Terres de Nauze

Fauvel cache une merveilleuse source

 

 MONPLAISANT

 

 

Que peut bien vouloir dire Fauvel.

 

Fauvel s'inscrit dans ces très nombreux cas de figures où un patronyme devient un microtoponyme. Fauvel n'est pas particulièrement occitan et même pas du  tout. Notre vieil idiome, dont l'embasement remonte aux ères celte et gallo-romaine, a connu des intrusions anglo-saxonnes, indo-européennes, germaniques, arabes, etc. 

 

Signification et origine du nom FAUVEL. Origine : fauvel est un nom de famille, dérivé régional Normandie, Picardie, Midi, de fauve, issu du germanique falwa, jaune foncé, sobriquet d'après la couleur de la chevelure .

 

 

A priori, nous sommes là sur le phénomène du transfert d'un patronyme devenant microtoponyme.

 

En s'appuyant sur http://www.jeantosti.com/noms/f1.htm on trouve

Fauveau, Fauvel    Diminutif de fauve, sobriquet désignant sans doute une personne aux cheveux fauves (< francique falw, latinisé en falvus). A noter cependant que le patronyme semble avoir été utilisé au Moyen Âge comme nom de personne. Un autre sens possible est celui d'hypocrite, lié sans doute au Roman de Fauvel, oeuvre du début du XIVe siècle. C'est en Normandie qu'il est le plus répandu. Variante : Fauveaux (Picardie). Variante ou matronyme : Fauvelle (Picardie).
Fauvellière    Le nom est surtout porté dans l'Orne, tout comme ses variantes Fauvellières et Fauvelière. Il désigne la ferme ou le domaine de celui qui s'appelle Fauvel ou Fauveau (voir ce nom). Il existe une vingtaine de hameaux portant ce nom depuis la Normandie jusqu'à la Bretagne.

On est souvent surpris de l'origine des microtoponymes qui parfois sont de faux-amis, Cantegrel ou Cantelauzel en sont l'exemple type. Les grillons ou les oiseaux chantent un peu partout et le préfixe a peu de probabilités de se rapporter aux bucoliques sons des oiseaux ou des grillons mais plus à kant, la pente, en allemand. Charlemagne dont les légions évangélisaient, par la douceur  du glaive, les populations, a laissé de belles traces germaniques dans notre idiome.

 

Fauvel a donc de bonnes présomptions d'être lié à un lointain personnage aux cheveux fauves. Fauvelou, lieudit tout proche, est probablement un diminutif du premier. Le fils de Fauvel a pu devenir un Fauvelou. Le ou final étant souvent, comme le et, une forme affectueuse. Pauvre devient pauvret, Grand devenant Grandet ou Grandou, Jean, Jeantou, Pasquet, Pasquetou, Millas, Millassou, Picas, Picassou etc.

 

 

Cliquez sur les images

 

 

01 - Source de Fauvel à Monplaisant.jpg

 

Vue d'ensemble de la source de Fauvel.

Photo © Bruno Marty

 

Laissons Théophile Gautier traduire l'émotion qui étreint les amis de la nature au pied d'une source. 

 

Jules, Pierre, Théophile Gautier, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine, le 23 octobre 1872, est un poète, romancier et critique d'art français. Fils de Jean-Pierre Gautier et d'Adélaïde Cocard, Théophile Gautier né dans les Hautes-Pyrénées, est cependant parisien depuis sa plus jeune enfance.

Théophile Gautier vers 1855 par Nadar.jpg
Théophile Gautier,  par Nadar 1855

 

 

 

La source

 

Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l'eau prend sa course
Comme pour s'en aller bien loin.

Elle murmure : Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.

Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m'oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M'égratignent dans leurs ébats ;

A ma coupe l'oiseau s'abreuve ;
Qui sait ? - Après quelques détours
Peut-être deviendrai-je un fleuve
Baignant vallons, rochers et tours.

 

Je broderai de mon écume
Ponts de pierre, quais de granit,
Emportant le steamer qui fume
A  l'Océan où tout finit.

Ainsi la jeune source jase,
Formant cent projets d'avenir ;
Comme l'eau qui bout dans un vase,
Son flot ne peut se contenir ;

Mais le berceau touche à la tombe ;
Le géant futur meurt petit ;
Née à peine, la source tombe
Dans le grand lac qui l'engloutit !

 

 

02 - Source de Fauvel à Monplaisant.jpg

 

Comme l'a justement écrit Théophile Gautier, elle sourd entre deux pierres dans un coin.

Photo © Bruno Marty

 

 

03 - Source de Fauvel à Monplaisant.jpg

 

 

Bruno et moi n'avons rien retouché au décor, si ce n'est que pour favoriser la prise de vue, là comme au Bloy, l'autre semaine, nous avons dégagé quelques ronces et des herbes envahissantes. Si ce bijou de Fauvel est, aujourd'hui, visible, c'est grâce à l'entretien des berges prodigué par notre ami Séverin, un grand ami de la Nauze, qui s'applique à souligner toute l'impression prenante, presque grandiose, de ce trait d'union de notre vallée.

N'oublions pas non plus que ce reportage photographique, nous le devons à la famille Lecardeux, propriétaire de la parcelle.

Photo © Bruno Marty

 

 

04 - Pierres de source.jpg

 

 

Bruno est toujours en extase devant ces pierres rouges qui donnent à la vasque, ses côtés géologique et pédagogique.

Photo © Bruno Marty

 

 

05 - Source de Fauvel à Monplaisant.jpg

 

 

Bruno, l'an dernier, fut émerveillé par les bulles d'air de la fontaine de Fongauffier, il a réalisé à cette occasion de merveilleux clichés et a séduit les visiteurs de son exposition au Bugue avec la plus belle de ses images. Il s'intéresse depuis à ce phénomène. Depuis longtemps, ces bulles, qui ont eu leur côté énigmatique, interpellent les observateurs des sources. Depuis longtemps, les hommes de science se penchent sur ce particularisme. Léonard de Vinci l'observa et aussi Carlo Marangoni. Ce dernier nous laisse la mécanique des fluides. On désigne par effet Marangoni (du nom du physicien italien Carlo Marangoni les phénomènes de transport de matière, le long d'une interface sous l'effet d'un gradient de tension superficielle.

Photo © Bruno Marty

 

 

06 - Source de Fauvel à Monplaisant.jpg

 

Comme l'écrivait Théophile Gautier, "Mais le berceau touche à la tombe ; le géant futur meurt petit ; née à peine, la source tombe dans le grand lac qui l'engloutit !

Photo © Bruno Marty

 

 

Grand merci à Sylvette Lecardeux-Fontalirant, pour sa permissivité, à Séverin, le "conservateur-paysagiste" de Fauvel, à Bruno pour ses superbes images et surtout un merci renforcé à notre souveraine la Nature qui sait nous livrer des merveilles bien à elle, bien plus belles que le Taj Mahal ou les Pyramides parce qu'elles sont ses oeuvres, elles défient le temps bien au-delà du passage furtif des hommes.

Cette escale à Fauvel me rappelle mon enfance lorsque je me rendais, pédestrement, chez grand-mère et que je ne me lassais pas d'observer ce décor aquatique du vieux pont de Fauvel, de sa cascade et de son bief.

 

Un tout petit mot pour finir. La source de Fauvel s'inscrit dans une parcelle humide, nous avons besoin de ces lieux humides pour notre environnement et sa richesse biologique, cela tombe sous le sens. Mais que dire de cette lacune de notre belle langue française pour désigner un lieu  marécageux ! En terres occitanes, on parle en Limousin de "Sagne",  plus au sud, en Rouergue, on dira "sanha".

Le basculement des microtoponymes en patronymes, là aussi, s'est naturellement produit. On trouve des Sagne, avec toutes les dérives et diminutifs Sagnel, Sagnette, Sagnol, Sagnole, Sagnot, Sagnou, Sagnac et bien d'autres. L'onomastique s'autorise même Sagnilmorte, l'étang mort.

 

_______________

 

 

Bruno aurait voulu que ce reportage soit bicéphale en présentant Fauvel et, aussi, une autre petite merveille "nauzéroise" la Pioulade.

 

Cette très jolie source fera l'objet d'une autre page.



25/04/2019
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