Bon anniversaire Lydie
Le jour de ta naissance, c'est en Allemagne que l'histoire pousse son curseur avec le bombardement de Wurstbourg, ce joyau bavarois, ville située sur le Main qui est le point de départ de la route romantique. Ce futur patrimoine mondial de l'Unesco est sévèrement pilonné par la Royal Air Force. En 20 minutes, 5 000 personnes perdent la vie et plus de 90 % des bâtiments du centre-ville sont alors détruits.
À Auschwitz, Alex Mayer profite de la libération par les Soviétiques de ces lieux maudits, pour amorcer son devoir de mémoire avec son "Appel aux familles du convoi 77". La plume d'Alex Mayer ne dispose d'aucun moyen réel... pas même de papier…
Ce jour-là, à Frégona, gros bourg de la province de Trévise, en Vénétie, tu poussas ton premier cri. Par la suite, tu es devenue, sans t'en rendre compte, une éclaireuse de l'Europe. Lydie, tu es, sans aucun doute, la plus marquante des anciennes élèves de la génération qui, après la Libération, prit le chemin de l'école. Nos formateurs qui boycottaient les classements par cours préféraient, pour d'obscures raisons, nous classer par "divisions". Nous n'avons partagé qu'imparfaitement les avancées scolaires de nos camarades et amis de notre âge : Catherine, dite Jacqueline, Raymond, Jean-Paul, il restera pour nous, toujours, l'un de nos deux Jeannot, comme nous disions alors, et mon ami privilégié d'enfance, le regretté Jean-François, qui nous a définitivement quittés, il y a 13 ans. Il reste solidement gravé dans nos cœurs. Nous étions trois dans cette division. Tu étais la "meilleure", invariablement toujours première… Notre amie Françoise emboîtait le pas et, aussi invariablement, le cancre, la honte de cette division qui, aujourd'hui, t'adresse tous ses vœux d'anniversaire.
Lydie, quand nous trébuchions sur les dénominateurs communs, sur les subtilités de la conjugaison du plus-que-parfait du subjonctif, pour toi, c'était toujours d'une évidence parfaite et tes narrations ont parfois, fait l'objet de lecture de l'instituteur. Je me rappellerai toujours de cette phrase qui m'a interpellé à l'époque "Je suis en extase devant cette haie d'aubépine blanche". Ce n'était pas George Sand, au XIXème, dans le Berry, mais Lydie, au XXème, en Périgord. Tu annonçais là, dans ton devoir, avec une éblouissante richesse de vocabulaire, les prémices du printemps.
Nous étions impressionnés par nos aînés dont l'autre Pierre, celui qui nous fascinait quand il devait réciter "Les plaideurs" de Racine. Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôtre, Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre. Nous avons souffert quand nos aînés d'un an, l'autre Jeannot, que nous avons salué une ultime fois, l'an dernier, et son compère René se sont échappés vers le secondaire. Nous avons enduré, une autre fois, quand le glissement vers le collège nous a séparés ; car, à cette époque, les préadolescents filles garçons, ne cheminaient pas ensemble sur les bancs du Cours complémentaire ou des vénérables Remparts.
Polyglotte, maîtrisant parfaitement les langues de Goethe, Shakespeare, Dante, sans oublier les idiomes occitan et l'alsacien, tu te devais de faire une brillante carrière dans cette province qui, à 45° sur notre carte hexagonale, t'a appelée vers des ressources humaines, parfois difficiles, voire douloureuses, dans le contexte de notre temps, mais ton humanisme ardent a fait que, là aussi, tu as toujours brillé.
C'est affreusement banal mais, ce 16 janvier, Lydie, je te souhaite un très bon anniversaire et j'envoie toutes mes amitiés à Roland qui partage, certainement avec toi, ces glissements calendaires qu'il faut savoir comptabiliser avec sérénité.
Dans le lectorat, certains penseront : ce vieux c..., invariablement, n'en finit plus de radoter!
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