Terres de Nauze


Ces statues qu'on veut déboulonner

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Les statues ne tombent jamais d’elles-mêmes de leur piédestal. En ce moment, une partie de l’opinion publique constatant, si l’on peut dire, que le service après vente n’est plus assuré, décide de donner un dernier coup de pouce.
En France et dans le monde, on ne compte plus le nombre d’actions spectaculaires concernant des statues qu’on veut abattre et les rues qu’on veut débaptiser. Un certain nombre de nos concitoyens souhaitent revoir la liste des personnalités dignes d’être distinguées et celles qui doivent être écartées. La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer ce besoin de justice. Ce
désir est fondé mais qu’on y prenne garde, il y a dans cette surenchère à la vertu le danger d’une crise majeure : souvenons-nous, Robespierre a remplacé Danton, Thermidor a mis fin à la terreur.
Autant on pourrait comprendre une action à l’encontre d’Alphonse Thiers, fossoyeur de la Commune, qui a donné son nom à des milliers de rues, autant on doit s’interroger sur le bienfondé des attaques menées contre Schoelcher, héros de la lutte contre l’esclavage et contre Winston Churchill dont la détermination a sauvé l’Europe.
La République pour distinguer les mérites de ses meilleurs éléments leur a érigé des statues. Ce côté ostentatoire n’a pas
toujours été du goût de celles et ceux qui ont toujours été méfiants envers les institutions qu’elles soient militaires, religieuses ou politiques. Jules Romain, ’auteur célèbre du roman «  Les hommes de bonne volonté » se fait les dents contre ces trois institutions dans son livre « Les copains » (1913). Il le fait avec humour et tout particulièrement quand il s’agit des hommes politiques au discours ampoulé et imbus de leur personne.
Pour faire court, les copains invitent le député et la population de la circonscription à l’inauguration de la statue de Vercingétorix.
Le député prononce un discours grandiloquent :« Ah ! Vercingétorix, il me semble que j‘entends ta voix rude. Tu
nous dis : Enfants d’Auvergne, avec ma sueur, avec mon sang, j’ai cimenté les bases de la démocratie. » La statue est dévoilée, Vercingétorix apparaît  nu comme un ver sur son cheval de bronze, protégeant son intimité avec son bouclier. Le canular n’est
pas du goût du député. Les insultes fusent. On en vient aux mains.
L’humour est peut-être une façon d’éviter de réduire l’histoire à un long et interminable contentieux.
Entre le vice et la vertu, à côté de faits imprescriptibles, il y a la place pour la remise à jour de certains dossiers mais aussi pour le pardon et l’oubli.
Il n’y a pas la place pour une chasse aux sorcières ou une épuration déguisée. 

Dernière modification le lundi 22 Juin 2020 à 21:02:32
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