Terres de Nauze

Égarons-nous, loin de nos Terres de Nauze, pour passer "Derrière les portes du centre d'essais Citroën de La Ferté-Vidame".

Notre amie Claudine Marty, résidente de Pesset, cet écart belvésois où avec Pierre, son époux, elle a fixé sa demeure pour vivre une retraite bien méritée, se passionne pour la vie locale avec une affinité pour la vie citoyenne qui l'a conduite au conseil municipal.

Elle affirme son coup de coeur pour le patrimoine avec sa peinture qui nous livra un superbe aperçu du viaduc de Lagrange, ouvrage ferroviaire de Vaurez.

 

Son cursus professionnel l'amena, en son temps, au Centre d'essais Citroën de La Ferté-Vidame et, aujourd'hui, par son texte, elle va, certainement, ouvrir un sujet qui pour la majorité d'entre nous, sera une découverte.

 

Merci Claudine 

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Claudine Marty

 

 

 

 

 

 

Derrière les portes du centre d'essais Citroën de La Ferté-Vidame



Le site de 812 hectares est entouré de 12 km de murs d'enceinte. Ce serait la plus grande propriété privée close de mur non traversée par une route publique en France.

 

Le site de 812 hectares est entouré de 12 km de murs d'enceinte. Ce serait la plus grande propriété privée close de murs, non traversée par une route publique en France.

Caché derrière ses grands murs, c'est un site immense qui cultive pourtant la discrétion. Le centre d'essais Citroën de La Ferté-Vidame (Eure-et-Loir) a eu 80 ans, l'année dernière. Une longévité remarquable honorée par l'accueil du centenaire de la marque aux chevrons du 19 au 21 juillet 2019.

Avant de voir Citroën s'installer en 1938, le parc de La Ferté-Vidame était déjà lié à l'automobile. D'abord entre les mains de la noblesse, le domaine devient un Bien national puis est vendu à différents propriétaires privés en 1872. Des manifestations aéronautiques s'y tiennent au début du XXe siècle, « l'engouement pour ces nouvelles technologies que sont l'aviation et l'automobile, a permis de voir s'y dérouler de remarquables meetings », décrit un bulletin de présentation du site. L'aviateur Roland Garros a ainsi survolé le parc en 1911, lors de la Fête de l'aviation.

 

Dans les années 20, La Ferté-Vidame faisait partie des communes retenues pour la construction d'un « important complexe de loisirs basé sur les activités automobiles et aéronautiques ». Sa proximité avec Paris et surtout l'espace disponible de plus de 800 hectares étaient des atouts, mais c'est finalement Montlhéry, dans l'Essonne, qui a été retenue et a vu la construction d'un autodrome en 1924, qui existe d'ailleurs toujours, aujourd'hui.

Le parc eurélien, lui, accueillera la première réunion de la Société de courses hippiques de La Ferté-Vidame, le 23 septembre 1928.

Tout n'est pas pour autant fini pour la commune eurélienne. André Citroën souhaitait, en effet, fonder « un centre dédié à l'automobile pour parfaire ses modèles », explique Vincent Lalouelle, responsable du centre depuis juillet 2016. L'industriel français, décédé en 1935, ne verra pas l'acquisition du domaine, le 18 novembre 1938, par la Société anonyme des automobiles Citroën, pour 5 millions de francs de l'époque.

A noter que c'est en fait Michelin, principal créancier de Citroën et repreneur de la marque en 1934, qui devient propriétaire du site voisin aux ruines du château de La Ferté-Vidame. Les chiffres sont impressionnants : en plus d'un petit pavillon de chasse et d'une ferme, la superficie du domaine est de 812 hectares, dont 500 de forêts, 14 hectares d'étangs et 12 km de murs d'enceinte.*

32 km de circuits

Pour que le lieu remplisse son rôle de mise au point des véhicules, petit à petit, des circuits y sont aménagés « de manière à pouvoir tester différentes conditions de circulation », ajoute Vincent Lalouelle. Surfaces plus ou moins lisses, terre, pavés, virages, route goudronnée comme une nationale ou bosselée comme une départementale... Le plus de conditions possible sont reproduites sur place pour tester les comportements des véhicules. Il y a même un circuit de ville avec ronds-points, trottoirs et feux tricolores.

En tout, 32 km de pistes vouées aux essais ont été construits, sans compter les voies annexes qui servent à relier les différents espaces.

A partir des années 60, le site s'est enrichi d'une soufflerie pour les études aérodynamiques, d'un hangar de stockage, de nouveaux ateliers et divers bâtiments... Des infrastructures ont également été créées pour tester l'étanchéité des véhicules ou encore leur résistance aux températures extrêmes. « Nous faisons souffrir les voitures », sourit le responsable du site.

En 2004, le pavillon de chasse, baptisé La Faisanderie, a été rénové pour y accueillir des équipes du centre PSA de Vélizy-Villacoublay, à des fins spécifiques.

L'activité s'est ralentie durant la Seconde Guerre mondiale. La marque entreposa d'ailleurs trois prototypes de ce qui deviendra la 2 CV dans un grenier de la ferme.Pendant le conflit, le domaine servait également de « grenier » grâce aux 150 hectares de la ferme de la Richardière. En 1943, un recensement faisait état de 602 quintaux de blé, 340 quintaux d'avoine, 243 tonnes de pommes de terre, 40 tonnes de betteraves, 39 tonnes de choux, 11 tonnes de haricots.

Jean Nicolas a un peu connu cette période. Né à Paris, ce dernier avait de la famille entre le pays de La Ferté-Vidame et l'Orne. Il a d'ailleurs passé sa scolarité à Bonnefoi, non loin de Moulins-la-Marche, pendant la guerre.

Ce n'est pourtant que, quelques années plus tard, après avoir été embauché chez Citroën en 1951, que Jean Nicolas passera les portes du site de La Ferté-Vidame. Il travaillait alors au Bureau d'études automobile (BEA) de Citroën, service ultra-confidentiel chargé de trouver les technologies qu'utiliseront les véhicules de demain, ce qui l'a amené plusieurs fois dans l'Eure-et-Loir. « Il y avait la soufflerie, je faisais des essais sur les maquettes », se rappelle-t-il. Ainsi, les modèles dérivés de la Citroën SM que Jean Nicolas a contribué à élaborer, ont été testés à La Ferté-Vidame.

L'octogénaire se rappelle :

« Avant de réaliser les essais des véhicules, le responsable du site définissait le sens de la circulation en fonction du climat et de la direction du vent. Les photos étaient interdites. Quand les prototypes tournaient sur le circuit, il surveillait avec des jumelles, les plaques d'immatriculation des avions qui survolaient l'endroit, pour éviter d'éventuelles fuites de photos ».

L'endroit a gardé ce côté secret. « Il y a plusieurs niveaux de confidentialité, des journalistes viennent souvent faire des reportages mais les contrôles sont stricts », complète Vincent Lalouelle.

S'il n'est pas le plus important site Citroën, le centre de La Ferté-Vidame est l'un des plus historiques, l'un des plus anciens. C'est en partie pour cela qu'il a été choisi pour accueillir le centenaire de la marque.

En chiffres :
 En 2018, le centre technique de La Ferté-Vidame, c'est :
 – 6 millions de km parcourus par les véhicules, dont 1 million sur les routes publiques.
 – 6 200 mouvements de véhicules en réception.
 – Plusieurs centaines de milliers d'euros d'investissements.
 – Plus d'une centaine d'événements et cérémonies.
 En termes d'effectifs, en comptant le personnel résidant et les collaborateurs extérieurs, on dénombre 200 à 250 personnes sur le site. L'activité y est dense, « le centre est ouvert tous les jours, sauf le dimanche. Des camions viennent de l'Europe entière ».



03/05/2019
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