Tous nos lieudits ont une histoire.
SAGELAT
Lestang un lieudit évocateur.
Jean-Claude Dubos, le fort sympathique gardien de ce temple champêtre, trouve là, l'espace qui lui permet de coller à cette nature qu'il adore.
Ce chapiteau de la fontaine rappelle que, sous la Seconde-Restauration, ceux qui avaient donné de l'allant au décor de Lestang, voulaient laisser une trace.
Quand j'étais en culottes courtes, je n'avais jamais mis les pieds à Lestang, cependant cet écart sagelacois m'intriguait. J'imaginais là, une fascinante zone humide.
Attention aux faux-amis, ces derniers s'invitent dans notre occitan. Lestang, dont on pressent un lien évident avec un étang, est un de ceux-là. En occitan, l'étang est un bief. Dans le langage courant, on disait, sans nullement penser à nos fourvoiements, l'étang du moulin, tout comme on disait des lacs pour désigner les modestes mares, de quelques centiares, de nos fermes. Les puristes de notre langue, dont les héritiers des Hussards noirs de la République, qui combattaient ces altérations, disaient que nous patoisions.
Une mare est une étendue d'eau (pérenne ou non, naturelle ou non), de faible surface et profondeur. Il n'y a pas de critère précis pour différencier une grande mare d'un petit étang, si ce n'est que les mares n'ont généralement pas d'exutoires, alors que les étangs sont souvent alimentés par une source ou un ruisseau et ont un exutoire. L'étang est souvent artificiel et barré par une "chaussée", un seuil ou un "bief". Par ces portes de sortie, les exploitants de ces étangs peuvent éventuellement les vider. Ces opérations sont anciennes, courantes et répétitives comme dans le plateau d'origine morainique de la Dombes.
Dans l'imaginaire enfantin, il y avait, peut-être, une belle retenue d'eau qui justifiait ce toponyme de Lestang.
Adolescent, quand j'ai découvert, le 1er avril 1961, [repère gravé dans ma matrice mnémotechnique] ce lieudit de Lestang. J'ai bien vu que, bien entendu, il n'y avait pas de bief dans cet escarpement et qu'il n'y avait pas davantage d'étang, pris au sens propre. Il fallait donc trouver une autre logique d'onomastique. Cette modeste exploitation qui était, au cours de l'autre siècle, une métairie ou une propriété exploitée par des fermiers, a une richesse naturelle que bien d'autres enviaient. Là, à 138 mètres d'altitude, sourdent les sources latérales du bien modeste Branchat*, ru de 2 kilomètres qui, aujourd'hui, hélas, a perdu la pérennité qui vivifiait l'écosystème de son creuset, il y a environ un siècle. Nos aïeux, avant de partir pour le front, pêchaient, là, l'écrevisse autochtone.
Le Branchat connaît des intermittences de plus en plus longues. Il arrive même que, certaines années, il n'ait aucune réapparition. Au milieu de son parcours, la superbe source de La Croix qui, sur sa rive gauche, se déverse dans son lit ; elle, aussi, présente des signaux d'épuisement. Elle a du mal à ne point tarir et sa belle vasque, présentement, est à sec.
Le Branchat*. Grâce à Philippe Depoix, le géomètre du cadastre, l'hydronyme du Branchat a été corrigé sur les documents. Antérieurement à cette correction, figurait, à tort, celui de la Nauze.
La vénérable modeste pièce d'eau de quelques centiares qui, vraisemblablement, est à l'origine du microtoponyme.
L'écoulement qui file vers le Branchat. L'ombre humaine donne la dimension de l'écoulement.
Photos, du 16/2/2013, Pierre Fabre.
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