Un inoubliable moment musical.
SAGELAT
Certes, il y a 599 Km entre Sagelat et St Pierre-du-Rouvray ; mais, ce 26 juillet, les abords des édifices cultuels stéphanais et sagelacois ont connu une certaine rupture au regard du calme de leurs entrées. Dans la cité normande, ses tout nouveaux élus Joachïm Moïse, maire, et Hubert Wulfranc, député, tous deux élus du PC, et Dominique Lebrun, l'archevêque de Rouen, recevaient le président de la République et son premier ministre, pour honorer, dans le recueillement œcuménique le plus ouvert, la mémoire de Jacques Hamel lâchement égorgé, il y a un an, de la manière la plus ignoble qu'il soit. Les Stéphanais ont inauguré, sur le parvis de leur église, un mémorial scellant la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen. Les mélomanes, dans la toute petite église sagelacoise, eux, à leur manière, militaient pour les Droits de l'Homme et, plus particulièrement encore, pour les droits des enfants d'Haïti que les "fantaisies" de la croûte terrestre n'ont pas épargnés.
Cette soirée a été conçue par Claudine Le Barbier et son époux Hervé. Claudine a, bien entendu, remercié ses partenaires, notamment Entrée des Artistes et les Amis de l'Orgue. Claudine intervint par deux fois. Elle présenta la soirée et, à l'entracte, expliqua les raisons qui peuvent et doivent nous inviter à penser à ces enfants haïtiens qu'elle a rencontrés et qui, manifestement, ne mangent pas à leur faim.
Le chantier est immense. Claudine, depuis qu'elle a abandonné sa carrière d'élue, s'est investie dans cette voie. Il convient de saluer ce nouveau parcours pour son côté humaniste, certes, mais aussi pour la prise de conscience qu'il peut engendrer.
Quand on pénètre, respectueusement, dans un lieu spirituel comme cette vénérable église, il vaut bien mieux être guidé par une adepte de ce patrimoine multi-séculaire. Noëlle Choublier-Grimbert, en un petit quart d'heure, a survolé le temps qui, depuis l'orée du XIIIème siècle, s'est un peu figé là, tout près de ce décor, jadis abbatial de Fongauffier. Limitée par le temps, Noëlle est passée, très rapidement, sur l'épisode de Waiffer et s'est plus longuement attardée sur les ministères de François Channat, prêtre atypique qui pratiquait une "médecine parallèle", et de François Merchadou, autre prêtre, aussi très atypique, qui mêla les affaires du Ciel et celles du ciel. Il laisse le souvenir audacieux de ces prêtres qui ont assisté et aidé la Résistance. Noëlle s'est efforcée en quelque minutes, de présenter l'oeuvre architecturale que les mélomanes découvraient ou redécouvraient.
Les quatre mains, c'est bien. Il faut, aussi, adjoindre une personne compétente pour tourner les pages des partitions. Andrée Westeel-Bellynck, le chef de choeur de l'Ensemble vocal de Belvès, a pourvu cette mission qui est loin d'être aussi facile que certains l'imaginent.
Il fallait, aussi, un technicien, pour la prise de vues de cette soirée.
Pour clore cette soirée lyrique, les artistes ont ajouté un avenant à leur programme avec la Cantate 147 de Bach. Piere Calka a préféré ne pas la nommer, en présumant que ce merveilleux morceau est universellement connu, a fortiori, chez les mélomanes. "Jesus bleibet meine freude" est devenu un morceau musical qui accompagne bien des cérémonies. Le génie de son créateur a inspiré bien au-delà de sa sensibilité originelle. Giono l'emprunta avec "Que ma joie demeure" pour nous plonger dans une saine ruralité progressiste... quelque part en Haute-Provence.
Nathalie et Pierre Calka ont fait vibrer l'auditoire avec des morceaux de Ttchaïkovski, Milhaud, de Falla et Schubert.
L'auditoire fasciné.
Le premier magistrat local et son épouse.
Le "premier échevin", également accompagné de son épouse.
Au premier rang la cheville ouvrière de cette soirée lyrique.
Noëlle a bien préparé son intervention. Bon sang que vais-je pouvoir leur dire sans déborder du temps qui m'est imparti!
Ces jeunes filles, au pied de la corde de la cloche, ont été les parfaites hôtesses de cette soirée.
Là, au premier rang, il me semble reconnaître un ancien élève sagelacois, premier du canton au C.E.P.E, qui, en 1952, récitait à merveille Les plaideurs de Racine "Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôtre, Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre." Neuf ans plus tard il incarnait, sur les planches, Perdican dans "On ne badine pas avec l'amour" de Musset.
S'adressant à sa cousine Camille, celle qui lui était promise,
Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Perdican personnage orgueilleux, fier et charmeur s'amuse avec l'amour et il fait souffrir la belle, naïve et tendre Rosette. La fin dramatique de la pièce sonne avec la rupture douloureuse quand Camille lui lance "Elle est morte. Adieu Perdican".
Les applaudissements, il y a 56 ans furent plus que nourris.
Les applaudissements tout aussi chaleureux de l'assistance, ce 26 juillet.
D'autres applaudissements.
Non Marie-Clôtilde ne dort pas...
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