Terres de Nauze

Francis Vialard, le conteur du castrum, revient sur la peste noire.

 

 

 

 

Francis Vialard

 

Qui est Francis Vialard ?

 

Son patronyme, peu répandu, est un nom de hameau d'origine Massif Central. Les étymologistes estiment que c'est une variante de villard, forme méridionale fautive de villar, en latin villare, qui désignait une partie du domaine, une ferme.

La généalogie de notre ami Francis, il se trouve fort bien dans la cité belvésoise où il a quasiment toujours vécu, réunit des lignages quercynois et agenais.

Francis, qui a fait carrière à la poste belvésoise, connaît parfaitement  les vieilles familles de cet oppidum belvésois et autant ses rues, places, venelles et impasses. Il se plaît à faire découvrir cette cité médiévale aux touristes et même, parfois, à des autochtones qui n'ont pas pris le temps de regarder les détails de cet agrégat patrimonial multi-séculaire.

 

Francis a exploré le temps. Que se passait-il dans le pays, en aval de l'année 1348, lors du début de ces péripéties?  La Guerre de Cent ans faisait rage. Laissons Francis nous conter les heures terribles de cette époque. 

 

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Bicou

 

 

Suivons Francis dans sa balade historique belvésoise.

 

Toutes les archives qui appartenaient à la maison des Consuls, furent détruites durant la révolution au même titre que les archives de l’abbaye de Fongauffier et de Cadouin. Grâce à des recherches entreprises au cours des siècles, par des passionnés, un pan de l’histoire de Belvès peut désormais se dévoiler, notamment sur l’épidémie de la peste noire au XIVème siècle.

 

La peste noire qui a sévi dans la région au XIVème siècle, fut à n’en point douter, une pandémie redoutable, dans la mesure où elle fit d’innombrables victimes, sans toutefois en connaître le nombre. Ce n’est qu’à partir de 1351, que le premier comptage de la population fut acté dans la seigneurie belvésoise.

 

En 1351, donc, on dénombrait 544 feux que l’on multipliait par 5 ou 6, pour trouver le nombre d’habitants et 14 années plus tard, seulement 331 feux !

 

En cette année noire de 1348, Paris subissait de plein fouet, l’épidémie, pas moins de 500 personnes y perdaient la vie sur une seule journée. Le Périgord n’est pas en reste, il est aussi affecté, Sarlat et Belvès sont cités dans les archives de l’époque comme centre de l’épidémie. Dans la cité médiévale, par ordre du consulat et du bayle,  la cloche municipale et le tocsin sonnent l’alerte. Les habitants sont priés de quitter les lieux, ils se réfugient pour la plupart dans la forêt de la " Bécède " toute proche, seule la garnison reste en poste dans le castrum avec quelques notables d’importance. Quant à ceux vivant à proximité des fossés, l’épidémie s’est vite propagée dans les sites troglodytiques surpeuplés de gens pauvres aux conditions d’hygiène précaires. Les sœurs de la miséricorde accueillent les malades dans l’hôpital situé en haut de la rue du Barris, hors de la place fortifiée. De l’hôpital ancien par la rue du cimetière (rue des Ecoles), on accède au quartier de " moncuc ".

 

Bâtie sur un petit prieuré du XIèmesiècle, l’église Notre Dame de Moncuc ou de l’Assomption s’élève dans la seconde moitié du XIIIème ; mais, par manque d’argent, le chantier s’éternise. Conscient du danger, l’évêque d’alors, Bertrand de Got (futur pape Clément V) va intervenir sur place en 1304, afin de récolter les fonds nécessaires à l’achèvement des travaux. L’église au XIVème,  a une configuration différente de celle que l’on connaît de nos jours. Elle ne dispose pas de la même longueur, ni du porche actuel, mais elle est beaucoup plus haute, plus large à l’intérieur, agrémentée d’une rosace sur la porte royale et de baies vitrées imposantes. De plus, elle dispose de fortifications et d’un chemin de ronde. A proximité de cette église, la propriété des bénédictins s’étalait jusqu’au chemin de Limeuil ou d’Urval. Encore présente de nos jours, la rue de Limeuil faisait fonction de limite cadastrale de propriété, avec les terres des moines jacobins du couvent. C’est peut-être là, sur l’actuel terrain de sport, anciennement occupé par des vignes, que l’on a pu enterrer sommairement les cadavres.

 

Lors des travaux de terrassement, les pelleteuses avaient mis à jour, des nombreux ossements humains faisant resurgir les tragédies de l’histoire locale, peste noire, guerres de religion, famine, prolongement de cimetière, mystère ….

 

En revenant à cette année 1348, même l’Archevêque de l’époque avait quitté précipitamment la région bordelaise, pour venir se réfugier dans sa châtellenie belvésoise. Mal lui en a pris, touché à son tour par ce terrible fléau, l’Archevêque Amanieu de Cazes, succombait à cette épidémie, ici même, dans le castrum, le 9 août 1348.

 

C’est dans la toute nouvelle église du couvent des frères prêcheurs, jacobins ou dominicains, bâtie en 1321, construite en partie sur la place du monument aux morts, que le corps du défunt apostolique fût inhumé sous une dalle réservée à sa personne par les moines, dans un emplacement jamais utilisé. Lors des travaux de rénovation de la place, cette dalle aurait été retrouvée. Malheureusement, l’on n’a pas su considérer celle-ci comme une pièce essentielle du patrimoine local, elle a totalement disparu.

 

De même, à l’office de tourisme, (la maison des Consuls), les dates de 1624 – 1628 avaient été inscrites sur la poutre centrale d’une cheminée, dates disparues de nos jours, lors d’une restauration à la va-vite.

 

Ces dates annonçaient d’autres épisodes pandémiques, sujet qui sera abordé prochainement par Michel Carcenac qui, actuellement, travaille sur la peste noire au XVIIème siècle.

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Avec une pensée pour Georges Rebière, un inconditionnel et amoureux de l’histoire de Belvès, récemment disparu.

 

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En bref. La vie culturelle belvésoise endeuillée. Notre amie Noëlle Choublier-Grimbert vient de décéder, hier 1er mai.



02/05/2020
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