Ce lundi soir, recensement des comédiens, de 1961 à 2019, de la Troupe de Sagelat.
SAGELAT
Lors de l'été 1962, la troupe de Sagelat se surpassa en interprétant "La Cerisaie", pièce de théâtre d'Anton Tchekhov créée en 1904.
Commencée en 1901, la pièce – une comédie en quatre actes – est achevée en septembre 1903. La première a lieu au Théâtre d'art de Moscou le , puis la pièce est représentée en avril à Saint-Pétersbourg, où elle connaît un succès plus vif encore. Tchekhov a écrit, en partie, sa pièce à la Datcha Blanche et dans le domaine de Constantin Stanislavski à l'été 1902, Lioubimovka, dont il s'inspire aussi pour sa pièce.
« Toute la Russie est notre cerisaie. La terre est vaste et belle, il y a beaucoup d'endroits splendides.
[Pause]
Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez de dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »
— Anton Tchekhov, La Cerisaie (tirade de Trofimov, à la fin de l'acte II).
Je n'avais pas 18 ans et je me suis mis, spontanément, à aimer Tchekhov... peut-être grâce à cette tirade.
_____________
Au premier rang, notre inoubliable Médou, il était Gaiev dans la pièce. Par deux répliques anthologiques, il amusa le public avec "je carambole à gauche, je carambole à droite" et "abondance de biens ne nuit pas". Ce grand humaniste est toujours dans nos cœurs.
J'ai bien failli proposer cette image, qui a 58 ans, dans la thématique "les reconnaissez-vous".
En 1962, je n'étais qu'un adolescent, petit "moujik" sagelacois, sur le départ vers la vie active, bien en marge des brillants comédiens amateurs qui ont interprété "La cerisaie" de Tchékhov. La plus jeune était, à quelques mois près, de mon âge. Le plus âgée, notre Médou, avait alors 52 ans.
Beaucoup nous ont quittés. Inévitablement, nous penserons à eux tous, ce lundi, à la salle des fêtes, en pointant les listes de celles et de ceux qui, pendant bientôt 6 décennies, ont par leur talent scénique, émerveillé le public à Sagelat mais aussi dans bien des villages et des bourgs de notre Périgord.
A découvrir aussi
- Ils ont obtenu le sésame pour le lycée
- C'est le lexicographe qui l'a écrit. "Heureux élus !"
- Autour des ponts. Volet n° 1 , Le pont du Garrit est fermé.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 231 autres membres