient une hétérodoxe pratique de la démocratie comme ce fut le cas sous l'ère soviétique. Les chantres de notre système pourraient répliquer "pourquoi ouvrir des théâtres d'adversité alors que l'acquiescement populaire ne pose pas de problème majeur !"  Certes ! Certains citoyens, y compris dans ceux qui n'ont jamais été tentés d'en user, regrettent que l'on ait supprimé les possibilités citoyennes de concourir par des candidatures individuelles dans les communes de 1 000 habitants et plus, écarté les possibilités de panachage et enfin supprimé les suffrages citoyens se portant sur des personnes non candidates. On a beau dire que c'est pour simplifier le dépouillement, c'est un superbe raccourci pour justifier une atteinte à des libertés fondamentales ancestrales. Pour la toute petite histoire, on a connu, relativement proche de nous, après la Libération, l'élection d'un personnage qui avait certainement du mal à renaître après une période trouble. Il n'était officiellement pas candidat. Brantôme lui a cependant remis les clés de la mairie. C'était Georges Bonnet.

 

  

Le calendrier électoral de 2020 n'est pas encore verrouillé ; et, l'exécutif qui est maître d'œuvre dans ce domaine, peut, éventuellement, et cela ne serait pas la première fois dans l'histoire, retoucher l'échéance calendaire, d'autant plus qu'elle n'est pas encore arrêtée.

 

Si l'on s'en tient à la dernière élection municipale, qui a eu lieu les 23 et 30 mars 2014, il paraît logique de tabler sur les 22 et 29 mars 2020, soit 6 ans après la précédente consultation, pour les prochaines échéances.

 

 

Dans les 13 communes de l'ancien canton de Belvès, la situation apparaît d'un calme olympien. Le système de la validation sera un peu  partout la règle. Deux maires, Larzac et St Pardoux, a priori, après plusieurs mandatures bien remplies, semblent bien prêts à abandonner leur écharpe. Pour les autres, l'autoroute ne semble point encombrée, tous les feux sont au vert. 

 

 

Christian Léothier.jpg Compte tenu du système électoral qui écarte désormais les rares, voire rarissimes, émergences spontanées, impulsées par les électeurs désireux d'apporter une note  anticonformiste, désormais irrecevable, tout semble annoncer des listes uniques un peu partout, sauf, peut-être, à Belvès où des rumeurs, pour ne pas dire des supputations, pour l'heure absolument gratuites, ont imaginé des hypothèses de pluralité.

 

Christian Léothier aura-t-il la voie libre et totalement dégagée, comme ses collègues des communes voisines, et connaîtra-t-il, comme eux, des élections  de pure forme de validation sans le moindre risque, c'est l'avenir qui le dira ! 

 

On notera que dans ces Terres-de-Nauze, il n'y a qu'à Belvès et Siorac où existe l'éventualité d'une infime brisure d'once de proportionnalité. Cette proportionnelle-là, taillant à outrance des parts de lion, n'est qu'une caricature grotesque. Elle n'a de proportionnelle que le nom parce que celle-ci écrase largement toutes les minorités, y compris celles qui peuvent être défaites sur le fil, au bénéfice de l'âge, et ce n'est pas une hypothèse d'école. En 2014, la ville béarnaise de Lescar, aux portes de Pau, 10 000 habitants, a connu l'égalité parfaite, 2 670 suffrages. Cette égalité a anéanti, pour certains, l'espérance de renversement de majorité. La minorité dut se contenter de brisures de miettes.

 

Nous savons tous que les promesses et les engagements, en matière électorale, n'engagent que celles et ceux qui veulent y croire, alors  l'affirmation gratuite de principe d'une mandature unique, a de sérieuses probabilités de sombrer, soit dans l'oubli soit dans le vœu pieux.

 

Belvès, néanmoins, pourrait cependant connaître des élections municipales se démarquant de celles des 12 autres communes car il pourrait se faire qu'il y ait, au castrum, des ambitions, pour l'heure plutôt discrètes, qui s'affirment et, pourquoi pas, des compétiteurs partant pour un baroud d'honneur. Sauf surprise, on voit mal qui pourrait bien jouer les trouble-fêtes et, encore moins, qui a une chance, même infime, d'être la surprise de 2020.

 

 

 



15/02/2019
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