Terres de Nauze

Marcelle; une vie bien remplie !

 

 

SAGELAT

 

 

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Quand Marie donna la vie à Marcelle, le 2 janvier 1928, ses parents Marie et Marcel n'ont point cherché un féminin de Sébastien, qui peut être Bastienne, au personnage du jour qui est marqué par deux dictons "À la Saint-Sébastien, l'hiver reprend ou se casse les dents" ou " S'il gèle pour la Saint Sébastien, la mauvaise herbe ne revient". Les parents ont donc choisi la continuité. Après Marceline, la grand-mère paternelle, et Marcel, le papa, c'est donc tout naturellement Marcelle qui s'imposa.

Ce jour là, dans le calendrier républicain, est Duodi de Pluviôse de l'année 136 et c'est la fête de la mousse. On notera que le prénom Mousse, certes, existe, mais il est plus que rarissime. Selon toute vraisemblance, il n'a nullement été envisagé pour Marcelle.

 

Marcelle est sagelacoise par sa naissance ; et, après un parcours riche en pérégrinations, elle est revenue à sa demeure familiale, en terre fongauffiéraine. On pourrait volontiers dire, en imageant, à son "cantou". Là, les soirs d'hiver, dans ces sanctuaires des familles, il se racontait les bonnes histoires du bon vieux temps, les histoires de familles quand les aïeux filaient gagner leur croûte, de fermes en fermes. Ils étaient journaliers, métayers, fermiers, bordiers et, par leur dur labeur, acquerraient, à la sueur de leur front, quelques lopins de terre épars où ils faisaient pousser les pommes de terre ; et, comme le chantait Jean Ferrat dans "La montagne", avec "Une année bonne et l'autre non et sans vacances et sans sorties…".

Marcelle, après sa scolarité, devint une des dernières ouvrières du travail des filatures et, tout près de la ferme où vivait la famille, elle travailla dans la filature lavergnoise. Dans cette micro-entreprise, existait un climat ouvrier exemplaire qui pourrait se définir comme une forme d'hétérarchie, néologisme réintroduit par Waren McCulloch, en 1945, mais dont le concept remonterait à la sagesse antique. L'hétérarchie est un système d'organisation qui se distingue de la hiérarchie parce qu'il favorise l'interrelation et la coopération entre les membres plutôt qu'une structure ascendante.

 

La guerre, une fois encore, apporte son cortège de drames, de privations, de turbulences et, aussi, recompose les populations en imposant des migrations et nouant des idylles. Marcelle, entre les deux guerres, n'avait probablement comme image de l'Alsace que celle d'une très belle et lointaine province, reformatant l'Hexagone par le traité de Versailles, dont les belles paysannes illustraient nos calendriers avec leurs parfaites coiffes et leur beaux chemisiers. Les Alsaciens, fuyant les brutalités immondes du Reich, viennent en nombre en Périgord, y apportent leur savoir faire, leurs règles plus rigoureuses et leur amitié. C'est ce glissement transversal de provinciaux, qui ont lu les belles pages de l'oeuvre romanesque du binôme d' Émile Erckmann  / Alexandre Chatrian  et d'Eugène Le Roy, qui favorisa des idylles.

 

Un tailleur, métier bousculé par la modernité, hélas en voie de disparition, dont les derniers travaillent pour l'élite, Lucien Bossenmeyer, prit non seulement le chemin de l'exil mais, dans cet itinéraire douloureux, il opta, aussi, et c'est tout à fait en son honneur, pour celui de la Résistance.

Après la Libération, en 1948, Fernand Garrouty, le jeune maire sagelacois, ceint de sa récente écharpe tricolore, par retenue il n'osait guère la porter que pour ces occasions-là, scella l'union de Marcelle et de Lucien.

La vie du couple fut une succession d'étapes, pour l'amener là où le travail se présentait. Après Sagelat, c'est à Paris, rue des Archives, tout près de la place de la République, que le couple sertit son foyer. Un petit retour en terre occitane ramena, ensuite, les Bossenmeyer sur les berges villeneuvoises du Lot. Les pérégrinations se poursuivent avec un retour francilien vers le nord de la capitale, dans le populaire quartier dionysien de la rue du chaudron, à deux pas de l'actuel Stade de France. On notera que les édiles de cette vieille ville de St Denis ont toujours su donner des noms sympathiques à leurs rues. Dans le prolongement de la rue du Chaudron, on trouve le nom de Jean Zay ; autour, on remarque de grands noms, Saint-Just, Proudhon, George Sand, Wilson ; mais, l'âme sensible de l'historicité champêtre dionysienne est conservée avec la rue des blés, des maraîchers et pointe un brin de poésie, avec la rue des fillettes. Un autre glissement amène les Bossenmeyer auprès de la Mairie des Lilas, belle fleur printanière immortalisée par Brassens et René Clair. Marcelle repart, à très petits pas vers le sud, en s'arrêtant à Villeneuve-le-Roi. L'air du pays la ramène tout d'abord sur le belvédère monplaisanais de Cassagne. De là, elle domine Fongauffier, qu'elle ne peut voir, alors une ultime étape la rétablit dans son gîte familial.

 

 

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Marcelle, une adorable mamie entourée de cinq petits-enfants et de  trois arrière-petits-enfants. 

 

Ce 20 janvier, le cercle familial de Marcelle se resserra pour lui fêter son anniversaire. Une bonne douzaine d'amis y était associée. Parmi eux on pouvait reconnaitre des condisciples qui ont connu Angélina Calès-Issandou, l'institutrice qui leur apprit à lire, écrire et calculer.

De grands moments d'émotions ont parcouru la salle des fêtes sagelacoise. Ses petites-filles, pour saluer tout le monde, se sont livrées à une belle image métaphorique. "Il y a beaucoup de fleurs, aujourd'hui, mais la plus belle c'est notre mamie". 

 

 

 

 

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Photo Pierre Fabre.



21/01/2018
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