La source de La Croix
SAGELAT
L'hiver touche à sa fin. Dans notre région, il n'a pas été très rigoureux ni excessivement pluvieux. L'automne de l'an dernier a été plutôt sec. On a donc eu du mal à voir renaître nos intermittents de la nature. Il aura fallu attendre les premiers jours de février pour voir le Valech couler à nouveau, après 7 mois d'interruption. Le tarissement de l'année 2004/2005 fut plus long encore puisqu'il a fallu attendre la fonte de la mince pellicule neigeuse de mars pour voir le Valech repartir.
Bruno, qui tient à sauvegarder sa source fontaine de La Croix, a vu celle-ci s'éclipser à la fin de l'été dernier. Cette source, à sa souvenance, était permanente et ne faisait jamais l'impasse d'un été. Elle se déverse dans le Branchat, jadis pérenne. Ce dernier devient de plus en plus intermittent et ses éphémères écoulements s'espacent de plus en plus. Bruno a entretenu avec amour, cette source privative de la Croix qui, depuis plus d'un siècle, s'inscrit dans ce patrimoine familial qui, depuis 1902, lui revient de ses bisaïeuls. Il veut signer ce décor champêtre d'une note originale avec de petits mégalithes jalonnant ce lieu presque mystique de la source de La Croix.
Puisse-t-elle continuer à émerveiller cette combe du Branchat !
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Reportage Bruno Marty
Depuis deux ans, je me suis attaché à défricher et entretenir les environs de notre source sise sur la propriété familiale à la Croix. Au fil des ans, les ronces et la végétation avaient fortement repris le dessus. Un travail de persévérance et de patience quant à la finalité visuelle du résultat.
Cliquez sur les images
Vue de la source située au fond d’une petite combe à l’orée d’un champ de labour.
Une construction en ciment la recouvre partiellement et la protège des intempéries ainsi que de la chute de branches et de feuilles.
Devant elle, on découvre la vasque qui réceptionne l’écoulement des eaux provenant du trop plein. Sur le bord de celle-ci, se trouve l’ancienne "pierre à laver" dont se servait mon arrière-grand-mère Mémé Pauline.
En haut, j’ai placé un mégalithe sur une ancienne et imposante souche d’arbre, pour obtenir un graphisme esthétique donnant à cet endroit pastoral et bucolique, une touche un peu mystique.
Photo © Bruno Marty
Autre vue en profondeur de la source où l’on découvre l’étendue et la surface de la vasque. Sa profondeur varie selon la saison et la pluviosité et aussi quand la source qui l’approvisionne, tarit de façon aléatoire dans les périodes sèches. Quand elle se trouve en eau, la profondeur est de 30 à 40 cm. J’y ai déjà vu des petits poissons genre vairon et goujon.
Le mégalithe, exposé plein sud, reçoit toute la journée, la lumière du soleil. La couleur mordorée de la pierre ressort de fort belle manière surtout quand on l’observe de loin.
Photo © Bruno Marty
Photo de gauche :
La source existe depuis des lustres ; une toiture en ciment a été bâtie pour la protéger de la lumière et des intempéries. Cette réalisation date de 1950, comme l’indique l’inscription gravée sur la pierre.
Photo de droite :
Vue de l’intérieur et du fond de la source. J’ai mesuré sa profondeur qui est au maximum de 1,70m. L’eau est d’une clarté parfaite avec, pour preuve, cette prise de vue du fond de celle-ci et des quelques brindilles qui y reposent.
Jusqu’à ce qu’un raccordement au réseau de distribution d’eau AEP (adduction d’eau potable) soit effectué au siècle dernier, au milieu des années soixante (1965), mes aïeux et les gens du voisinage venaient se ravitailler en eau dans cette source.
Je me souviens même que dans ma prime jeunesse, quand nous passions les vacances à la Croix, nous descendions avec mes parents, chercher de l’eau avec deux seaux et le carré en bois pour équilibrer et stabiliser la charge à la remontée. Une sacrée corvée ! Mais, avec mon frère cadet, cela nous plaisait beaucoup car, à l’époque, il y avait une salamandre de couleur noire tachée de jaune qui reposait de temps en temps sur le fond ; et, chaque fois que l’on se rendait à la source, on espérait toujours la découvrir et l’observer. À cette époque, il se disait que si une salamandre avait élu domicile près de la source, c’était une garantie de sa pureté.
Une anecdote me revient à l’esprit et que l’on m’a racontée. Mon arrière-grand-père, le Pépé Baudet, avait une demi-douzaine de moutons à la ferme.
Un jour, l’un d’eux est tombé malencontreusement dans la source. Il a fallu aller chercher du renfort et des cordes pour le tirer de là.
Photos © Bruno Marty
Photo de gauche :
Autre anecdote concernant la pierre à laver que l’on voit au premier plan de l’image.
Mon arrière-grand-mère maternelle, Mémé Pauline, faisait bouillir les draps et le linge dans une grande lessiveuse placée dans l’âtre de la cheminée. Ensuite, accompagnée de son mari, ils descendaient tous les deux à la source, lui, poussant une brouette pleine des draps mouillés. Et c’est elle qui tapait le linge sur la fameuse pierre et terminait son labeur par un essorage manuel. Puis, ils remontaient pour étendre les draps sur une corde à linge située près de la maison. Un séchage en plein air qui donnait aux draps, une délicieuse odeur champêtre.
Photo de droite :
Gros plan sur le mégalithe posé sur la souche d’un peuplier. La couleur naturelle et sa forme me plaisent beaucoup, surtout quand le soleil est de sortie. En fin de journée ensoleillée, j’aime beaucoup l’observer de loin. Cela renforce sa teinte mordorée cuivrée. Cet effet naturel est des plus romantiques.
Photos © Bruno Marty
Vue printanière de la source à l’orée d’un champ de blé.
Ici, on découvre distinctement la vasque et son petit canal d’écoulement des eaux, d’une longueur d’environ une dizaine de mètres. Il se termine dans le Branchat, un petit ruisseau qui coule en parallèle de celui-ci.
Photo © Bruno Marty
Vue de la confluence entre le petit canal d’écoulement de la vasque (sur la gauche) et le ruisseau du Branchat (sur la droite) qui s’en va tranquillement filer son chemin pour se jeter dans la Nauze, huit cents mètres plus loin, juste un peu en aval du pont du Cra.
Photo © Bruno Marty
Photo de gauche :
Vue en perspective sur l’emplacement actuel de la source depuis le chemin rural.
Photo de droite :
Prise de vue réalisée en 1968 à la source.
Avec mon frère cadet Olivier (à gauche de l’image), nous sommes entre les deux arbres devant la vasque. Descendre à la source, était pour nous qui étions deux jeunes citadins parisiens, une véritable opportunité d’aller à l’encontre d’un nouveau monde plein de fabuleuses découvertes.
Photos © Bruno et Guy Marty
Photo prise en 1968.
Vue en panoramique où l’on découvre dans le même plan, l’oppidum de Belvès, les champs de la propriété ainsi que l’emplacement de la source près des peupliers au centre de l’image.
J’ai tenté de prendre une photo comparative actuelle mais cela s’est révélé impossible, visuellement parlant, tant les arbres et la végétation ont fortement évolué en cinquante ans.
Ici, je suis toujours avec mon frère en quête d’aventure du côté de la Bouygue en montant vers le Mauvelat.
Photo © Guy Marty
Photo de gauche :
Mon arrière-grand-père, Pépé Baudet (Adrien) devant la Croix à Sagelat en 1955.
Une propriété avec plusieurs bâtisses de dix hectares dont il s’était rendu acquéreur en 1902. C’est dans cette demeure que sont nés ma grand-mère et mon père.
Photo de droite :
Mon arrière-grand-mère, Mémé Pauline, vue ici à la Peyrière sur la route de Monpazier.
Photos © DR
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